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Issa Hayatou, a perdu son dernier match!

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Issa Hayatou l'immortel de la CAF est...mort

Ainsi donc, Issa Hayatou est décédé! On avait fini par le croire immortel, entre ses faux-départs pour l’au-delà, annoncés et démentis. On avait fini par croire que la Confédération africaine de football, la CAF, sur laquelle il a régnée comme un génie tutélaire qui avait droit de vie et de mort sur ses sujets, et dont les décisions, s’imposaient à tous, sans autre forme de procès, n’avait jamais eu un président et n’en aurait jamais un autre que lui. On avait fini par croire qu’il était le successeur naturel de Sepp Blatter, lorsque ce dernier sur lequel pesait de lourds soupçons de corruption et qui était tombé dans les mailles de la justice suisse pour «gestion déloyale», était en délicatesse avec la Fifa. On avait fini par le prendre pour un super chef d’Etat, tant, tous les dirigeants africains, se pliaient en quatre pour lui dérouler le tapis rouge et se montrer à ses côtés. On avait fini par croire qu’il était la providence du football africain, lui sous le magistère de qui le continent noir a accueilli, avec brio sa première-et pour l’instant seule-coupe du monde, en 2010, en Afrique du sud. On avait fini par croire que la ballon rond n’évoluait en Afrique, que grâce à l’omnipotent et omniscient patron de la CAF qui ne laissait de la place à personne!

Mais l’immortel a fini par tirer sa révérence ce jeudi 8 août, en pleins Jeux olympiques, alors que le football africain, ironie du sort, était à l’honneur, certes dans une petite finale remportée sans coup férir par le Maroc qui a humilié l’Egypte par 6-0. De même, l’invincible avait subi deux défaites cuisantes. Le premier échec, c’était à la suite de quatre mois d’intérim comme patron de la Fifa, battu à l’élection du président de la faîtière mondiale du football, par l’ancien secrétaire général de l’UEFA, le Suisse Gianni Infantino. Issa Hayatou en a voulu à la terre entière, notamment à tous les délégués africains qui ont préféré porter leur choix sur son adversaire, à l’époque. Sa deuxième bérézina, Issa Hayatou l’a connue en 2017, quand le Malgache Ahmad Ahmad, soutenu par un certain…Infantino, l’a empêché de se succéder à lui-même, comme cela fut toujours le cas, depuis trois décennies. Et, ceci justifiant cela, Issa Hayatou qui n’était plus tout puissant patron du football africain, n’était non plus l’invité de classe exceptionnelle que tous les dirigeants africains voulaient avoir à leur table. Il est même tombé presque dans l’anonymat, d’où il n’émergeait que cité dans des affaires de corruption qui l’ont éclaboussé mais n’ont jamais réussi à le faire condamner. Et, bien qu’il ne soit plus aux affaires, la CAF tourne à plein régime, avec des organisations de Coupes d’Afrique des nations de football, presque parfaites, la perfection n’étant pas du monde des humains.

Ange ou démon? Issa Hayatou savait parfaitement entrer dans la peau des deux. Ange, parce que sous son impulsion, l’Afrique du football a engrangé bien des victoires sur le plan international, avec «sa» première coupe du monde et le passage à cinq représentants africains à la fête mondiale du ballon rond et des percées notoires comme l’or olympique, du Nigeria et du Cameroun, respectivement en 1996 et en 2000, l’instauration de la ligue des champions, et le renflouement des caisses de la CAF, grâce aux droits TV, pour ne citer que ces acquis. Démon parce que des ambitions de nombre de dirigeants qui lorgnaient son fauteuil, ont été étouffées dans l’œuf, par des décisions arbitraires, tout comme des mesures incompréhensibles, épidermiques et souvent injustes, ont été prises par l’ancien président de la CAF, juste pour satisfaire son égo et préserver des intérêts très personnels.

Ainsi donc, le baobab qui a résisté à bien des tempêtes a fini par tomber, à Paris, loin de Garoua, la terre camerounaise où il a poussé ses premières racines. C’est le Cameroun, et le continent noir entier, qui pleurent la mort de ce condensé de sports, athlétisme, basket et football, et leader longtemps incontesté, du football africain.

Par Wakat Séra