Le parquet bolivien a émis, mercredi 18 décembre, un mandat d’arrêt contre l’ex-président Evo Morales, actuellement exilé en Argentine, dans le cadre d’une enquête ouverte pour sédition et terrorisme. Une décision aussitôt qualifiée d’«injuste» et d’illégale par l’ancien chef d’Etat.
Le texte, signé par les procureurs de La Paz, Jhimmy Almanza et Richard Villaca, ordonne aux forces de l’ordre «d’arrêter et de conduire M. Juan Evo Morales Ayma au siège du ministère public». Il a été publié sur le compte Twitter du ministre de l’intérieur, Arturo Murillo.
«Ça ne me fait pas peur, tant que je serai en vie, je continuerai avec encore plus de force le combat politique et idéologique pour une Bolivie libre et souveraine», a réagi Evo Morales sur Twitter. «Quatorze ans après le début de notre révolution, le “plus beau cadeau” que je reçois du gouvernement de facto, c’est un mandat d’arrêt injuste, illégal et inconstitutionnel», a-t-il ajouté.
Le parquet avait ouvert une enquête à la suite d’une plainte déposée par le ministre de l’intérieur le 22 novembre contre Evo Morales. Il l’accusait de «sédition et terrorisme» pour avoir incité ses partisans, dans un enregistrement diffusé par les autorités, à mettre en place des blocages autour de La Paz. «Ne laissez aucune denrée alimentaire dans les villes, nous allons tout bloquer et [les] encercler», disait la voix que M. Murillo attribue à l’ancien président.
Evo Morales, le premier président indigène de Bolivie, a démissionné le 10 novembre sous la pression de manifestations de l’opposition, après avoir été lâché par l’armée. Depuis, une pénurie d’aliments se fait sentir dans les magasins et les restaurants de La Paz en raison du blocage des routes qui mènent aux régions agricoles de la Bolivie, dans le centre et l’est du pays.
«Persécution politique»
Depuis Buenos Aires, Evo Morales s’est dit mardi «convaincu» que son parti, Le Mouvement vers le socialisme (MAS), allait remporter les prochaines élections en Bolivie, bien qu’il ne soit lui-même pas candidat.
«Je suis convaincu que nous allons remporter les prochaines élections. Je ne serai pas candidat mais j’ai le droit de faire de la politique», a déclaré lors d’une conférence de presse Evo Morales, qui est arrivé à Buenos Aires le 12 décembre, après s’être réfugié au Mexique et avoir passé quelques jours à Cuba.
Après la démission forcée de M. Morales et son départ pour l’exil, le Parlement bolivien a voté à la fin novembre une loi convoquant des élections présidentielle et législatives, en déclarant que l’ancien président socialiste n’aurait pas le droit d’y être candidat. Aucune date n’a encore été fixée.
L’ancien président bolivien avait appelé lundi dans une interview à l’envoi en Bolivie d’une mission internationale qui garantirait la tenue d’élections libres et transparentes. Il s’était également dit victime, ainsi que ses soutiens, d’«une persécution politique». La Bolivie «est sous une dictature», selon lui.
Lâché par la police et par l’armée, M. Morales avait été contraint le 10 novembre à la démission après une campagne de manifestations contre l’annonce officielle de sa victoire au premier tour à l’élection présidentielle, lors de laquelle il briguait un quatrième mandat. L’opposition et l’Organisation des Etats américains (OEA) considéraient que l’élection avait été entachée de fraudes.
Source : Le Monde.fr