Le président français François Hollande a affirmé samedi 14 janvier 2017 qu’ »en venant au secours du Mali (pour le maintien de la paix), la France acquitte une dette à l’égard du sacrifice des tirailleurs lors des deux derniers conflits mondiaux », devant des chefs d’Etats africains au Sommet Afrique-France auquel prennent part 60 délégations. Lire un extrait de son discours.
« Il y a quatre ans presque jour pour jour, les forces maliennes, française, africaine étaient engagées pour reconquérir le Nord Mali, mais la ville de Bamako était sous la menace d’une offensive terroriste d’une grande ampleur. Le peuple malien tremblait, les Africains partageaient cette inquiétude et l’Europe pouvait regarder parfois avec distance ce qui se passait au Mali ne saisissant pas immédiatement l’enjeu.
Aujourd’hui nous devons prendre la dimension de ce qui a été engagé (au Mali) en quatre ans. Les terroristes ne contrôle plus aucun territoire, la démocratie a repris son cours les élections ont eu lieux, présidentielle-législative, l’économie repart et la réconciliation avec l’accord d’Alger est en cours. Voila ce qui a été fait en quatre ans.
Je tenais en effet chers président que le sommet Afrique-France puisse se tenir à Bamako. C’était une affirmation de volonté mais aussi un défi. La volonté c’était de pouvoir dire au Maliens qu’ils pouvaient organiser une manifestation d’ampleur internationale. Mais c’était un défi à la fois en terme logistique (…) et un défi sécuritaire pour éviter qu’il puisse avoir un doute sur la capacité de tenir un tel événement.
Je veux affirmer ici que la France restera toujours aux côtés du Mali jusqu’à l’aboutissement du processus de paix, jusqu’à ce que l’Etat malien puisse avoir son autorité respecté sur l’ensemble du territoire.
Pour la France c’est à la fois l’expression de sa solidarité à l’égard d’un peuple ami et l’accomplissement de son devoir. La solidarité nous la devons à l’égard du sacrifice des tirailleurs lors des deux derniers conflits mondiaux. En venant au secours du Mali et en formant son armée, la France acquitte une dette à l’égard de ceux d’abord, venant de toute l’Afrique pour notre liberté. La France fait également son devoir et d’une certaine façon poursuit son intérêt car il ne peut pas avoir de sécurité en Europe si des groupes terroristes s’installent à ces frontières. Il ne peut pas y avoir de maitrise de l’immigration sans stabilité politique, il ne peut pas y avoir de paix durable sans sécurité en Afrique. La France agit donc partout où elle pense qu’il est utile de le faire en Afrique par solidarité, par devoir et également par la volonté de porter partout le message de la sécurité et de la paix.
Et lorsque la France intervient désormais en Afrique, j’insiste sur le mot désormais, c’est toujours à la demande d’un pays souverain avec l’accord de l’Union africaine et au côté des forces africaines dans le respect du droit international. Nous l’avons fait au Mali à la demande du président Traoré. Nous l’avons fait en Centrafrique dans le respect de la résolution de l’ONU. Nous l’avons fait avec les pays autour du Lac Tchad pour lutter contre Boko Haram et nous ne cesserons d’appliquer ce principe.
Quand la France est en Afrique, elle ne cherche pas à exercer une influence, à peser sur le choix politique d’un pays et encore moins à capter ses ressources. Elle est là que pour participer à des opérations de maintien de la paix et pour travailler avec les Africains au renforcement de leur capacité de défense. Je vous le confirme ici, ce seront les Africains qui devront assurer la sécurité des Africains. Ce seront les forces armées africaines qui devront lutter contre le terrorisme. Mais nous devons, nous la France vous accompagner pour pouvoir vous soutenir.
Je vous propose aujourd’hui de réévaluer encore l’engagement de la France et de porter à plus de 25.000 pour les trois prochaines années la formation des soldats africains. Nous le ferons dans le domaine du déminage, des forces spéciales et du renseignement. Nous le ferons également parce que nous sommes conscients que les réseaux criminels et terroristes utilisent les nouvelles technologies pour que les forces africaines puissent également relever ce défi. C’est la raison pour laquelle la France a décidé de soutenir un projet d’école internationale de la cybersécurité qui sera installé sur le sol africain.
Mais je viens ici aussi dire qu’il ne peut y avoir de sécurité durable sans progrès politique. Ici même en Afrique de l’Ouest nous avons assisté dans ces dernières années à plusieurs alternances, à des élections transparentes et libres, à résultats crédible et accepté. C’est pourquoi en Gambie le choix des électeurs gambiens en faveur du président Adama Barrow doit être respecté.
Depuis 2012 que j’exerce cette responsabilité de président de la République française je n’ai cessé de rappeler le rattachement de la France à l’Etat de droit, à la liberté de la presse, la transparence des élections, pas par la volonté de nous ingérer dans les affaires politique d’un pays mais parce que le mouvement vers la démocratie est une inspiration irrépressible et légitime des peuples, qui rencontrent en plus les exigences du développement et ce que doit faire la France au-delà de la sécurité qu’elle peut apporter de la formation des armées africaines, du partage de la technologie, c’est d’accompagner l’Afrique dans son émergence. C’est le sens même de ce sommet. Il est consacré à la paix, à la sécurité et à l’émergence de l’Afrique. Nous devons être conscients des risques que vous rencontrez. Je ne parle plus là des risques liés à des situations politiques ou à des menaces sur la paix. Je parle là de ce qui est l’évolution par ailleurs que vous avez souhaité de la démographie africaine et qui durera encore plusieurs décennies. C’est un défi majeur pour votre continent mais aussi pour l’Europe car il faut former cette jeunesse, il faut lui fournir les millions d’emplois que ces jeunes attendent pour décider de leur avenir. Il faut leur donner cette espoir des vivre dans leur pays et de le développer et de participer pleinement à son destin. Nous ne pouvons pas accepter que pour beaucoup de jeunes africains le seul horizon c’est de quitter le continent pour rejoindre l’Europe. Nous devons donc tout faire pour assurer votre croissance et votre développement ».
Une retranscription de Mohamed ZOUNGRANA