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La presse africaine, ce grand corps malade!

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Les lecteurs sénégalais étaient sevrés d'information pour une journée

En Afrique, assaillie par les maux de tous ordres, la presse, si elle n’est pas au bord de la tombe, n’en n’est pas moins agonisante. La montée en puissance des réseaux sociaux où pullulent les experts sortis ex nihilo, notamment des individus et activistes de tout acabit, mais qui s’érigent en analystes, est dévastatrice pour les vrais spécialistes de l’info. Ces apprentis sorciers de l’information, fabriquent et partagent des scoops à tout vent, qui se révèlent, d’ailleurs, plus «fakes news» et éléments de propagande qu’informations, et portent donc un coup véritable à tous ces organes de presse fiables et rigoureux en matière d’éthique et de déontologie, dont s’enorgueillissait, il n’y a pas si longtemps, l’Afrique. A Ouagadougou, les nostalgiques de cette presse, jadis si professionnelle, en portent le deuil affligeant, sevrés d’informations saines dont ils se délectaient à leur descente du lit, devant leur tasse de café ou avant d’attaquer les dossiers au bureau. A Abidjan, même les titrologues, qui ont l’art de distiller et commenter les articles, juste à partir de la UNE des journaux, en ont perdu leur latin, pardon leur «nouchi», cet argot né en Côte d’Ivoire. A Dakar ce mardi, les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, eux, ont simplement été orphelins de nouvelles fraîches.

Mais la presse, en générale, véritable service d’utilité publique et indispensable pour le droit de s’informer du citoyen, ne subit pas que les coups mortels que lui portent, des utilisateurs de X (ex twitter), de Facebook, de la désormais Intelligence artificielle, et autres. Elle est malmenée par des politiciens et des lobbies industriels qui veulent l’avoir à leur botte. C’est dans cette logique que des journalistes sont menacés, embastillés, torturés, ou, malheureusement, tués. Et quand les bourreaux de la presse éprouvent encore la plus petite once de pudeur pour ne pas en arriver à l’extrême, les solutions les plus simples, mais tout autant d’une redoutable efficacité, leur sont toujours à portée de main. Aujourd’hui, le Sénégal, en est arrivé à une «journée sans presse», paradoxalement pour se faire voir et entendre. Victime de l’asphyxie par les impôts, de nombreux médias ont dû ranger, plume et micro, pour…donner de la voix. Mais, conscients qu’ils sont investis de ce devoir, qui frise souvent le sacerdoce, d’aller chercher l’information où qu’elle se trouve, et de l’apporter à leurs concitoyens, les acteurs de la presse, se remettront à la tâche.

Le nouveau pouvoir sénégalais qui, pourtant, a bénéficié à fond de la vitalité de cette presse sénégalaise, va-t-il prêter oreille attentive à ces médias, bien entendu ceux qui font preuve d’objectivité et d’indépendance éditoriales, pour leur éviter la mort qui les attend inexorablement, si la situation ne change pas? L’espoir est de mise, à Dakar, comme ailleurs, en Afrique. Ceux qui nous gouvernent doivent même œuvrer à ressusciter les organes de presse qui ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson, et jeté, ainsi, leurs journalistes et leurs personnels à la rue, dans les bras de la mendicité et autres vices. Et ça, Bassirou Diomaye Faye qui porte, aujourd’hui l’espoir d’un Sénégal réuni, est bien en mesure de s’asseoir avec les patrons de presse, pour trouver une fiscalité spéciale qui répond au fonctionnement et à la vie de ce secteur névralgique de la démocratie.

Comme au Sénégal, les gouvernants de bien des pays où des médias, les vrais, qui sont à cheval sur l’éthique et la déontologie, et ne transigent pas avec l’objectivité, ne cherchent qu’à donner l’information juste, ont l’impérieux devoir de se pencher sur la presse, ce grand corps malade. Et même grabataire!

Par Wakat Séra