Ceci est une déclaration de la Coordination des Comités de Défense et d’Approfondissement des Acquis de l’Insurrection Populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou relative à la lutte des travailleurs pour la satisfaction de leur plateforme revendicative.
Depuis le mois de février 2020, suite à la décision du pouvoir de généraliser l’IUTS aux primes et indemnités des agents du public et du parapublic, le monde des travailleurs, dans une écrasante majorité, est mobilisé et en lutte contre ladite décision et pour la satisfaction de leur plateforme revendicative en cinq points que sont :
- Arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie ;
- Arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales ; 3- Arrêt du pillage des ressources nationales ;
- Garantie du droit à la sécurité ;
- Le respect et la mise en uvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des
Les CDAIP de la ville de Ouagadougou, nés sur les barricades de la Résistance victorieuse de notre peuple contre le putsch de type fasciste de septembre 2015, par la présente déclaration, livre son analyse sur la lutte en cours, qui est une étape de la crise sociale et politique née de la contradiction (insoluble) entre la logique de gouvernance du pouvoir MPP et alliés et les attentes et aspirations des couches populaires et des travailleurs de notre peuple fondées en l’Insurrection d’octobre 2014 et en la Résistance de septembre 2015.
Pour les CDAIP en effet, la généralisation de l’IUTS aux primes et indemnités des agents de l’Etat, au motif d’une mobilisation de ressources pour l’Etat est une mesure injuste et inique dans le contexte de notre pays où les informations fournies par les services des impôts et des finances de l’Etat, l’Assemblée Nationale à travers ses rapports sur le foncier et les mines, des ONG et autres structures de contrôle et de lutte contre la corruption (Cours des Comptes, ASCE/LC, REN-LAC) indiquent que des personnes physiques et morales doivent plus de 1500 milliards de francs CFA à l’Etat aux titres d’impôts non payés, de dettes contractées par les dignitaires du système et de détournements.
Les affaires fraude de charbon fin (338 milliards) et location de 77 véhicules à la mairie centrale de Ouagadougou (4,6 milliards) sont, entre autres, des scandales qui enlèvent toute légitimité à ce pouvoir de demander un quelconque effort au peuple et aux travailleurs. Visiblement, nous sommes gouvernés par la débauche ! La question que l’on se pose est de savoir pourquoi un Etat qui se voudrait responsable, préférerait s’acharner sur les maigres revenus des travailleurs du public qui font déjà si durement face à la cherté de la vie, au lieu de faire preuve d’autorité, comme ses hommes adorent si bien le chanter sur tous les toits, pour recouvrer les montants faramineux que les riches doivent au peuple ? Comment le pouvoir peut-il, dans ces conditions-là, invoquer une certaine justice sociale ? Une autre question : pourquoi le pouvoir MPP et alliés n’a pas opté pour la réduction du train de vie de l’Etat, c’est-à-dire le train de vie de ceux qui gouvernent le pays (Président du Faso, Ministres, Présidents et directeurs d’institutions, etc.), comme le lui a recommandé le FMI dans son rapport de novembre 2019, mais a préféré présurer les travailleurs et le peuple pour assurer le payement de la dette néocoloniale ?
En optant de saccager les revenus des travailleurs, l’Etat, c’est-dire le pouvoir en place, apporte la preuve qu’il est un instrument de répression spécial entre les mains des riches, de la bourgeoisie, dont il défend les intérêts, contre ceux de la classe ouvrière, les travailleurs et les couches populaires de notre pays. Et ce ne sont pas les velléités de division du peuple, en voulant opposer les commerçants, les artisans et les paysans aux fonctionnaires, qui masqueront cette gestion de classe au profit des riches. Petits commerçants, artisans, paysans, sans-emplois de notre pays ne voient guère leur situation sociale et économique s’améliorer. Au contraire, leurs conditions s’aggravent au fil des années et à mesure que s’enchainent les scandales financiers. Ceux dont les conditions de vie s’améliorent véritablement, et même s’embellissent, sont les hauts dignitaires et leurs alliés et courtisans qui monopolisent les richesses nationales : les ressources minières, notamment l’or, le foncier urbain et rural, les marchés publics juteux, les caisses noires augmentées en nombre et renflouées, etc.
C’est suivant cette ligne de démarcation des intérêts entre riches et pauvres qu’il faut, du point de vue de CDAIP, comprendre pourquoi la crise sociale, économique et politique, qui est manifestement révolutionnaire, s’approfondit davantage. En témoignent, la situation sécuritaire catastrophique aux allures de guerre civile destructrice dans certaines parties du pays, assortie de massacres de masse et d’assassinats ciblés, la crise du logement liée à l’accaparement des terres par les riches à travers leurs sociétés immobilières, le manque d’eau et d’électricité, le délabrement du système sanitaire et éducatif, etc.
Pour les CDAIP de la ville de Ouagadougou, la crise actuelle dans notre pays appelle à une unité de lutte entre travailleurs du public, du parapublic, du privé, ouvriers, artisans, petits commerçants, paysans dans un élan de fraternité et de solidarité. A titre d’exemples : quand les enseignants revendiquent de meilleures conditions de travail (classes normalisées, laboratoires, bibliothèques, etc.) et de vie, les bénéficiaires finaux si ces revendications sont satisfaites, sont les enfants du peuple et tout le pays qui sortirait de l’obscurantisme et de l’arriération. Quand les agents de santé exigent de meilleures conditions de travail (matériel sophistiqués, réactifs, hygiène, personnel) et de vie, c’est pour la santé du peuple. Alors que le gouvernement fait le branle-bas autour du Coronavirus, il refuse d’avouer que notre pays ne compte pas une dizaine de lits de réanimation fonctionnels ! Mais dans le même pays, les détournements de milliards de francs CFA sont devenus presque quotidiens ainsi que cela est révélé par la presse.
Quand les travailleurs des syndicats du MINEFID dénoncent l’absence de volonté de recouvrer l’argent dû à l’Etat, c’est dans le sens que les ressources du pays profitent à tout le peuple en matière de sécurité, de santé, d’éducation, d’eau, d’électricité, d’équipement du monde rural, de fourniture d’engrais aux paysans à moindre coût, etc. En vérité, qu’on soit employé du public ou du privé, petit commerçant, artisan ou paysan, nous vivons tous les mêmes injustices sociales, les mêmes dures réalités et avons, donc, le même combat : celui de libérer notre peuple et notre pays de l’oppression, de la domination et du pillage de ses ressources par les puissances impérialistes et leurs alliés locaux.
C’est pourquoi la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou apporte son soutien à la lutte des travailleurs et à leur plateforme qui prend en compte certaines préoccupations des CDAIP, notamment les questions de justice, de liberté et de sécurité. Elle appelle les populations de ladite ville à :
- Soutenir la lutte actuelle des travailleurs pour la satisfaction de la plateforme revendicative de la cinquantaine de syndicats qui est une plateforme juste ;
- Rejeter les man uvres de division de notre peuple que met en uvre le pouvoir MPP et alliés et à s’inscrire dans une démarche d’unification des luttes qui permettra à notre peuple, enseigné par l’expérience de l’insurrection et de la Résistance populaires, d’apporter une réponse révolutionnaire à la crise multidimensionnelle qui secoue notre pays. Un mouvement d’unité populaire pour le changement révolutionnaire est la voie de salut crédible pour notre peuple face à la crise de gouvernance
Vive la lutte des travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail !
En avant pour la fraternisation et la solidarité entre travailleurs, petits commerçants, paysans autour des préoccupations majeures du peuple !
Vive les CDAIP !
Elie TARPAGA
Ouagadougou, 24 mars 2020