La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la Commission de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) viennent de tracer le chemin d’une collaboration étroite, visant à impulser la diversification économique, l’industrialisation et la spécialisation dans les chaines de valeur régionales, la forte implication de l’Afrique centrale dans la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et la stabilisation macroéconomique dans la sous-région.
Dans un projet d’addendum à un mémorandum d’entente (qui date de 2005), à l’issu des travaux d’une retraite professionnelle conjointe, organisée à Malabo (Guinée Equatoriale) du 23 au 25 avril 2019, les deux institutions ont aussi convenu de faire du « Consensus de Douala », un cadre de référence pour appuyer les travaux de la CEMAC sur la diversification économique et l’industrialisation.
Rappelons que ledit Consensus, adopté par la 33ème session du Comité Intergouvernemental d’experts (CIE) de la CEA pour l’Afrique centrale en septembre 2017, préconise la diversification économique et l’industrialisation, axées sur la transformation des ressources naturelles abondantes des pays de la zone et induites par le commerce.
Les réflexions entre les deux institutions ont eu lieu dans le contexte d’une sous-région qui cherche à émerger, à travers la transformation structurelle, d’une conjoncture économique difficile, due aux chocs récurrents des prix des matières premières, notamment le pétrole.
Afin de mieux définir les nouvelles possibilités de collaboration, les experts de la CEMAC et de la CEA se sont penchés sur le nouveau contexte marqué par la ZLECAf, la transition démographique, le changement climatique, l’économie digitale et l’émergence de fonds de financement alternatifs, entre autres.
La retraite a permis de revisiter les chantiers structurants de l’intégration régionale en Afrique centrale dont PREF-CEMAC (Programme des réformes économiques et financières de la CEMAC) et le PER (Programme économique régional), le premier destiné à la stabilité macro-économique et le second, à la promotion du commerce et des infrastructures communautaires de développement.
Conformément à son mandat et à sa mission de renforcer les capacités de ses états membres et de leurs Communautés Economiques Régionales dans la promotion du développement durable, à travers notamment la diversification, l’industrialisation et la transformation structurelle des économies, la CEA mettra l’accent de son appui à la Commission de la CEMAC, sur le pilier du PREF-CEMAC qui a trait aux objectifs de développement de long terme, à savoir la diversification économique et l’intégration régionale.
A cet égard, elle accompagnera le Secrétariat du PREF-CEMAC et les Etats Membres dans la formulation, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des mesures structurelles nécessaires à l’accélération de la diversification économique et l’Intégration régionale (y compris l’intégration commerciale à travers la ZLECAf).
Les deux institutions ont également décidé d’organiser une concertation spéciale sur le PER, a la lumière d’une nouvelle approche fondée sur la « théorie du changement pour l’Afrique centrale » et de rédiger conjointement un « Livre blanc sur la diversification économique et le commerce intrarégional » avec des repères quantitatifs précis en matière d’objectifs recherchés adossé a un organe qui aurait à charge la fonction de suivi et évaluation.
Les experts ont également convenu de lancer quelques études sur des questions émergentes telles que les métiers de l’avenir, le capital vert en Afrique centrale, le système bancaire et le secteur des services.
A la lumière du besoin urgent d’un cadre de concertation régulière entre les institutions présentes dans la sous-région, partageant la même vision d’un développement durable et inclusif fondé sur la diversification et l’industrialisation, il a été décidé d’organiser des rencontres et sessions de travail régulières pour un dialogue de fonds entre la CEA et la CEMAC et d’autres institutions régionales et sous régionales telles que la BAD, BCEAC, CEEAC et la BEAC.
L’espace fiscal requis pour le financement du développement et la question de la cohérence des politiques à court, moyen et long terme ont également centres les discussions entre les experts des deux institutions.
Lors de cette retraite, la Commission de la CEMAC a également exprimé son intérêt pour les services de formation et de mise à niveau offerts par la CEA à travers l’Institut Africain de Développement Economique et de Planification des Nations Unies (IDEP).
A l’issu de la rencontre, Antonio Pedro, Directeur du Bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la CEA a déclaré que la retraite « … s’agissait d’une série de séances de brainstorming de haut niveau, stratégiques, axées sur les résultats et agréables, visant à repositionner notre partenariat avec la CEMAC. Je me réjouis du degré d’alignement de nos points de vue sur les défis de développement auxquels l’Afrique centrale est confrontée et sur les possibilités de les résoudre ».
« Une fois adopté, le projet de feuille de route que nous avons proposé nous offrira la possibilité de travailler en plus étroite collaboration dans la recherche de l’équilibre de l’impératif de rétablissement de la stabilité macroéconomique en guise de mesure à court terme en Afrique centrale, tout en poursuivant l’objectif de diversification économique et d’industrialisation à plus long terme ».
Au nom du Président de la Commission de la CEMAC, M. Michel Niama, Commissaire en charge du Département du Marché Commun, a aussi exprimé toute la satisfaction de la Commission par rapport à ce nouvel engagement de partenariat entre son institution et le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA.