La transition tire-t-elle vers sa fin en Guinée? Probablement, si un événement majeur ne vient pas contrarier le plan que déroule le général Mamadi Doumbouya qui vient de dévoiler «son» projet de constitution.
Rendue nuitamment publique, car dévoilée par le Conseil national de transition (CNT) dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 août, l’ébauche de la Loi fondamentale, à son étape aboutie, devrait constituer une étape importante vers la fin de la transition. S’il a été longtemps reproché à la junte au pouvoir en Guinée, de mener une transition opaque et élastique à souhait, il faut lui reconnaître, cette nouvelle volonté de ramener le pays sur la voie constitutionnelle, surtout que l’exercice est encore difficile pour bien des Etats africains. Les coups d’Etat militaires et les tripatouillages de constitution par des dirigeants pour s’offrir des mandats à vie, sont toujours réalité sous les tropiques. Du reste, le putsch militaire de Mamadi Doumbouya, le 5 septembre 2021, répond au coup d’Etat constitutionnel d’Alpha Condé, l’opposant historique qui voulait rester président à vie.
Toutefois, le projet de constitution sorti droit des ateliers du CNT, est bel et bien aux mesures strictes du général Doumbouya. En effet, la nouvelle Loi fondamentale qui est censée être votée avant la fin de l’année, doit annoncer des élections pour un retour de la Guinée à l’Etat de droit. Si elle limite les mandats présidentiels à deux, chacun de cinq ans, la constitution du CNT, encore projet certes, n’empêche pas l’actuel homme fort de Conakry de viser le fauteuil présidentiel. Même si la charte de la transition, elle, est formelle sur ce point, interdisant à Mamadi Doumbouya de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Bien entendu, les thuriféraires du pouvoir de la transition avaient déjà balisé le terrain, en arguant que tout citoyen guinéen peut être candidat, s’il répond aux critères d’éligibilité. Et Mamadi Doumbouya est citoyen guinéen, donc pourra devenir, par les urnes, le locataire du palais présidentiel, pour dix ans, et plus si affinités. Il lui suffira de troquer le treillis par un de ses boubous en bazin blanc qui lui vont, d’ailleurs, si bien.
En attendant, les Guinéens, dans l’ensemble, continuent de se préoccuper du sort des cadres du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), Oumar Sylla dit «Foniké Menguè» et Billo Bah, arrêtés, il y a de cela un mois, soit le 9 juillet dernier, et portés disparus depuis lors. Leurs familles et leurs avocats disent ignorer où se trouvent les deux hommes. Comme à l’accoutumée, la nature ayant horreur du vide, les rumeurs les plus inquiétantes circulent, d’ailleurs, à propos de ces membres influents du FNDC. Mais, cela ne semble nullement perturber le sommeil du général Mamadi Doumbouya qui reste sourd à tous les appels à la libération de «Foniké Menguè» et de son compagnon d’infortune, Billo Bah. Même la journée ville morte initiée par le FNDC ce lundi, n’a pratiquement pas été suivie. Les Guinéens, peut-être paralysés par la peur, où subitement devenus indifférents au sort des deux portés disparus, ont vaqué à leurs occupations quotidiennes.
Cependant, Mamadi Doumbouya, ne doit pas perdre de vue qu’en tant que détenteur du pouvoir, il est responsable de ces genres de bavures qu’aucune constitution, certainement pas celle qui est en projet, ne tolère.
Par Wakat Séra
