A travers cette opinion, Idimama Kotoudi, conseiller du président nigérien Mohamed Bazoum toujours aux mains des militaires qui ont annoncé avoir pris le pouvoir au Niger, affirme qu’«en vérité, rien n’explique ni ne justifie ce qui s’est passé le 26 juillet, si ce n’est l’ambition personnelle et égoïste d’un officier, et la volonté des chefs militaires de mettre le grappin sur les ressources nationales, à la veille d’une période où le pétrole, dit-on, coulera à flots».
«Les auteurs du coup d’État pour convenance personnelle, contre le Président Mohamed Bazoum, ne dérogent pas à la règle: acculés par la menace de sanctions internationales qui ont commencé à se faire sentir (ce lundi déjà, les banques primaires manquaient de cash) et l’imminence d’une intervention militaire de la CEDEAO, ils déploient la stratégie du mensonge. Ainsi, alors qu’ils ont interdit les manifestations, on a vu le week-end dernier des élèves policiers et autres recrues de FDS (Forces de défense et de sécurité, NDLR) grossir les rangs de marcheurs payés pour soutenir bruyamment les putschistes. Dans le même temps, un véritable terrorisme s’abat sur les pauvres agents de la radio et de la télévision nationales qui sont, sur l’ensemble du territoire, contraints de rapporter une fausse mobilisation populaire en faveur des félons. Le tout sur fond d’un prétendu bras de fer entre une communauté internationale colonialiste et un pays qui aspire enfin à recouvrer sa souveraineté.
En vérité, la plupart des Nigériens ne sont pas à ce jour revenus de leur ébahissement devant les événements de ce triste mercredi 26 juillet 2023. Dans une société qui réprouve traditionnellement la félonie et la trahison, ils ne peuvent comprendre que cela vienne de l’intérieur du système. Dans un contexte économique qui donnait le Niger au vert sur bien des indicateurs, ils ne peuvent accepter que brutalement le soutien de la communauté internationale soit compromis. Alors que notre armée montait en puissance grâce à la bienveillance des dirigeants à son égard, ils ne comprennent pas pourquoi elle serait détournée de sa mission par une incursion dans le marigot politique.
En vérité, rien n’explique ni ne justifie ce qui s’est passé le 26 juillet, si ce n’est l’ambition personnelle et égoïste d’un officier, et la volonté des chefs militaires de mettre le grappin sur les ressources nationales, à la veille d’une période où le pétrole, dit-on, coulera à flots.
C’est une lourde responsabilité devant l’histoire qu’ont pris les putschistes du 26 juillet: en nous ramenant en arrière au plan de la démocratie et de l’État de droit, en fragilisant notre économie et notre sécurité, en restreignant les libertés individuelles et collectives, en séquestrant des dirigeants démocratiquement élus, en suspendant une Constitution et des Institutions subséquentes qui ont fait la preuve de leur tangibilité, en nous mettant au ban de la communauté mondiale, et en exposant la population à des pénuries de toutes sortes, la junte militaire enfermée dans le Palais de Niamey est en train de se construire sa propre prison.»
Idimama Koutoudi