Après l’acquittement pur et simple qui lui a été accordé contre toute attente, le vendredi 8 juin, Jean-Pierre Bemba doit pouvoir respirer l’air de la liberté! Certes cette liberté provisoire pourrait s’écourter le 4 juillet prochain, date de l’audience qui fixera sa peine définitive dans l’affaire de subornation, l’autre dossier qui pourrait le maintenir encore dans les geôles de la CPI pour quelque temps. Mais une chose est certaine, le bout du tunnel de Scheveningen est proche pour le leader incontesté du Mouvement de libération du Congo (MLC), dont le retour sur la scène politique n’est plus qu’une question de temps, de temps très court. Plus qu’une surprise, ce verdict prononcé, en appel sonne comme un aveu d’échec pour la Cour pénale internationale qui avait condamné le «Chairman», le 21 mars 2016, à 18 ans de réclusion, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’étonnement et les interrogations sans réponses passés, les victimes et parents de plus de 5 000 victimes recensées doivent désormais espérer une autre voie de recours pour que justice leur soit faite. Peut-être que le pouvoir de Joseph Kabila pour qui cette libération de Bemba sera très difficile à digérer trouvera la solution au problème Bemba. La toute puissante CPI venant d’apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs qui la voit comme un instrument politique au service des puissants de ce monde et surtout au détriment de leaders Africains qui y sont trimbalés, juste pour permettre au princes du moment de gouverner selon les intérêts des Occidentaux. C’est ainsi qu’après 10 ans dans la célèbre prison de La Haye, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo pourra se réessayer sans doute à la politique, et plus si affinité, le fauteuil présidentiel étant sa cible.
Jean-Pierre, il faut le dire de go est un épouvantail sorti des placards de Fatou Bensouda pour effrayer le roitelet de la République démocratique du Congo, qui, envers et contre tout, et même les «supplications de Rome» a mis la RDC sous coupe réglée, se hissant au-dessus de la constitution pour se tailler un costume de président à vie. Joseph Kabila, s’ouvre, comme mise en bouche, une voie vers un troisième mandat d’élection présidentielle qu’il entend organiser selon ses propres règles afin d’en sortir vainqueur. Et comme ses opposants ne s’entendent que sur leurs désaccords, certains d’entre eux cédant trop facilement aux sirènes du pouvoir, Kabila, seul maître à bord, ne boudait pas son plaisir de mener tout le monde en rond. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) n’a pas échappé au piège de Joseph Kabila, elle qui avait réussi à lui arracher, un certain 31 décembre 2016, les accords de la Saint Sylvestre qui devraient conduire à un scrutin présidentiel sans l’actuel homme fort congolais actuel. Mais comme à l’accoutumée, le boulanger de Kinshasa, n’entend pas lâcher l’affaire, il faut bien l’y contraindre par tous les moyens. Et dans cette batterie de stratégies pourrait bien figurer le lâchage de l’admirateur de Mobutu Sese Seko. N’en déplaisent aux grands défenseurs des droits de l’homme et autres mouvements de revendication des intérêts des volés, violés et tués de Bangui, dans la Centrafrique de Ange Félix Patassé. Comme quoi, la justice internationale sait bien s’accommoder de la realpolitik.
Et Jean-Pierre Bemba libre, même s’il doit demeurer muet comme une carpe jusqu’à la fin de ses affaires, cela donne forcément des nuits blanches du côté de la lagune Ebrié où des intentions vraies ou fausses de prétendant à un troisième mandat sont prêtées à Alassane Ouattara, le président ivoirien. Laurent Gbagbo et son lieutenant Charles Blé Goudé, les deux épouvantails de Ouattara, à qui la CPI, vient d’ailleurs comme par hasard d’accorder à leurs avocats la possibilité de demander leur acquittement provisoire ou définitif, pourraient bien suivre les pas de Jean-Pierre Bemba! La justice internationale a ses raisons que la raison des suppliciés et morts d’Abidjan et de Bangui ignore. Et le billet retour peut servir dans tous les cas, car, comme Jean-Pierre Bemba, on peut entrer à la CPI et en ressortir libre.
Par Wakat Séra