Victime d’attaques croissantes ces derniers mois, le Burkina Faso n’hésite plus à solliciterla force française « Barkhane », qui a prêté main-forte à ce pays du Sahel à trois reprises en quelques jours et se veut « disponible »pour l’aider à enrayer la menace djihadiste. En deux semaines, plus de 20 membres des forces de sécurité ont été tués dans le nord et l’est du Burkina.
« Avec le Burkina, nous restons disponibles car le rôle de “Barkhane”, c’est aussi d’appuyer les forces nationales [de la bande sahélo-saharienne] partout où c’est nécessaire et si elles le demandent, comme on le fait au Niger ou au Mali », avait souligné en début de semaine la ministre française des armées, Florence Parly, en visite au Tchad.
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« Un dispositif, ça s’adapte », renchérit le nouveau commandant de l’opération « Barkhane », le général Frédéric Blachon, qui assure que le Burkina « aura droit au même appui que celui que nous apportons aux autres pays du G5 » Sahel (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad).
Si l’effort français se concentre actuellement au Mali, « on se ménage toujours une capacité de réserve d’intervention pour appuyer les pays de la zone », commente-t-on à Paris. « “Barkhane” a les moyens d’intervenir rapidement par voie aérienne au Burkina depuis sa base de Niamey, au Niger », fait remarquer une autre source proche du dossier.
Deux hélicoptères
A la demande de Ouagadougou, l’armée française a mené mercredi 10 octobre une frappe aérienne dans le nord du Burkina Faso après une attaque contre un détachement de gendarmerie qui a fait un mort.
Samedi, « Barkhane » a par ailleurs dépêché dans la région de Pama (est) deux hélicoptères, un Tigre et un Gazelle, après la mort d’un militaire burkinabé dans l’explosion d’un engin artisanal, indique l’état-major français, confirmant des informations de Radio France internationale (RFI). Cette zone forestière est réputée abriter les djihadistes et bandits écumant la région.
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Parallèlement, les forces françaises ont participé le week-end dernier aux côtés de l’armée burkinabée à une mission de reconnaissance, également dans l’est du pays, selon des sources militaires concordantes.
La France collabore déjà avec le Burkina sur le plan sécuritaire. Les deux pays mènent des opérations transfrontalières dans le nord-est du pays, dans le cadre de la force conjointe du G5 Sahel. Paris dispose aussi de forces spéciales à Ouagadougou, qui sont intervenues en mars lors d’attaques simultanées visant l’état-major burkinabé et l’ambassade de France.
« Un premier pas »
Mais avec ces premières demandes auprès de « Barkhane », « une étape utile, constructive, a été franchie », juge Mme Parly, alors que Paris s’inquiète ouvertement de la hausse des violences dans le nord et l’est du Burkina et des risques de contagion aux pays voisins comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire. Jusqu’ici très réticents à demander de l’aide à l’ancienne puissance coloniale, « les Burkinabés ont fait un premier pas alors qu’ils ont culturellement l’habitude et l’envie d’agir par eux-mêmes », décrypte un haut gradé français.
Mais depuis le renversement du président Blaise Compaoré, fin 2014, qui a entraîné la dissolution des unités d’élite de l’armée, les forces burkinabées n’ont pas réussi à se remettre sur pied et semblent impuissantes face à la dégradation sécuritaire. Dans un pays coutumier des tentatives de coups d’Etat, le président Roch Marc Christian Kaboré est réticent à donner beaucoup de pouvoir à une armée longtemps fidèle à Compaoré.
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Désormais, pour que « Barkhane » puisse continuer à aider les autorités burkinabées, « il va falloir développer l’interopérabilité avec leur armée, échanger sur la menace, sa nature et sa localisation, définir les besoins », explique l’officier français. Pour l’heure, les forces françaises s’efforcent d’identifier les groupes à l’œuvre dans l’est du pays, où se multiplient explosions et attaques.
« Depuis quelques semaines, des groupes émergent dans l’est du Burkina, qui visiblement ne font pas partie d’Ansarul Islam », le groupe djihadiste installé dans le nord du pays et responsable de plusieurs attaques meurtrières contre l’armée, confie un officier de renseignement de « Barkhane ». « Mais on n’a pas encore assez d’éléments pour préciser le volume, d’où ça vient. »