Ceci est une opinion de Marius Yougbaré sur la sortie du général nigérien, Mahamadou Abou Tarka, le 24 avril 2023.
Le 24 avril dernier, le Niger commémorait la Journée de la Concorde Nationale qui rappelle la paix retrouvée après la rébellion touarègue en 1995. Au cours de cette cérémonie, le Général de Division Mahamadou Abou Tarka, par ailleurs Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) a fait une allocution surprenante où des paroles teintes de provocation, de manque de compassion et même d’injures à des autorités ont été tenus lorsqu’il tentait de justifier la situation d’insécurité au Niger et les choix des réponses apportées.
La question qui s’est évidemment posée, c’est de savoir ce qui se passe réellement pour qu’une autorité militaire de cette trempe vienne à entreprendre une initiative si dangereuse et hasardeuse ? Comment un officier nigérien peut-il s’arroger le droit de juger publiquement les décisions souveraines d’un Etat tiers et aller jusqu’à prédire l’apocalypse pour cet Etat ? Pourtant, ne dit-on pas que c’est dans les moments de défis et de confrontation que la sagesse doit plus s’inviter dans nos actions, nos décisions et nos propos ?
Déjà dans son rappel historique à l’occasion de la 28e édition de la Journée de la Concorde, le Général a omis de mentionner que des pays ont fortement contribué à l’occasion. Le Burkina Faso était bien évidemment un médiateur associé aux côtés de l’Algérie et de la France. Par conséquent, le Niger est redevable du Burkina pour son unité nationale.
Pour ma part je voudrais bien croire à une manœuvre isolée mais, si des excuses officielles ne sont pas présentées à nos autorités par les autorités nigériennes depuis lors, il serait judicieux de porter une attention particulière à cette sortie du Général Tarka. Certes, il a voulu justifier les choix politiques et diplomatiques de son pays tout en mystifiant leurs partenaires occidentaux mais les implications sont énormes. Elles sont mêmes de nature à compromettre tous les efforts déployés dans la lutte contre le terrorisme par les pays du Sahel. Essayons d’en énumérer quelques-unes :
- Que sera la coopération bilatérale en matière de défense et de sécurité des frontières communes que partagent le Burkina Faso et le Niger (628km) et aussi le Mali et le Niger (821km) si le discours du Général est partagé par les autorités nigériennes ?
- Quel avenir pour le G5 Sahel qui peine à être opérationnel au regard des divergences sur les choix stratégiques des partenaires ?
- Le Général Tarka tente-t-il saborder la mission de son ancien Président, Mahamadou Issoufou qui est le médiateur de la CEDEAO au Burkina Faso ?
En tout état de cause, il faut noter que le discours du Général a manqué d’élégance, de tact mais surtout est très dangereux pour le Niger précisément à cause du contenu incendiaire, provocateur et insultant.
Marius YOUGBARE