Plus qu’une seule charge maintient Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré dans les liens de la prison : la trahison.
En effet, toutes les autres charges relatives à son inculpation dans le coup d’Etat de septembre 2015 ont été abandonnées par le juge d’instruction militaire. Au lendemain dudit coup d’Etat, M. Bassolé a été poursuivi pour « attentat contre la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs, fourniture de moyens financiers, meurtre, dégradation volontaire de biens, coups et blessures volontaires, trahison », et détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca).
Une incarcération qui a été effectuée sur la base de présumées écoutes téléphoniques qu’il aurait eues au moment des faits avec l’actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, mais dont l’authenticité fait l’objet de controverse, de remise en cause.
Du reste, le mois dernier, le groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’homme des nations unies a qualifié la détention de M. Bassolé, « d’arbitraire » et demandé au gouvernement burkinabè de le « libérer immédiatement».
Privé de liberté provisoire par deux fois, Djibrill Bassolé a été victime, à deux reprises, d’un malaise cardiaque en l’espace d’un mois. Des organisations de la société civile avaient dénoncé des « manœuvres judiciaires visant à l’empêcher d’avoir dessoins adéquats ».
Contacté par Jeune Afrique, un des avocats de Bassolé, qui a requis l’anonymat, se dit soulagé. « Il est évident que depuis le départ, Bassolé n’avait rien à voir avec le coup de force du régiment de sécurité présidentielle. Quand on regarde le dossier, le seul élément consistant pour l’accusation porte sur les écoutes téléphoniques. Malgré le fait que leur authenticité soit remise en cause et que l’on se sache pas d’où elles viennent, l’accusation à tenu mordicus à les avoir dans le dossier. Du coup, la seule charge solide sur laquelle l’accusation allait s’appuyer est bel et bien la trahison », déclare l’avocat.
« Guillaume Soro ne sera pas présent au procès »
Selon lui, le juge d’instruction fonde l’accusation sur la supposée conversation téléphonique entre Djibrill Bassolé et Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Or dit-il, une contre expertise réalisée par les conseils du général, qui n’a jamais été acceptée par le juge, révèle « qu’il ne s’agit pas d’une conversation téléphonique mais d’un montage ».
Si la chambre de contrôle est rigoureuse en droit, les supposées écoutes téléphoniques doivent être écartées du dossier », plaide l’avocat
Et de s’interroger : « Comment l’accusation va-t-elle continuer avec la charge de trahison alors que Guillaume Soro ne sera pas présent au procès ? Si la chambre de contrôle est rigoureuse en droit, les supposées écoutes téléphoniques doivent être écartées du dossier », plaide l’avocat.
Non-lieu pour deux proches de Bassolé
Fin juillet, le groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations-Unies s’était prononcé en faveur d’une libération immédiate du général Bassolé. Jugeant » arbitraire » l’arrestation et la détention de Bassolé, le groupe avait également préconisé qu’il soit traduit devant un tribunal civil.
Toujours dans le dossier putsch raté, deux proches de l’ancien ministre des Affaires étrangères, à savoir son frère Nicodeme Bassolé et son ex-directeur du protocole, Halidou Sawadogo, qui étaient sous le coup de poursuites judiciaires, viennent de bénéficier d’un non-lieu.
Par Jeune Afrique et Fratmat.info