«Depuis le 16 avril dernier, huit mineurs sont portés disparus suite à une inondation de la mine souterraine de Perkoa dans la province du Sanguié, région du Centre-Ouest. Dès l’annonce de cet évènement tragique, les opérations de sauvetage ont été lancées en vue de retrouver les mineurs sains et saufs et un comité de gestion de la crise a été rapidement mis en place par le Gouvernement à cet effet. Ce mardi 17 mai, une équipe de sauvetage descendue dans la mine a pu accéder à la chambre de refuge, qu’elle a trouvé vide. L’espoir nourri que les mineurs aient pu rejoindre la chambre de refuge au moment de l’inondation des galeries s’est malheureusement estompé. Le comité de gestion de la crise reste toujours mobilisé et le Gouvernement suit de près la poursuite des opérations sur le terrain. Il réaffirme sa volonté de demeurer aux côtés des familles dans ces moments de souffrance.»
Ainsi donc, la chambre de refuge était vide! Pourtant, c’était le fil, certes ténu, mais assez solide en ces circonstances où tout semble perdu, qui portait l’espoir des familles des huit mineurs, six Burkinabè, un Tanzanien et un Zambien, happés par les entrailles de la terre. Et aussi l’espoir de tout un peuple dont le cœur battait à l’unisson, sur le même tempo que les vibrations des moteurs mis à contribution pour le pompage de ces millions de litres d’eau.
L’évacuation de cette quantité monstrueuse d’eau était censée libérer la chambre de refuge où tous espéraient que les disparus avaient trouvé…refuge. Mais elle était vide, la chambre de refuge! Tous ces efforts et ces 32 jours d’anxiété mêlée de hantise de la mauvaise nouvelle, pour être contraint de se réarmer encore de courage et d’espoir! Pourtant, il le faut, parce que les recherches continuent. Sait-on jamais! S’ils n’ont pas pu atteindre la chambre de refuge à cause de la furie des eaux lors de l’inondation, Bwire Marco, Ndondje Nune Charles Bamba, Aimé Charles Bationo, Jean Noël Bationo, Hervé Bayala, Isaië Bayala, et Thierry Bayala, les huit travailleurs bloqués depuis ce 16 avril dans la mine de Perkoa, sont bien quelque part, peut-être encore en train de lutter pour vivre.
Survivre devrait-on dire, comme cette contrainte existentielle de gagner leur pain quotidien et de quoi nourrir les leurs, qui les a conduits dans les tréfonds de la mine de zinc de Perkoa. Et avec le gouvernement du Burkina qui «suit de près la poursuite des opérations sur le terrain» les millions d’Africains, car les mineurs n’étaient pas que Burkinabè, continuent d’y croire.
Y croire jusqu’au bout! Malgré l’enthousiasme et le moral douchés par ce spectacle désolant et décourageant de la chambre de refuge vide, c’est la conviction des familles des disparus mais aussi de nous tous qui avons presque oublié les morts au quotidien des attaques terroristes pour ne vivre que selon l’alternance des avancées et des lenteurs des recherches pour ramener en surface, les huit disparus de la mine de Perkoa.
Des amertumes, des récriminations et des manquements, il y en a sans doute eus dans la survenue de ce malheur. Mais le temps des règlements de compte viendra certainement. Et chacun saura qui a fait quoi et pourquoi! Pour l’heure, il faut y croire!
Par Wakat Séra