Des citoyens burkinabè, se sont prononcés, ce mercredi 16 janvier 2019, , à la suite de l’acquittement de l’ex-chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, incarcéré à la Cour pénale internationale (CPI), depuis sept ans, à la suite de la crise post-électorale qui a causé, selon des chiffres officiels, au moins 3 000 morts en Côte d’Ivoire. Certains Ouagavillois, «favorables» à cette décision l’apprécient également par rapport à l’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, exilé à Abidjan après sa démission forcée fin octobre 2014.
Lookman Nabi, étudiant Franco-arabe: «Selon moi, l’acquittement de Laurent Gbagbo n’est pas une mauvaise chose. Tout homme change. Si la justice estime qu’il est libre, j’estime que la Côte d’Ivoire est son pays et qu’il ne doit pas être empêché d’y retourner bien que celui-là même qui l’avait expédié à la CPI est toujours au pouvoir. Il faut qu’il rentre pour que les Ivoiriens se parlent et se réconcilient».
Abdoulaye Zongo, étudiant à l’université Joseph Ki-Zerbo:
«Moi je ne suis pas contre sa libération mais je me dis que compte tenu du mal, des tueries qu’il a eu à faire, il devait rester en prison pour dix ans. Je me demande si sa libération ne va pas envenimer la situation politique qui est déjà tendue, surtout qu’il a du monde derrière lui, ses partisans ayant même commencé à manifester bruyamment. C’est vraiment cela ma crainte. Je suis allé en Côte d’Ivoire tout récemment, rien qu’à prononcer le nom de Laurent Koudou Gbagbo, tu peux te faire lyncher à mort quelque part. Pour moi, enfin, si c’est pour la réconciliation c’est une bonne chose».
Vincent Tapsoba, blanchisseur:
«Pour moi la libération de l’ex-président ivoirien est une bonne chose. Si on estime qu’il n’y a rien contre lui, il ne faut pas le garder injustement en prison».
Rabassida Ouédraogo, commerçant:
«Sa libération n’est pas mal parce qu’il n’a pas fait la guerre seul. Il y a eu des loyalistes et des rebelles, mais curieusement c’est lui seul qu’on juge. Et moi je pense donc que cela est injuste. Si la CPI et ses alliés veulent la vérité, ils n’ont qu’à regrouper les deux camps et les juger».
L’acquittement de Laurent Gbagbo et l’exil de Blaise Compaoré à Abidjan
Lookman Nabi: «Le problème est que sous son règne, il y a eu un couac entre lui (Gbagbo, NDLR) et notre ancien président, Blaise Compaoré qui se retrouve là-bas (Côte d’Ivoire, NDLR) actuellement. Moi je souhaite que les deux ex-présidents s’entendent et laissent ce qui s’est passé derrière eux. Il va falloir même, vu comment ça se dessine, que l’ex-président Blaise Compaoré revienne au pays parce que quoiqu’on dise il a géré ce pays et donc il n’a pas fait que de mauvaises choses. Tous sont d’ailleurs unanimes que sous son règne on n’a pas connu une telle insécurité».
Abdoulaye Zongo: «Concernant notre ancien président Blaise Compaoré, je n’étais même pas d’accord pour son exil à Abidjan. On doit travailler à ce qu’il revienne et si cela doit précipiter les choses dans ce sens, c’est bon à prendre pour moi».
Vincent Tapsoba:
«C’est vrai qu’il y a eu une mésentente entre lui et Blaise Compaoré notre ancien chef de l’Etat, mais je pense que les deux s’entendront dans l’avenir. Si la justice a atténué sa peine je pense que lui aussi peut comprendre l’ex-président Blaise Compaoré qui n’a fait que défendre, à l’époque, les intérêts de ses compatriotes vivant en Côte d’Ivoire».
Rabassida Ouédraogo: «Pour moi son retour ne doit pas poser un problème à Blaise Compaoré qui est considéré comme un réfugié politique. Et comme il (Blaise Compaoré) a même la nationalité ivoirienne, il saura comment manœuvrer pour être en paix là-bas. Si la cohabitation ne passe pas entre eux, il peut changer de pays encore sinon moi personnellement je ne suis pas pour qu’il revienne ici au pays».
Propos recueillis par Bernard BOUGOUM