Pour l’auteur de cet article, Madou Sangare, «l’avenir des pays ouest-africains est entre les mains des militaires». Il prend pour preuve les récents coups d’Etat intervenus dans cette partie du continent et évoque plus particulièrement le cas du Burkina Faso.
«Le 30 septembre, au Burkina Faso, un groupe de militaires conduit par le capitaine Ibrahim Traoré a déclaré la destitution du président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, l’accusant de dérives par rapport à l’idéal du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). Ainsi, 8 mois après avoir renversé, le 24 janvier, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le lieutenant-colonel Damiba a été à son tour renversé.
L’une des raisons pour renverser le régime de Damiba était la détérioration de la situation sécuritaire, qui à son tour était le motif du renversement de Roch Marc Christian Kaboré. Les nouvelles autorités dirigées par le capitaine Traoré, âgé de 34 ans, entendent engager toutes les forces combattantes à se recentrer sur la situation sécuritaire. Une autre raison du deuxième coup d’État était le mécontentement du peuple face à la poursuite du cours politique pro-français sous la gouvernance de Damiba.
Après la déclaration du capitaine Ibrahim Traoré, des manifestations ont éclaté à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso en soutien aux nouvelles autorités. Des centaines de manifestants réclamaient la fin de la présence française au Sahel et prônaient le développement de la coopération militaire avec la Russie. De nombreux drapeaux russes ont été brandis lors de manifestations le week-end dernier. Les Burkinabés, regardant l’exemple d’autres pays africains comme le Mali et la République centrafricaine, considèrent la Russie comme un partenaire fiable et puissant qui pourrait aider à résoudre les problèmes de sécurité.
Confronté à la violence de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique depuis 2015, le Burkina Faso s’est engagé à diversifier ses partenaires afin de faire face à cette menace. Et il est fort possible que, dans le cadre de cette diversification des partenaires, les nouvelles autorités du pays se tournent vers la coopération avec la Fédération de Russie, comme l’ont fait les autorités de la transition au Mali voisin. Par ailleurs, ce partenariat entre les deux pays est sollicité par des associations de la société civile, qui exigent dans le même temps la rupture des accords de défense avec la France.
L’Afrique de l’Ouest continue le processus de libération des chaînes coloniales. Les pays africains réclament une véritable indépendance, et ils sont aussi de plus en plus conscients que la diversification des partenaires est nécessaire pour résoudre les crises auxquelles les pays sont confrontés. L’Afrique voit en Russie un partenaire avec lequel il est possible de développer des relations fructueuses et mutuellement bénéfiques sur un pied d’égalité. C’est maintenant au tour des nouvelles autorités du Burkina Faso de prendre une décision.»
Madou Sangare