La presse burkinabè, classée 58e en 2023, a perdu 28 places et occupe le rang de 86e places en 2024, dans l’écosystème médiatique du monde qui comptabilise 180 pays, selon le dernier rapport de Reporter Sans Frontières (RSF), diffusé ce vendredi 3 mai 2024.
L’accès à l’information se restreint toujours davantage, plusieurs pays du Sahel qui ont suspendu spécifiquement la diffusion de médias étrangers, principalement français comme France 24, RFI et TV5 Monde. Après le coup d’État de juillet 2023, il a été suivi de l’adoption, par les nouveaux régimes dirigés par des militaires, de « mesures liberticides » qui ont fait chuter le Niger de 19 places.
« La situation n’est guère reluisante au Burkina Faso (86e) avec une perte de 28 places, ainsi qu’au Mali (114e) », mentionne le document de RSF qui a souligné que c’est un pays africain qui ferme le classement 2024 et il s’agit de l’Erythrée (180e), devenue au fil des ans un désert de l’information.
D’autres pays de la région ont « persisté dans une logique d’instrumentalisation des régulateurs des médias – dont la composition est parfois favorable ou aux ordres des autorités politiques – pour suspendre des médias en dehors de toute décision judiciaire ».
Au Togo (113e), dans un contexte d’élections législatives, « les décisions arbitraires ou disproportionnées de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) envers les professionnels de l’information sont fréquentes ».
Au cours de périodes précédant les élections au Zimbabwe (116e) et au Gabon (56e), malgré une hausse globale au Classement, le pouvoir politique « a renforcé son contrôle de l’information » qui se caractérise par la suspension abusive d’Internet, l’expulsion ou interruption des médias étrangers.
Des pratiques que l’on retrouve aussi en Guinée, souligne RSF. Sa remontée en trompe-l’œil (78e, + 7) dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 vis-à-vis d’autres pays ne saurait masquer « une stagnation de son score global et une dégradation des indicateurs politiques et sécuritaires, du fait notamment de blocages discrétionnaires et abusifs d’Internet et de suspensions et brouillages de plusieurs radios et télévisions ».
En Afrique subsaharienne, les périodes électorales ont charrié beaucoup de violences contre les journalistes et les médias de la part des acteurs politiques et de leurs soutiens. Cela a été le cas au Nigeria (112e), où « près d’une vingtaine de reporters ont été attaqués début 2023 », a poursuivi RSF dans ses analyses.
À Madagascar (100e), ils ont été une « dizaine à être pris à partie par les forces de sécurité et des militants politiques lors de manifestations pré-électorales ». En République Démocratique du Congo (RDC, 123e), où les intimidations de journalistes par des personnalités politiques sont régulières, la détention de Stanis Bujakera, dans le cadre d’une procédure judiciaire intentée contre lui malgré un dossier vide, a empêché le journaliste de couvrir la période pré-électorale.
Lors des séquences électorales, les acteurs politiques tentent également d’utiliser les médias comme instruments d’influence et de pouvoir. Une méthode observée au Sénégal (94e), en RDC et au Nigéria, où des personnalités politiques ont parfois même créé leurs propres médias.
Par Bernard BOUGOUM