«Zouk la sel medikaman nou ni». C’est un titre culte du mythique groupe Kassav dont il était co-fondateur, guitariste et chanteur. Mais le zouk, le seul médicament qu’il lui fallait n’a pas pu empêcher le Covid-19 d’emporter l’immense musicien guadeloupéen, Jacob Desvarieux, ce 30 juillet, après quelques jours d’hospitalisation. Les doses de vaccin reçues pour prévenir le mal sont venues sans doute en retard, le virus ayant déjà niché dans le corps du géant musicien de 65 piges. Comme l’autre baobab, Manu Dibango, le dépositaire le plus connu du Makossa moderne, rythme camerounais dans lequel puisait à satiété Kassav, mort le 24 mars 2020, lui aussi du Covid, Jacob a définitivement déposé la guitare au moment où les mélomanes s’y attendaient, ou le souhaitaient, le moins. Sur toutes les scènes du monde, le timbre de sa voix si singulier a fait vibrer bien des tympans. Dans les discothèques et lors des soirées privées ou publiques sa guitare aux vibrations venues comme d’une autre planète musicale, a fait danser, les plus riches comme les plus pauvres. Car, avec Jacob Desvarieux, Jocelyne Béroard, Jean-Philippe Marthély, Georges Decimus, feu Patrick Saint-Eloi, Kassav, c’était comme un cyclone qui emportait tout sur son passage. Et Jacob Desvarieux, le leader du groupe, lui, était irrésistible.
De son premier concert en 1985 en Côte d’Ivoire, en passant par la brochette d’autres qui suivront, au Bénin, en Mozambique, au Congo, en Angola, au Burkina Faso, au Cameroun, pour ne citer que ces pays, Kassav est demeuré une légende en Afrique. C’est donc en toute logique que la disparition de cette figure de proue du groupe a créé un choc tellurique, particulièrement sous les tropiques où la nouvelle de cette mort a embrasé la toile, durant tout ce week-end. Tout comme, d’ailleurs, la rumeur du décès du même artiste qui avait circulé avec insistance, sur les mêmes réseaux sociaux, entraînant des démentis de plusieurs sources dites de catégorie A. Du reste, certaines personnes restent encore convaincues que l’idole partagée par plusieurs générations, n’est pas décédée ce vendredi, mais quelques jours plus tôt. Pire, les antivax qui n’ont jamais désarmé et ont fait le serment de mener une lutte sans merci aux vaccins contre le Covid-19, qu’ils s’appellent Sputnik, Moderna, Pfizer, Johnson & Johnson, AstraZeneca, Sinovac, ont saisi l’opportunité de la mort de Jacob Desvarieux pour faire feu de tout bois. Une mort qui en rajoute donc, malheureusement, à la mauvaise pub sur le vaccin contre le petit virus à couronne. Car, malgré ses trois injections de vaccin, Jacob Desvarieux a laissé orphelins des mélomanes inconsolables.
Jacob Desvarieux est-il mort d’overdose de vaccin, alors que lui-même était un promoteur acharné de la campagne de vaccination? La mort de Jacob Desvarieux constitue-t-elle une preuve contre l’inefficacité des vaccins? Autant de questions qui servent d’arguments aux anti vaccins et aux anti «pass sanitaire». Toutefois, conformément à l’adage selon lequel «il vaut mieux prévenir que guérir», la prévention est l’option la mieux indiquée, pour ne pas dire la seule efficace, rares de protocoles de soin ayant encore fait l’unanimité pour la guérison du Covid. Qui pis est, c’est lorsqu’ils ont atteint la phase critique de détresse respiratoire que nombre de patients se présentent aux soignants. Le vaccin, malgré donc la mauvaise querelle qui lui est faite, avec le respect des mesures barrières comme le lavage des mains et le port des masques, s’impose, pour l’instant, comme le moyen de lutte le plus sûr, contre le Covid-19. Il faut l’avouer, la compétition, sur fond de rivalité entre les nations dites puissantes, de guerre d’écoles et de concurrence commerciale, fait toujours rage, entre les pays et au sein du puissant lobby pharmaceutique. Un véritable handicap pour la promotion de vaccination.
En tout cas, un artiste ne meurt jamais. Les œuvres de Jacob Desvarieux sont éternelles, ce qui le rend, lui aussi éternel. Salut l’artiste!
Par Wakat Séra