Ceci est une opinion de Franck Bafeli qui revient sur les tensions entre le Burkina Faso et la France, et plus précisément sur la dénonciation d’un accord militaire par le premier pays qui demande le départ de son territoire, de la Force française «Sabre».
Dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays depuis plusieurs mois, le Burkina Faso a demandé cette semaine le départ des troupes françaises de son sol dans un délai d’un mois. Une information confirmée par le porte-parole du gouvernement du Burkina Faso ce lundi 23 janvier 2023 dans une interview sur la Radio-Télévision du Burkina (RTB).
La France, ex-puissance coloniale, se bat depuis des mois au Burkina Faso. Plusieurs manifestations ont eu lieu à Ouagadougou vendredi dernier, réclamant le retrait de la France du pays, qui compte environ 400 forces spéciales françaises, comme dans d’autres pays de la région sahélienne où elle s’est engagée militairement dans la lutte anti-djihadiste, une sorte de lutte gouvernementale à distance, surtout dans toute la région du Sahel, la force Serval puis la force Barkhane françaises étaient en quelque sorte dans une situation d’extraterritorialité au-dessus des États et des armées nationales.
Cette présence française, initialement motivée par les menaces terroristes, à un moment où son existence est plus controversée que jamais, et a en outre fortement pesé sur l’opinion publique que sur la scène internationale. Les résultats de neuf ans d’engagement n’ont pas été satisfaisants, ainsi qu’au Burkina Faso les critiques à l’encontre des militaires français ne cessent de s’aggraver et la situation sécuritaire continue de se dégrader, la présence de l’armée française étant déplorée non seulement par le gouvernement intérimaire, mais aussi par la population., qui a protesté à plusieurs reprises dans des manifestations exigeant le départ des derniers militaires français présents dans le pays.
La force Sabre, installée depuis 2018 à Kamboinsin, dans la zone périurbaine de Ouagadougou, a fini par ancrer dans l’opinion publique burkinabè le sentiment que les objectifs de sa présence militaire ont toujours été flous et n’ont jamais été conformes aux intérêts du pays. L’expulsion des forces spéciales intervient presqu’un mois jour pour jour après le renvoi du territoire burkinabè de deux citoyens français interpellés à la mi-décembre pour activités d’espionnage.
À la veille de cette affaire, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville de Ouagadougou pour dénoncer l’ingérence française dans les affaires intérieures du Burkina Faso, et sa complicité avec des groupes terroristes.
Ce fort ressentiment des Burkinabè contre la France officielle, qui, de par sa présence quasiment inutile pour le Burkina, comme confirme plus que jamais le rapt spectaculaire à la Boko Haram d’une soixantaine de femmes et d’enfants du 12 au 13 janvier 2023 dans le nord du pays par des djihadistes présumés sans que la France ne daigne faire décoller ses hélicoptères pour sauver les victimes. Avant que les autorités du Burkina Faso annoncent vendredi 20 janvier leur libération.
Reste à voir la forme que prendra ce «partenariat», selon les termes de l’accord du 17 décembre 2018, un mois aux Forces armées françaises pour quitter le territoire burkinabè», explique l’AIB, dont les informations reposent sur une «source proche du gouvernement». Et celle-ci de préciser: «Ce n’est pas la rupture des relations avec la France. La notification concerne uniquement les accords de coopération militaire».
Franck Bafeli