Les Forces armées maliennes ont commis des meurtres extrajudiciaires » et des « actes de torture » lors de leurs opérations contre les groupes armés islamistes dans le centre du Mali, a dénoncé vendredi Human Rights Watch (HRW), qui épingle également l’armée du Burkina et les groupes jihadistes.
« Les opérations militaires menées par les forces armées du Mali et du Burkina Faso afin de contrer la présence croissante de groupes armés islamistes dans le centre du Mali ont occasionné de graves violations des droits humains », a déclaré dans un communiqué l’organisation de défense des
droits de l’homme.
« Depuis la fin de 2016, les forces maliennes se sont livrées à des meurtres extrajudiciaires, à des disparitions forcées, à des actes de torture et à des arrestations arbitraires à l’encontre d’hommes accusés de soutenir les groupes armés islamistes », dénonce HRW.
Ces violations se sont produites entre la fin 2016 et juillet dernier dans la région de Mopti (centre), une zone qui inquiète l’ONU en raison de sa « situation sécuritaire volatile ».
Des exactions ont également eu lieu « dans une moindre mesure » dans la région de Ségou, ville située à 240 km au nord-est de la capitale Bamako.
« La logique perverse consistant à torturer, tuer ou +faire disparaître+ des personnes au nom de la sécurité alimente le cycle croissant de la violence et des abus au Mali », a estimé Corinne Dufka, directrice de recherches sur le Sahel auprès de la division Afrique à Human Rights Watch, citée dans le communiqué.
« Les gouvernements malien et burkinabè devraient contrôler les unités qui commettent des abus et poursuivre en justice les responsables », a-t-elle estimé.
L’ONG a « documenté l’existence de trois fosses communes qui auraient contenu les cadavres d’au moins 14 hommes exécutés après avoir été détenus depuis décembre par des militaires maliens », indique HRW.
Ces militaires ont également « fait subir des brutalités, des brûlures et des menaces à des dizaines d’hommes accusés de soutenir les groupes armés islamistes », ajoute l’organisation, qui fait par ailleurs état de « 27 cas de disparition forcée ».
En juin, des militaires burkinabè ont par ailleurs franchi le frontière et arrêté quelque 70 hommes dans des hameaux maliens, les accusant de soutenir le groupe jihadiste Ansarul Islam du prédicateur burkinabè Malam Dicko. « Les militaires sont soupçonnés d’avoir incendié des biens et soumis ces hommes à des sévices physiques qui ont causé la mort de deux de ces détenus », écrit HRW.
Les groupes armés islamistes ont pendant la même période eux aussi commis de « graves abus » dans le centre du Mali, procédant à des « exécutions sommaires de civils et de militaires de l’armée malienne, à la destruction d’écoles et au recrutement forcé d’enfants soldats », selon l’ONG, qui se base notamment sur des entretiens réalisés avec 48 victimes d’abus et de témoins.
Agence France Presse