Accueil Editorial Jacob Zuma: sauvé par le gong, mais pour combien de temps?

Jacob Zuma: sauvé par le gong, mais pour combien de temps?

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Le président sud-africain Jacob Zuma a encore échappé à la destitution (Ph. dailymaverick.co.za)

Jacob Zuma sauve encore sa peau. Comme sur un ring de boxe où il est acculé dans les cordes et que le public, composé en majorité de ses détracteurs, s’attendaient à crier victoire, Zuma a eu encore droit à un répit. Le gong des négociations exceptionnelles qui ont eu lieu à Johannesburg ce lundi 5 février entre le président sud-africain et les cadres de l’African National Congress, la mythique ANC a sonné, laissant Zuma un peu groggy mais pas à terre. Cependant, le combat, reporté à mercredi, cette fois au Cap risque d’être décisif, car devant prendre un air de «ça passe ou ça casse». Passer pour qui? Casser pour qui? That is the question!

En attendant ce face to face avec les 80 membres du comité exécutif et le Top Six du parti cher à Nelson Mandela, Jacob Zuma reste droit dans ses bottes. Non seulement il tient à prononcer son discours de la nation prévu pour le lendemain de son match épique avec des adversaires déterminés à négocier son départ avant terme de mandat, mais il refuse tout jet d’éponge avant la fin de son deuxième quinquennat constitutionnel qui devrait intervenir en 2019. Ainsi, le très controversé chef Zulu aura une fois de plus échappé à sa destitution toujours programmée mais jamais exécutée. Comme le chat, Jacob Zuma aurait-il donc plusieurs vies?

Pourtant, Jacob Zuma aura réussi la prouesse d’avoir fait l’unanimité sur sa personne. Lâché alors tour à tour par presque tous ses soutiens dont la puissante confédération syndicale sud-africaine la Cosatu, lassée par les frasques politiques, financières et des comportements de grande légèreté en matière de mœurs de leur ancien champion. Rattrapé par plusieurs affaires dont les plus récentes et retentissantes furent celles dites Nkandla en rapport avec l’utilisation par Zuma de 15 millions d’euros d’argent public, dans le cadre de la rénovation de sa résidence privée et celle dite des Gupta, du nom de cette riche famille d’hommes d’affaires d’origine indienne.

Ainsi donc, les vies ante et pendant présidence de Jacob Zuma ont été jalonnées de scandales de corruption, de viol et bien d’autres dérives politiques qui ont fortement écorné et terni l’image d’une ANC, divisée et même bousculée sur le terrain politique par l’opposition. Et c’est donc logiquement que le clan de l’homme, dirigé par son ancienne épouse Nkosazana Dlamini-Zuma, sera défait lors du dernier congrès qui a porté au gouvernail de l’ANC, Cyril Ramphosa, déterminé à s’attaquer à la corruption et à redorer l’image presqu’en lambeaux du parti au pouvoir. Une donne et pas des moindres qui milite en faveur du maintien de Jacob Zuma jusqu’à terme de son mandat est bien la position que prendra le roi zoulou Goodwill Zwelthini, la plus haute autorité traditionnelle de l’Afrique du sud.

Cyril Ramaphosa et ses partisans pour continuer à marquer le coup de la nouvelle impulsion qu’ils comptent donner à l’ANC, surfent donc sur les affaires Zuma pour terrasser celui-ci et le mettre hors-jeu avant la fin de son mandat. Ce serait comme l’électrochoc pour annoncer «l’ANC nouvelle». Le challenge ne s’annonce pas des plus simples pour le nouveau patron d’une ANC au sein de laquelle Jacob Zuma compte encore des fidèles avec qui, Ramaphosa doit du reste partager le pouvoir. La tension vive entre les deux camps, pro et anti Zuma, lors des rencontres qui devaient décider, ces derniers jours, du départ du chef de l’Etat sud-africain de son fauteuil, sont très illustratives de l’issue incertaine de cette confrontation fratricide. En tout cas le match est serré et la nation Arc-en-ciel risque d’en sortir les couleurs bien défraichies.

Par Wakat Séra