«La nuit de la vérité» est un film de la réalisatrice burkinabè Fanta Régina Nacro, produit en 2004 par Acrobates Films et Les films du défi. Cette fiction long métrage de 1h36mn50s a remporté plusieurs prix, notamment, le Prix du public du Festival International des Premiers Films d’Annonay en 2005, le Prix du scénario au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en 2005, le Grand Prix du Festival International de Films de Fribourg en 2005 en Suisse, le Prix Montblanc du meilleur scénario en 2005 au Festival International de San Sebastian, « Zabaltegi » 2004 en Espagne et le Prix Sceau de la paix du Festival de Florence en Italie.
Le film de Fanta Régina Nacro, «La nuit de la vérité» évoque une guerre ethnique dans un pays où se situent des localités comme Oubana et Govinda. Ce conflit oppose les Nayaks aux Bonandés. Une guerre qui a été déclenchée une nuit par les Bonandés avec à leur tête le colonel Théo qui estime qu’ils ne sont pas considérés comme lui-même l’a affirmé en ces termes : « Nous avons pris les armes pour retrouver notre place auprès de vous (les Nayaks)». Ce fut une nuit où «il y a eu un massacre épouvantable» au cours de laquelle le fils de Edna, la femme du président, a été tué par le colonel. Fatigués de se battre, les deux camps, les Nayaks avec à leur tête le président et les Bonandés, se sont retrouvés une nuit à Oubana où le colonel Téo a établi sa base, afin d’ «enterrer la hache de guerre» et faire «grandir la paix» entre eux. Cette réconciliation a été faite au prix de la vie des êtres chers des deux côtés : le colonel a été tué par la femme du président par vengeance et en réplique, le président a tué sa propre femme pour que la réconciliation puisse aboutir. Dès le début du film, à la lecture du titre, la réalisatrice annonce les sujets traités, avec l’utilisation des couleurs de l’écriture: le noir qui cache une partie de la couleur blanche. La couleur noire exprime la nuit, la mort, la guerre et la couleur blanche fait penser au jour, à la paix, la vérité. A travers cela on sent une bataille entre le noir et le blanc, entre la guerre et la paix.
Cette fiction qui montre les affres de la guerre (des morts, des morceaux d’êtres humains, des corps dans la nature, les enfants uni-jambe, le traumatisme), fait penser au génocide qui a eu lieu au Rwanda entre Tutsi et Hutu en 1994 et qui a fait environ 800 000 morts et la guerre en Côte d’Ivoire qui a opposé une rébellion déclenchée dans le Nord du pays aux forces loyalistes qui étaient dans le Sud. Des conflits qui se sont terminés autour d’une table pour faire place à la réconciliation, après des pertes enregistrées des deux côtés. C’est un film qui met le doigt sur un mal comme les conflits communautaires. Au Burkina Faso, un pays qui vit une guerre imposée par des groupes armés, on a, récemment, le cas de Yirgou où un différend a opposé des Peulhs aux Mossis.
C’est une œuvre qui traite de plusieurs thèmes comme la guerre qui est matérialisée ici, notamment, par les armes, les tenues militaires, les morts, des corps qui jonchent la nature, les graffitis, des phrases telles que: «J’ai tué», «Nous avons pris les armes», «Je vais tuer quelqu’un»; la paix et la réconciliation matérialisées entre autres par la plantation d’arbres, une banderole où il est écrit «Bonandés et Nayaks enterrons la hache de guerre», les propos du colonel Théo comme: «Je ne veux plus entendre parler des histoires de Nayaks et de Bonandé. A partir de ce soir, on est tous les mêmes» et le président s’adressant à sa femme en ces termes: «Notre fils était obéissant et choisirait la paix tout comme son père», «Oublions le passé. Le pays va mal et pour se relever, il a besoin de tous». La tradition est évoquée dans ce film, entre autres, par la pensée aux morts en versant à l’aide d’une calebasse de l’eau à terre comme leur part de nourriture, l’évocation des mânes des ancêtres par Tomoto perché sur un arbre pour qu’ils leur viennent en aide et le tambour. Autres thèmes abordés sont l’infidélité (Edna, la femme du président qui a eu un enfant avec le capitaine), l’obsession (la femme du président obsédée par la mort de son fils, fruit de son infidélité, qui justifie la haine qui la ronge, la peur qui l’oblige à prendre des cachets pour soulager sa douleur. Le colonel Théo hanté par les conséquences de la guerre), le rôle de la femme (la femme au foyer, la femme qui exerce une influence sur les conflits politiques et humains).
Fanta Régina Nacro en réalisant ce long métrage a dû faire recours à des professionnels de l’armée tels que le Commandant Moussa Cissé (Théo), le Capitaine Yves Thombiano (N’gové), le Capitaine Claude Kaboré (Youba) et a travaillé avec des acteurs qui ont su incarner leur personnage. On note la présence d’acteurs comme Naky Sy Savané (Edna), Georgette Paré (Soumari), Amada Ouédraogo (le président), Rasmané Ouédraogo (Tomoto), Sami Rama (Fatou), Odilia Yoni (Tante de Awa), Serge Henry (le chauffeur) qui ont chacun bien joué leurs rôles d’acteur dans le film.
La réalisatrice burkinabè Fanta Régina Nacro, a obtenu plusieurs Prix avec son film «La nuit de la vérité», au nombre desquels on peut citer le Prix du public du Festival International des Premiers Films d’Annonay 2005, le Prix du scénario au Fespaco 2005, le Grand Prix du Festival International de Films de Fribourg 2005 en Suisse, le Prix Montblanc du meilleur scénario en 2005 au Festival International de San Sebastian, « Zabaltegi » 2004 en Espagne et le Prix Sceau de la paix du Festival de Florence en Italie. Cette œuvre qui est le premier long métrage de Mme Nacro, avec des jeux d’acteurs, des scènes de rebondissements, des images choquantes, sensibilise sur la violence de la guerre tout en défendant l’idée d’une possible réconciliation entre les peuples. Elle a su utiliser des images subtiles où se mêlent vengeance et réconciliation.
Par Daouda ZONGO