Ceci est une contribution de Nurudine Oyewolé, Expert-consultant en communication sur l’affaire Idrissa Gana Gueye.
Le joueur sénégalais Idrissa Guèye est depuis quelques temps sous la sellette. Cela, au motif qu’il a refusé d’endosser le maillot de son club, le PSG, floqué aux couleurs du drapeau LGBT + (lesbiennes, gays, bissexuels, trans, queers), à l’occasion de la rencontre contre Montpellier le 14 mai dernier, en soutien à la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie, et la biphobie.
Depuis que ce refus discret a été éventé par la presse française, la star sénégalaise est accusée par une partie de l’opinion française d’homophobie. La prise de position la plus emblématique est celle de Valérie Pécresse, candidate malheureuse de la droite aux récentes élections présidentielles, qui a tweeté : « les joueurs d’un club de football, et ceux du PSG en particulier, sont des figures d’identification pour nos jeunes. Ils ont un devoir d’exemplarité. Un refus d’Idrissa Guèye de s’associer à la lutte contre l’homophobie ne pourrait rester sans sanction. » Sur le plateau de la télévision RMC, une journaliste affirmait : « S’il ne peut pas respecter nos valeurs, qu’il ne vienne pas jouer chez nous. »
Comme pour donner suite à cette injonction, la Fédération Française de Football (FFF) a exigé dans un courrier adressé au joueur de démentir publiquement son choix, au risque sans doute d’être sanctionné.
Face à cette pression, la solidarité ne s’est pas fait attendre au Sénégal. Le président sénégalais solidaire de son compatriote a aussi tweeté : « Je soutiens Idrissa Guèye. Ses convictions religieuses doivent être respectées. » Le militant des droits de l’homme Alioune Tine lui a emboité le pas en affirmant : « Gana Guèye habite dans mon quartier, c’est un garçon que nous protégeons surtout pour ses actions humanitaires et philanthropiques extrêmement importants sur ce continent. La liberté de croyance est reconnue à tout être humain. »
A y réfléchir, on est en droit de s’interroger sur la place la liberté d’opinion aujourd’hui en France. Son respect semble obéir à une géométrie variable. En effet, pendant la campagne présidentielle, Éric Zemmour a publiquement critiqué l’homosexualité. Il n’a pourtant pas été cloué au pilori, au nom de la liberté d’opinion.
Un autre fait, le samedi 07 mai dernier à la cérémonie d’investiture du président Emmanuel Macron, les représentants de la communauté juive y étaient absents, conformément au respect de la Sabah, jour de repos pour tout juif. Cela n’a créé aucun émoi, au nom du respect des convictions religieuses des individus.
D’où vient-il donc que le refus discret et poli d’Idrissa Guèye de ne pas porter un maillot en raison de ses opinions religieuses puisse être qualifié d’acte homophobe ?
En réalité, disons-le tout net, celui qui est homosexuel a fait un choix de vie. Qu’il suive sa voie. Celui qui refuse de l’être et de l’admettre a aussi fait un choix de vie. Que cette décision soit respectée. Mais, qualifier le deuxième choix d’acte homophobe est illogique. A moins qu’il soit ouvertement admis qu’on est dorénavant dans un régime coercitif voire dictatorial qui oblige tout le monde à renier ses convictions pour supporter l’homosexualité. Dans ce cas, la liberté d’opinion n’existerait plus. Nous serions alors tous à la merci de toutes les dérives offrant une légitimité aux groupements les plus forts à tous points de vue. Le requiem de la démocratie ne serait-il pas alors ainsi d’être célébré ?
NURUDINE OYEWOLE
Expert-consultant en communication