Les larmes de commerçants inconsolables qui, à défaut d’éteindre le feu qui a dévoré leurs marchandises réduites en cendre, a mis en évidence la détresse de ces hommes et femmes qui ont tout perdu dans cet incendie qui a ravagé le marché de Sankar-yaaré. En termes de densité, Sankar-yaaré compte parmi les grands marchés du Burkina et ce malheur, fruit une fois de plus de la bêtise humaine, ne peut que constituer un drame national, au même titre que le feu qui a consumé une partie du marché central de Ouagadougou, Rood-Woko, le 27 mai 2003. Un spectacle dont aurait pu se passer le Pays des Hommes intègres où la 16e édition du Salon international d’artisanat de Ouagadougou (SIAO) vient d’ouvrir ses portes à des artisans et commerçants qui espèrent tous y faire de bonnes affaires.
Au Burkina Faso, d’autres marchés ont également subi le même sort que Sankar-yaaré et, c’est, presque toujours les mêmes causes qui ont produit les mêmes effets. En effet, c’est l’imprudence des locataires de ces lieux où se côtoient au quotidien, commerçants et acheteurs qui est constamment pointé du doigt. Comme à Sankar-yaaré, ce dimanche d’harmattan où le vent sec qui charrie poussière et germes de toutes sortes de maladies, attise aussi, avec une facilité déconcertante la plus petite des étincelles. A fortiori, un feu provoqué, selon les premières constatations qui sont encore à étayer par des investigations poussées, par des explosions de dynamites destinées à être écoulées auprès des orpailleurs.
Comment ces produits dangereux peuvent-ils se retrouver dans un marché qui, en plus d’accueillir acheteurs et vendeurs, est installé en plein milieu d’habitations et connaît une circulation des plus denses? Souvent, dans ou autour du même marché, des véhicules grand gabarit, en plein chargement ou déchargement contraignent les usagers de la circulation à se démener comme de beaux diables dans des embouteillages démentiels. Et tout se passe, comme à Rood-Woko où les occupants s’installaient partout et même dans les allées et sur les bouches d’incendie! L’anarchie était la chose la mieux partagée à Sankar-yaaré. Bien entendu, au vu et au su, pour ne pas dire avec la complicité passive et souvent active, des autorités.
La consigne non écrite et pourtant claire est de ne pas vexer un électorat potentiel important. Dans le même temps, les forces de l’ordre et les agents de la mairie évitent d’importuner ces commerçants qui, en colère, ont l’art de chauffer la rue et donc, de donner des nuits blanches à ceux qui nous gouvernent. C’est donc en toute impunité que tout se passe dans cet univers hors-la-loi où tout est permis. Jusqu’à ce que l’irréparable se produise et conduise, comme ce dimanche noir, les autorités à se rendre, la mine déconfite, auprès des sinistrés, pour «leur apporter la compassion du gouvernement» et leur promettre le soutien qu’exigent ces cas malheureux.
Pourtant, le Burkina Faso confronté aux attaques terroristes fréquentes et au casse-tête des millions de Personnes déplacées internes (PDI), n’a plus de la place pour pleurer des incendies de marchés provoqués par des hommes comme dénués de tout bon sens à la recherche de gain. Il est temps de nettoyer les marchés et «yaars» et même ces quartiers populaires et très peuplés, où sont stockés des produits hautement inflammables et…explosifs! Sinon, après, comme à Sankar-yaaré, où, fort heureusement aucune perte en vie humaine n’est déplorée pour l’instant, plus tard sera trop tard!
Par Wakat Séra