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Le Burkina en rouge: à qui la faute?

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Cette carte est établie à l'endroit des ressortissants français par le ministère des Affaires étrangères de leur pays

Le Burkina peint presque totalement en rouge! Vous êtes loin d’être au carnaval de Rio ou dans un atelier de peinture. C’est simplement la nouvelle carte que l’ambassade de France met à la disposition de ses ressortissants pour les guider dans les choix de leurs destinations et, le cas échéant, les prévenir des risques qu’ils pourraient courir en cas de situation d’insécurité. Il faut le dire, ce n’est pas l’apanage de la France de dresser ses genres de carte avec des zones rouges ? Tous les pays occidentaux sont coutumiers de cette pratique, ce d’autant que leurs ressortissants sont constamment dans le viseur des djihadistes qui écument actuellement le Sahel où ils se sont pratiquement sanctuarisés. Même les gendarmes du monde, les Etats-Unis, pour ne pas les nommer, lancent régulièrement des alertes pour mettre leurs ressortissants en garde contre les dangers qui les guettent lorsqu’ils doivent se rendre à l’extérieur. En plus des mille et une plaintes de sociétés et de particuliers qui devaient recevoir des partenaires étrangers qui ont dû se désister compte tenu de l’insécurité persistante à l’intérieur de nos frontières, nous avons eu personnellement l’information de l’interdiction de voyager vers le Burkina, par les Etats-Unis et le Canada de deux de leurs ressortissants impliqués dans la mission d’une grande institution de développement de l’Afrique.

Faut-il geindre face à ces alertes des Occidentaux alors que les pays «peintulurés» de rouge sont frappés par le terrorisme du fait qu’ils abritent et défendent des intérêts des mêmes Occidentaux dont les sécurocrates et diplomates interdisent la fréquentation à leurs concitoyens? Pourquoi se mettre en colère contre des pays qui prennent des dispositions pour ne pas être pris après dans les rets des terroristes qui leur imposent au mieux des rançons et au pire abattent leurs ressortissants pris en otage? Il est temps que les Africains prennent leurs responsabilités et assument leur entière souveraineté qu’ils brandissent au gré des occasions qui les arrangent et taisent toute honte bue, quand ils doivent tendre la sébile. Oui, tant qu’il y avait la quiétude au Burkina et au Mali, ces territoires n’ont jamais été déconseillés aux voyageurs. Ils étaient même très prisés pour les affaires et surtout leurs magnifiques atouts touristiques, que ce soit le magnifique «pays dogon» au Mali ou le chaleureux Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou au Burkina. Maintenant, ces deux pays sont dans l’œil du cyclone à cause de terroristes ou de trafiquants, ou d’«individus armés non identifiés» pour emprunter les mots chers à nos gouvernants dépassés par l’ampleur du drame qu’ils avaient négligé au stade embryonnaire. Malgré les attaques des «Twin towers» et du Pentagone le mardi noir du 11 septembre 2001, quel est le pays africain qui a interdit à ses ressortissants de se rendre à Washington? Malgré le raid sanglant du 7 janvier 2015 contre le siège de Charlie Hebdo, parmi les chefs d’Etat du continent qui sont allés verser des larmes à Paris et leurs homologues qui ont inondé l’Elysée de message de compassion, lequel a déconseillé la destination Paris à ses concitoyens?

Arrêtons de pleurnicher et prenons en main la sécurisation de nos territoires, quitte à recevoir après, «chez nous» celui qui fait notre affaire et commercer d’égal à égal avec des partenaires qui nous respectent. Sinon, tant que nous allons continuer à nous promener de la France à la Chine en passant par les Etats Unis et la Russie pour vivre sous perfusion d’une aide qui se fait de plus en plus rare compte tenu de la conjoncture économique internationale difficile, nos pays seront entièrement badigeonnés de rouge ou d’orange et nous n’y pourrons rien. En Afrique, et du reste ailleurs, l’adage dit péremptoirement que la main qui demande est toujours sous la main qui donne. Et comme nous le disons invariablement en citant l’éminent homme politique et écrivain burkinabè, le Professeur Joseph Ki-Zerbo, «on ne développe pas, on se développe».

Par Wakat Séra