Après un mois de la guerre que la Russie impose à l’Europe et aux Etats-Unis avec l’invasion de l’Ukraine, la déflagration des obus, roquettes, missiles supersoniques et autres armes sophistiquées, qui pleuvent sur Kiev, Odessa, Kharkiv ou Marioupol, continuent de toucher l’Afrique. Si faire sortir leurs ressortissants sous les bombardements constitue une véritable prouesse pour les pays africains qui le peuvent, l’autre défi pour le continent est d’organiser sa survie, le commerce international et toutes les transactions financières étant fortement touchées par les sanctions imposées à la Russie et la riposte de Vladimir Poutine qui, visiblement, a bien préparé son affaire.
Consommateurs sans modération devant l’Eternel, les Africains ne pouvaient pas échapper à cette crise dont le théâtre est pourtant si loin. Le «consommons local» n’étant qu’un slogan asséné par des politiciens en mal de publicité, tout est importé de l’Europe, de la simple aiguille, à l’ordinateur en passant par le riz et le blé pour fabriquer le pain. Que dire des fameux objets et véhicules dits «France au-revoir» qui inondent les marchés sous les tropiques, en provenance de l’Europe et des Etats-Unis? Pour l’autre part la plus importante de la consommation, c’est l’Asie, notamment la Chine, qui joue les fournisseurs.
De la Côte d’Ivoire au Tchad, en passant par le Burkina Faso et le Niger, pour ne citer que ces pays, les prix connaissent une hausse vertigineuse, laissant des consommateurs sans autre recours. Les différents gouvernements qui s’essaient à tous les remèdes, sont aussi impuissants que le citoyen lambda. «On ne peut plus rien acheter au marché», déplorent par exemple les femmes burkinabè, dont le pays, tout comme ses voisins du Sahel, subit les attaques armées au quotidien, gèrent les méfaits du Covid-19 sur l’économie nationale et doit, maintenant, supporter les effets collatéraux de la guerre en Ukraine. C’en est trop pour des pays africains où tout est priorité, de la santé à l’éducation, en passant par le logement et la nourriture.
Cette dépendance «no limit» ne pouvait que soumettre l’Afrique à des aléas dont la gestion constitue un casse-tête chinois, cette fois-ci russe, pour des pays qui, par ailleurs ont coutume de vivre sous perfusion, injectée à dose homéopathique par leurs partenaires techniques et financiers dont le Fonds monétaire international (FMI) et sa sœur jumelle de la Banque mondiale. C’est d’ailleurs vers ces derniers que se tourne une fois de plus l’Afrique, par la voix du président en exercice de l’Union africaine (UA), le Sénégalais Macky Sall. En plus de la réallocation des droits de tirages spéciaux promis par les pays riches qui, d’ailleurs, mettent trop de temps à parvenir aux Africains pour compléter les 33 milliards de dollars débloqués par le FMI, montant jugé trop faible pour relever l’Afrique des conséquences dévastatrices de la pandémie du Covid-19, il faut même aller à la chasse de ressources supplémentaires.
D’où l’autre demande du président de l’UA à la Banque mondiale de déployer, au plus vite, son mécanisme renforcé de riposte aux crises. Le SOS des Africains rencontrera-t-il oreille favorable? Ou alors, Macky Sall aura-t-il prêché dans le désert, les Occidentaux devant également penser à colmater les brèches ouvertes dans leurs systèmes économiques par les mesures de rétorsion prises par Moscou? Questions à un…rouble!
Par Wakat Séra