Accueil Economie Intégration régionale: pour «un sourire aux lèvres des Africains»

Intégration régionale: pour «un sourire aux lèvres des Africains»

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De gauche à droite: La BAD, la CEA et le PNUD au front pour l'intégration (Ph. wakatsera.com)

Communiquant sur les principaux obstacles à la progression de l’intégration africaine, le 3 décembre 2018, au premier jour de la Conférence économique africaine (AEC), à Kigali, Rwanda, le Directeur général de la Banque africaine de développement pour l’Afrique australe, Gabriel Negatu, a souligné la nécessité pour les Etats africains «d’être plus pragmatiques et de faire harmoniser les instruments de politique des Communautés économiques régionales, tout en prêtant plus d’attention à l’intégration sociale, culturelle et politique». Toujours selon lui, «la faible application des traités existants, ainsi que les barrières non tarifaires continuent d’entraver la libre circulation des ménages africains, de leurs biens et des services à travers les frontières africaines», insistera-t-il.

Il s’agit, expliquera M. Negatu, d’un ensemble de mesures restrictives non-tarifaires mises en place par un pays, visant à protéger son marché de la concurrence extérieure. Les exemples les plus courants en sont les contingents, les normes techniques ou sanitaires ou des textes législatifs favorisant les entreprises nationales. Ces barrières peuvent également être instaurées au niveau d’une communauté, et leur mauvaise application désert les populations.

«Les exemples de mauvaise application des textes sont légion en Afrique et constituent des cas d’école qu’il faut disséquer et solutionner», assure un participant. Voulant à son tour tirer la sonnette d’alarme sur les cas récurrents en Afrique de l’Ouest, une autre participante n’a pas hésité à témoigner, citant de nombreux cas de tracasseries policières et douanières quotidiennes dont les voyageurs ressortissants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sont victimes.

«Nous avons grand besoin de cette intégration si nous voulons sortir de la léthargie», estime Justine Amégavi, 55 ans et commerçante de son état, ressortissante de la CEDEAO, décrivant la traversée les frontières africaines comme un «véritable traumatisme».

En substance, Mme Amégavi raconte avec bonheur: «Depuis que j’étais adolescente, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont instauré des instruments pour faciliter le mouvement des biens et des personnes». Entre autres, se réjouit-elle, «d’énormes progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre des mesures instaurant la carte d’identité et le passeport biométriques».

«Mais, que de tracasseries sur l’autoroute reliant Abidjan à Lagos, en passant par Accra, Lomé et Cotonou! C’est un véritable calvaire que d’emprunter un véhicule de transport en commun, et passer les frontières de cette autoroute, dont le promoteur n’est autre que la Banque africaine de développement, qui avec l’Union Européenne a débloqué 18 millions de dollars pour réaliser ce projet, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations», explique dame Amégavi.

Noé, Elubo, Aflao, Hilacondji, Sêmè-Podji (Frontières de Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigeria), certaines étapes de ce corridor incontournable suffisent pour évoquer l’amertume des centaines de milliers de voyageurs.

«Pourtant, ce coup de pouce de la première institution panafricaine de développement, salué par les ressortissants de ces pays, est d’une grande utilité et même d’une urgence sans nul pareil. A l’instar de la route de l’or, ce joyau devrait permettre de faire prospérer le développement de la sous-région, voire de l’Afrique. Mieux, cette route facilitait l’essor de l’économie ouest-africaine, car, constituant un tremplin d’envergure à l’intégration. Ce corridor devrait également faire la fierté et le bonheur d’autres pays l’enclavés – le Burkina Faso et le Niger», affirme Mme Amegavi.

Ce fut un témoignage concret qui fait écho à la déclaration de Gabriel Negatu, et de la nécessité exprimée par bon nombre de participants «de prêter plus d’attention à l’intégration sociale, culturelle et politique».

Les thématiques discutées au cours de l’AEC 2018, tournent autour de l’Intégration régionale et continentale, au service du développement de l’Afrique.

En s’adressant à ce parterre d’éminentes personnalités – chercheurs, acteurs politiques de premier plan, représentants de la société civile africaine et membres du corps diplomatique – la Banque africaine de développement a montré son leadership en matière d’intégration de la région, tout en se voulant pragmatique dans son engagement d’intégrer l’Afrique.

«Les travaux de cette 13ème édition de l’AEC apporteront des solutions concrètes aux questions d’intégration régionale», avait annoncé la directrice du département de l’intégration, Moono Mupotola, en prélude à l’ouverture de l’AEC, et ces témoignages illustrent bien les résultats escomptés.

Pour mémoire, lntégrer l’Afrique, est un des piliers de la stratégie de la Banque en matière d’intégration régionale, récemment adoptée par le Conseil d’administration de l’institution.

«Vivement, que les récents textes adoptés sur la Zone de libre-échange à Kigali en mars 2018, ainsi que le lancement de rapports phares au cours de l’AEC 2018, constituent un message fort, pour sonner le glas des atermoiements des décideurs politiques», a dit Mme Amegavi, et de conclure: «Cela apportera un peu de sourire aux lèvres des voyageurs en Afrique».

Entre autres rapports lancés à l’AEC 2018 figurent celui sur l’Ouverture des visas en Afrique par la  Banque africaine de développement, ainsi que le rapport sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Le PNUD, la Banque africaine de développement et la Commission économique des Nations pour l’Afrique (UNECA) sont partenaires dans l’organisation de la Conférence économique africaine, qui a enregistré plus de 300 participants cette année à Kigali.

Par Aristide AHOUASSOU, Chargé de communication à la BAD