Une rencontre des chefs d’Etat et de Gouvernement de «l’Initiative d’Accra» s’est tenue mardi dans la capitale ghanéenne. Comme principale résolution, elle a fixé un délai d’un mois pour rendre opérationnelle la force conjointe qu’elle a décidé de mettre en place. Aux côtés des dirigeants de la sous-région se trouvaient des délégations de l’Union Européenne, de la France et de la Grande Bretagne, qui ont, ainsi, manifesté leur intention d’accompagner l’initiative.
L’objectif affiché par les protagonistes du sommet est sans ambiguïté: infliger un coup d’arrêt à la menace terroriste qui, en même temps qu’elle gangrène les pays sahéliens notamment le Mali, le Niger et le Burkina, entame une progression inexorable vers les pays côtiers.
Plus d’une décennie après son apparition dans la zone sahélienne avec le Mali comme porte d’entrée, et sans doute revigoré par les dégâts qu’il inflige aux populations civiles et aux armées des pays sahéliens. Les forces du mal, de toute évidence, ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et se fixent de nouveaux horizons, notamment se métastaser et semer la mort et la désolation sur des territoires jusqu’ici épargnés.
Mais les groupes terroristes ne sont pas les seuls à l’avoir compris, et la sainte alliance de l’initiative d’Accra en est la preuve par l’action.
Malheureusement l’union sacrée risque, de toute évidence, de devoir se passer du Mali du colonel Assimi Goïta, ce pays qui se trouve dans l’œil du cyclone.
Un Mali qui semble vouloir ou devoir faire cavalier seul. Plus de G5 Sahel, plus de Force Barkhane, l’armée française renvoyée, les forces ivoiriennes qui décident de plier bagages, les forces allemandes qui promettent elles aussi de regagner leurs pénates. Et comme pour montrer sa détermination à ôter aux Maliens toute sa capacité de nuisance sans limite, voici que la junte militaire au pouvoir décide de mettre fin aux activités, sur le territoire malien de toutes les ONG françaises et celles bénéficiant d’appuis de Paris. Pas même l’humanitaire ne sera sauvé! Questions: auteur de deux putschs militaires, le colonel Assimi Goïta est-il la solution ou le problème du Mali?
En tout cas, en toute logique, le président de la Commission de la Cedeao, flairant sans doute le danger de la non participation du Mali à la sécurisation de l’Afrique de l’ouest, a invité tous les Etats-membres de l’organisation à soutenir «l’Initiative» afin d’endiguer la menace terroriste qui gagne du terrain dans la sous-région. C’est dire combien la menace est sérieuse!
Et les Maliens le savent bien, personne n’irait jusqu’à remettre en cause la souveraineté de leur pays. Dans le domaine chaque pays demeure le seul juge de sa propre cause. Le hic cependant ici, c’est que ce combat pour une souveraineté sans fond défendue par les militaires putschistes au pouvoir, risque de dépouiller le Mali de nombre de ses anciennes relations, au risque de le laisser seul ou presque!
Par Wakat Séra
