Les Burkinabè ont vécu des troubles socio-politiques en 2014 qui ont connu leur épilogue les 30 et 31 octobre avec de violentes manifestations ayant contraint le président d’alors, Blaise Compaoré, à renoncer au pouvoir après 27 ans de règne, pour s’exiler en Côte d’Ivoire. Ce jeudi 31 octobre 2024, la nation burkinabè commémore les dix ans de cet épisode de sa vie qualifié d’insurrection populaire. Ces troubles socio-politiques se sont soldés par la mort de 24 personnes et 625 blessés, selon le bilan officiel énoncé par les autorités de la transition ayant dirigé le pays après Blaise Compaoré.
Ce jeudi 31 octobre 2024, la nation burkinabè commémore les dix ans des violentes manifestations des 30 et 31 octobre 2014 qui ont causé 24 morts et fait 625 blessés. Les manifestations des opposants à l’article 37, une disposition constitutionnelle que le pouvoir voulait modifier pour permettre à Blaise Compaoré de briguer un autre mandat, ont été durement réprimés par les forces de l’ordre. Les échauffourées entre les manifestants et les forces de l’ordre ont commencé le mardi 21 octobre 2014, et ce, après que le Conseil des ministres extraordinaire a décidé d’introduire le projet de loi de modification de la Constitution à l’Assemblée nationale.
Depuis le 21 octobre 2014, à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso notamment, plusieurs foyers de manifestations étaient constatés ça et là. Ils étaient dirigés par des organisations de la société civile dont la grande majorité se sont révélées par la suite être proches du pouvoir qui a succédé à la transition. Les troubles se caractérisaient par des barricades de tout genre des différentes voies des quartiers populaires des deux capitales.
Le 28 octobre, ces mouvements ont gagné tout le pays, paralysant l’administration surtout à cause des organisations syndicales qui ont appuyé la lutte des partis politiques de l’opposition. Les manifestations massives étendues aux villes du Burkina Faso ont été chaque fois réprimées par les forces de l’ordre qui par moment étaient dépassées par les troubles dont certains manifestants s’adonnaient clairement à des actes de vandalismes, de pillages, de saccages des biens publics et privés.
L’on note, dans ce sens, la destruction de plusieurs bâtiments publics et privés symboliques dont le saccage de l’Assemblée nationale, le siège du parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).
A la suite du départ de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014 en milieu de journée, le pays entier scrutait dans tous les canaux d’information pour savoir qui sera le nouvel homme, surtout que l’exil et la démission forcée de l’ancien locataire de Kossyam a surpris plus d’un. Ainsi fuse des noms de partout, mais les deux qui revenaient régulièrement étaient celui du général Honoré Traoré, Chef d’état-major général de l’armée (Cemga) et le général Kouamé Lougué.
Si vers 14H de cette journée du vendredi fatidique, la presse, conviée à l’état-major de l’armée, avait le nom du général Honoré Nabéré Traoré comme celui qui devait prendre le pouvoir, à quelques mètres de là, soit à la Place de la Nation, les milliers de manifestants qui formaient une foule bien compacte scandait à tue-tête, le nom du général Lougué comme le futur locataire de Kossyam.
Mais, à la surprise générale, c’est le lieutenant-colonel, Yacouba Isaac Zida, le numéro 2 de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde de sécurité du président et des institutions à l’époque, qui a pris les rênes du pouvoir avant de le céder à un civil, le diplomate Michel Kafando, le 17 novembre suite à un consensus. Après bien de péripéties, 12 mois chrono après, la transition s’est terminée par l’élection d’un nouveau président en la personne de Roch Marc Christian Kaboré.
Depuis lors, la date du 31 octobre de l’année a été décidée, chômée et fériée afin que les Burkinabè, autorités et citoyens, la commémorent.
Par Bernard BOUGOUM