Accueil A la une Ivoiriens et Nigériens: être plus forts qu’un monstrueux «fake news»!

Ivoiriens et Nigériens: être plus forts qu’un monstrueux «fake news»!

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La Côte d'Ivoire et le Niger, deux pays aux mêmes couleurs nationales (Ph. tauraro.info)

Des images qui dateraient de bien longtemps et mettant en scène les forces de l’ordre du Nigeria qui ont appréhendé des individus en possession d’armes dangereuses, ont été postées dans une vidéo, présentées, dans un dessein sombre et peut-être machiavélique, comme des ressortissants ivoiriens subissant des exactions au Niger. Et c’est cette infox des plus dangereuses qui a mis le feu aux poudres, dans une Côte d’Ivoire où différentes communautés ont toujours cohabité dans une heureuse harmonie.

Certes, des heurts ont émaillé par moment cette coexistence pacifique légendaire, mais l’adage ne reconnait-il pas que bien que condamnées à vivre ensemble avec elle, les dents mordent parfois la langue? Tout porte à croire que l’acte, à moins de découler d’un vilain jeu dont le joueur n’a pas mesuré les conséquences, ressemble à un coup savamment monté, dont sont expertes ces mains invisibles qui savent si bien dresser des amis contre des amis, des frères contre des frères, des pays contre des pays. D’où cette interrogation terrible: qui donc a intérêt à semer la graine de la violence et surtout de la zizanie entre les peuples frères, nigérien et ivoirien qui ont, comme un clin d’œil de la nature, les mêmes couleurs nationales?

C’est donc une chasse à l’homme en règle qui a été menée, dans certains quartiers d’Abidjan et d’autres localités de la Côte d’Ivoire. Ce mercredi, des jeunes, pour la plupart des désoeuvrés et même des enfants âgés de la dizaine en tenue scolaire, armés de machettes et de gourdins, s’en sont pris à des ressortissants du Niger, ce mercredi. Du este, il y avait dans le lot de nombreux voleurs, casseurs, vandales, que de revendicateurs patriotes ou nationalistes. Tout y est passé, biens comme personnes. Si des sources non officielles parlent de deux morts, le ministre ivoirien en charge de l’Intérieur, dans un bilan provisoire, a évoqué dix blessés, six véhicules calcinés, des magasins pillés, douze arrestations. Une vague de violence inexplicable et horrible qui est partie d’Abobo, quartier à la réputation sulfureuse où règnent en maîtres les «microbes», plus pudiquement qualifiés d’«enfants en situation difficile».

La bêtise, ou plutôt la folie humaine, s’est également emparée d’autres parties de la capitale économique ivoirienne, comme Yopougon, Angré, Riviera 2- Anono, etc., et des villes comme Anyama et Daloa, cette dernière étant reconnue comme zone d’installation ou de transit de nombreux ressortissants de pays voisins de la Côte d’Ivoire. Pourtant, de nombreuses personnes, non ivoiriennes de naissance, jouissent aujourd’hui de la nationalité du pays de l’éléphant. Sans oublier, mais ça c’était avant, tous ces élèves venus d’ailleurs, qui ont bénéficié de la manne financière nationale pour mener à bien leur cursus scolaire.

Mais, malgré le côté hideux de ces débordements, téléguidés ou non, il faut se réjouir de l’hospitalité qui est légendaire en Afrique et surtout de la tolérance sans commune mesure dont sait faire preuve le Nigérien à l’endroit de ses frères et sœurs venus d’ailleurs. «L’étranger est sacré ici», a toujours rappelé, avec fierté, et s’appuyant sur le Coran, le Nigérien qu’il soit lambda ou une personnalité. De ce fait, l’espoir est permis que ce «fake» monstrueux soit finalement un épiphénomène qui, malgré ses dégâts, renforcera les liens entre les merveilleux peuples nigérien et ivoirien. Pour faire tourner le vent dans le sens de l’apaisement, importe, évidemment, que les responsables politiques, les chefs religieux et traditionnels et les leaders d’opinion jouent, sans plus attendre, leur partition afin que les démons de la violence ne fassent davantage mal à la cohésion entre les peuples frères.

Plus que jamais, les auteurs d’«infox» doivent être traqués dans leur dernier retranchement et sanctionnés à la hauteur de leur forfaiture. Mieux, nul n’étant à l’abri de leurs méfaits, l’arsenal d’outils pour combattre les «fake news» doit être renforcé. Car il faudra vaincre, uni, ce cancer mondial, ou en périr, ensemble!

Par Wakat Séra