Le tribunal militaire a ouvert, le 29 février dernier, le procès sur le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, perpétré par des officiers de l’ex-garde présidentielle. Le président du nouveau parti de gauche, Progressistes Unis pour le Renouveau, Justin Somé, par ailleurs directeur de l’Académie des Collectivités Territoriales Africaines (ALGA) s’interroge, dans une interview accordée à Wakat Séra, sur « le temps de la justice » face au traitement des dossiers en justice, entre autres, celui du putsch manqué du 16 septembre 2015 et de l’insurrection de 2014. Dans cet entretien que nous vous proposerons ce mercredi 9 mai 2018, le dirigeant du parti progressiste sankariste, estime que les choses trainent et qu’il faut évacuer ces dossiers afin de passer à autre chose, notamment la « réconciliation ».
« Si la justice doit prendre 20 ans, 30 ans, à quoi ça rime. Je crois que toute cette durée que la justice prend, ça joue sur le développement de notre pays. Pourquoi je dis cela ? On est obligé de s’y attarder, de mettre des efforts et de l’argent. Si c’était fini et les verdicts étaient prononcés, on allait passer à autre chose. Est-ce que tirer ça longtemps, ça arrange ? Je ne sais pas si des gens ont des agendas cachés mais ça ne va pas du tout. La justice doit être faite », affirme M. Somé.
Pour Justin Somé « la justice doit être faite » avant qu’on ne « puisse parler de réconciliation ».
« D’ailleurs, quand on nous parle de réconciliation, est-ce que vous croyez que c’est possible ?: « J’ai le cœur meurtri, je ne sais pas ce qui s’est passé et vous me dites de venir m’assoir, pour pardonner. Pardonner à qui ? et pourquoi ? » Au moins qu’on s’ache ce qui s’est passé. Le pardon viendra de manière naturelle. Moi je sais que le peuple burkinabè est un peuple de pardon. Le jugement fait, je suis sûr que le peuple va se pardonner. Nous sommes un et indivisible. Le pardon existe au Burkina et j’y crois. Mais sans jugement je ne sais pas à quoi ça rime », poursuit-il.
M. Somé dit souhaité que « le jugement se fasse » et « que ceux qui sont coupables puissent payer de leurs actes et les parents des victimes puissent aussi entrer dans leur droit ».
En plus de ce sujet de dossiers du putsch et de l’insurrection, le premier responsable du parti Progressistes Unis pour le Renouveau a abordé avec votre site Wakat Séra, des questions sur l’insécurité grandissante, l’élection présidentielle à venir et la structuration de sa formation politique. Egalement, dans son intervention il revient sur les bisbilles qui les opposaient avec certains membres de leur ancien parti, l’Union pour la Renaissance/ Parti sankariste. Il ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu’il pense de son ex-président Me Bénéwendé Sankara.
Par Daouda ZONGO