Umaro Sissoco Embalo, ex-Premier ministre du président sortant, José Mario Vaz (novembre 2016-janvier 2018), a été élu président de la Guinée Bissau avec 53,55% des suffrages exprimés contre 46,45% pour son concurrent Domingos Simoes Pereira, selon les résultats de la commission électorale bissau-guinéenne. Le nouveau président bissau-guinéen, sorti des rangs du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), et âgé de 47 ans, était le champion du Mouvement pour l’Alternative Démocratique (MADEM), parti qu’il a créé. Le dénouement de cette randonnée électorale n’était pourtant pas des plus simples à imaginer. L’équation était encore plus compliquée, compte tenu d’une autre inconnue, et pas des moindres: les électeurs allaient-ils respecter les consignes de votes des vaincus du premier round? La réponse semble avoir été oui. Même que le taux de participation plus élevé que celui du premier round a fait pencher la balance du côté de Embalo. Domingos Simoes Pereira, l’homme du parti historique, le Parti africain de l’indépendance pour la Guinée et le Cap-Vert (PAIGC), grand vainqueur du premier tour avec 40,13% des suffrages, est au bout du rouleau, le grand perdant de la compétition. Umaro Sissoco Embalo, qui lui, n’avait obtenu que 27,65% des voix, arrache, lui, les clés du palais présidentiel ayant tiré profit du jeu de report de voix qui permis aux militants de Nuno Nabiam et au président sortant, José Mario Vaz, respectivement arrivés en troisième et quatrième positions de miser sur lui.
Une chose est sûre, les urnes du dimanche 29 décembre ont parlé, dans le calme et la sérénité, malgré les cris à la fraude, poussés par Umaro Sissoco Embalo qui avait peur que la victoire lui soit volée, dans une Guinée-Bissau de tous les possibles. Le nouveau président de ce petit pays géographiquement parlant, mais doté d’une histoire politique tumultueuse aura fort à faire pour ramener ses compatriotes à la cohésion nationale, et à la stabilité politique, gage de cette envolée économique que les Bissau-Guinéens attendent depuis des décennies. Umaro Sissoko Embalo, de devenir le nouvel homme fort de ce pays africain qui n’a accédé à l’indépendance qu’en 1973, aura peu ou prou d’état de grâce. Tout un peuple attend beaucoup de lui et espère bien que le président, de la même génération que son homologue français, Emmanuel Macron, remettra, pour de bon, la Guinée-Bissau sur les voies de la démocratie et surtout de la bonne gouvernance. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a jeté toutes ses forces dans la bataille pour éviter le chaos politique au pays de Amilcar Cabral, n’en sera que davantage récompensée pour ses efforts. Certes, les résultats de cette élection, comme ceux de presque tous les scrutins en Afrique sont contestés. Mais à en croire les observateurs internationaux, il n’y a pas eu d’incident sérieux à même d’entacher cette présidentielle de tous les espoirs.
Désormais, le petit pays lusophone de l’Afrique de l’ouest qui a longtemps été abonné aux prises de pouvoir par la violence va-t-il devenir un bon élève d’élections pacifiques? Les Bissau-Guinéens, en tout cas les citoyens lambda en ont sans doute marre de l’instabilité chronique qui collait comme un sceau indélébile à leur pays, qui, malheureusement est également une véritable plaque tournante du trafic de drogue. Une nouvelle page de l’histoire politique guinéenne s’ouvre sans aucun doute, avec la victoire d’un jeune parti âgé seulement de un an et demi sur le PAIGC, parti historique, vieux de 64 ans. En tout cas, Emballo a emballé ses compatriotes!
Par Wakat Séra