Par Edouard Docteur, directeur des Opérations de Global Voice Group
Avec le projet Burkina Open Data Initiative (BODI), voilà plus de cinq ans que l’Etat burkinabè a donné l’impulsion pour promouvoir la libération des données numériques non sensibles produites par le gouvernement, la société civile et le secteur privé afin de renforcer la transparence gouvernementale. Si cette ambition de rendre certaines données plus accessibles est bienvenue à l’échelle de la société, une telle démarche pourrait s’avérer particulièrement pertinente dans le secteur des télécoms où la transparence est essentielle pour rationaliser le fonctionnement de ce secteur économique clé. À condition pour le régulateur de se doter des outils nécessaires à une utilisation optimisée des métadonnées issues des flux téléphoniques.
Un pari gagnant-gagnant
Manque à gagner fiscal pour l’État, dégradation de la relation opérateurs-régulateurs, essor des fraudes… Le manque de transparence dans les télécoms, un problème commun à la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, s’avère préjudiciable à plus d’un titre. Ces dernières années, les exemples de crispation entre opérateurs et régulateurs se sont multipliés dans la sous-région, du fait d’un manque de transparence en matière de qualité de service, de revenus et de profitabilité des opérateurs, d’où des sanctions parfois sévères, motivées le plus souvent par le non-paiement de l’impôt ou une qualité de service en-deçà des standards attendus.
Cette reprise en main s’explique notamment par la baisse des revenus des opérateurs dès lors que le taux de pénétration de la téléphonie mobile a atteint 100% dans la population et que les services OTT tels que WhatsApp ont progressivement supplanté les traditionnels appels vocaux, notamment à l’international. Mais cette situation résulte surtout d’un manque de transparence en matière de qualité de service, de revenus et de profitabilité des opérateurs, d’où des sanctions parfois sévères, motivées le plus souvent par le non-paiement de l’impôt ou une qualité de service en-deçà des standards attendus.
De la théorie à la pratique
Le Burkina Faso n’échappe pas à la règle, loin de là, cet écueil s’ajoutant aux problèmes de la fraude et des arnaques qui défraient régulièrement la chronique. À Ouagadougou, en août dernier, la gendarmerie a démantelé un trafic de SIM boxing – une pratique permettant de faire passer un appel international pour un appel local via Internet –, qui faisaient subir à Orange Burkina et Telmob des pertes mensuelles de 2,4 Md FCFA chacune. Une problématique bien ancrée dans le pays, puisque dès août 2015, l’ARCEP organisait un séminaire de formation sur le thème « la lutte contre la fraude Telecom et le Bypass : Focus sur le rôle du Régulateur et des autorités compétentes », pour répondre à une problématique qui « tue à petit feu l’économie nationale et ruine les bases financières des opérateurs de téléphonie ». Une initiative suivie quelques années plus tard par un engagement à assainir le secteur.
Encourageante, cette dynamique restera inaboutie à défaut de solution adaptée de suivi afin d’assurer le respect de la conformité réglementaire du secteur des télécoms. À l’image de nombreux Etats africains, le régulateur national s’appuie sur du déclaratif, et donc sur des données manquant de fiabilité. Pour y remédier, il est fondamental de produire des données indépendantes et régulières afin d’assainir la relation entre régulateurs et opérateurs tout en améliorant la qualité globale du réseau pour la population burkinabé. En décembre dernier, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a ainsi exprimé son désir de voir le pays se doter d’un logiciel de contrôle du trafic télécoms, déplorant le fait que «sans ce logiciel, les sociétés de téléphonie vont toujours rouler l’Etat dans la farine».
À problèmes numériques, solutions numériques
En tant que ressource nationale clé, le secteur des télécoms doit être sécurisé et optimisé, notamment dans les pays en développement, où les capacités de supervision sont souvent limitées. Afin d’y remédier, les outils de monitoring qui permettent un suivi en temps réel du trafic téléphonique sont les plus adaptés, comme l’ont bien compris de nombreux pays africains, tels que le Rwanda, la Tanzanie, le Ghana et le Congo entre autres. Parmi ces outils, Visio Suite a été conçu spécifiquement pour répondre à tous les enjeux réglementaires du secteur : permettre aux autorités financières et aux régulateurs d’obtenir des données fiables et précises en temps réel et ainsi leur donner les moyens d’assurer la protection des recettes issues des télécoms, le suivi réglementaire des télécoms et de l’Internet mobile, la gestion de la fraude, la sécurité et la conformité des terminaux, la conformité du marché et des canaux de distribution des cartes SIM. À la clé, pour l’État, une meilleure mobilisation des ressources publiques et pour les opérateurs, le meilleur moyen d’éviter les arriérés de paiement et les sanctions fortement préjudiciables à leur activité.