Selon la nouvelle loi électorale, votée par le Conseil national de la transition (CNT) et promulguée par l’homme fort de Bamako, tout militaire désireux de se présenter à la présidentielle censée remettre le pouvoir aux civils, pourra le faire. Il suffit à celui-ci de ranger béret, treillis et rangers au placard et d’enfiler le bonnet, le boubou et les babouches. En d’autres termes, le militaire doit avoir déposé sa démission auprès de l’armée, et ce quatre mois avant l’élection. Les députés de la transition voudraient changer le colonel Assimi Goïta en Monsieur Assimi Goïta pour le visser davantage sur le fauteuil présidentiel, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Car, sur les bords du Djoliba, si un homme a pu échapper au musellement que lui-même a imposé aux Maliens, notamment les politiques et les défenseurs des droits de l’homme, c’est bien Assimi Goïta. Comme quoi, c’est le colonel Assimi qui prépare le retour du civil Goïta!
Assimi s’accroche, les terroristes massacrent
Grâce au sentiment anti-occidental créé et entretenu par une officine connue et reconnue, et sur lequel il surfe admirablement, continuant d’isoler le Mali qu’il a retiré de la force conjointe que son pays a mis en place, avec le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie G5 Sahel par exemple et rendant non grata sur son territoire les forces française Barkhane et européenne Takuba, le double putschiste compte ainsi se donner une nouvelle virginité par les urnes. Sauf que pendant s’il s’accroche à un pouvoir qu’il a arraché par les armes, un certain 18 août 2020, les populations maliennes, déjà confrontées aux conséquences dévastatrices des sanctions économiques et financières draconiennes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), sont massacrées continuellement par les terroristes. La dernière tuerie en masse porte un bilan non exhaustif de 132 morts dont les Maliens sortent à peine du deuil officiel de trois jours.
Les gages de la junte militaire malienne
Fort heureusement, malgré ce que l’Imam Mahmoud Dicko a traité d’«arrogance», la junte malienne, à la veille du sommet de la CEDEAO et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) prévu pour le 3 juillet à Accra, essaie de donner des gages d’ouverture pour sortir de son statut de pestiféré de la communauté internationale et se rabibocher avec ses voisins. En tout cas, ce serait bien heureux pour le Mali de saisir la main tendue du président nigérien, à ses voisins, notamment ceux du Burkina et du Mali, tous dirigés par des juntes militaires et où les terroristes continuent de sévir. Mohamed Bazoum qui, lui, est convaincu que la lutte contre les forces du mal ne peut être gagnée que dans l’union et la mutualisation des efforts. Une vérité venue des bords du Niger et qui doit pouvoir faire trembler ces groupes semeurs de mort et de désolation, si elle est partagée à Ouagadougou et à Bamako.
Le Bénin pleure ses policiers
Ces hommes sans foi ni loi qui ne se contentent plus d’écumer le Sahel mais ont dressé leurs canons contre des pays de l’Afrique de l’ouest comme le Togo et le Bénin où ils multiplient les assauts meurtriers. Ces pays qui ont très mal à leurs frontières avec le Burkina sont de plus en plus mis en joue par des terroristes reconnus comme tels ou des hommes armés non identifiés (HANI). Pas plus tard que ce dimanche, le Bénin vient de faire les frais de la soif de sang inextinguible de ces terroristes qui ont attaqué le commissariat de Dassari, dans le nord du pays et non loin de la frontière avec le voisin burkinabè. Le bilan provisoire fait état de deux policiers tués, un autre blessé et deux terroristes anéantis. Il ne fait plus l’ombre du moindre doute que la nébuleuse fait montre d’un regain d’activisme qui n’est pas sans lien avec la désarticulation de Barkhane au Mali et sa réarticulation dans d’autres pays sous un format différent de l’ancien, mais toujours dans la logique de la lutte contre le terrorisme.
Au Niger, la guerre en passe d’être gagnée
En tout cas, la guerre contre l’hydre terroriste est en passe d’être gagnée au Niger. C’est avec conviction que l’a affirmé le chef de l’Etat nigérien dont le pays se distingue par sa détermination à réduire à leur plus simple expression ces groupes armés qui menacent le quotidien des populations nigériennes qu’ils contraignent à la fuite. Mais c’est non seulement en père de famille, soucieux du mieux-être des siens, mais en chef de guerre que le président Mohamed Bazoum affronte, avec les siens, les forces du mal. Sa nouvelle tournée à l’intérieur du Niger qu’il a entamée par la région de Diffa, proche du Nigéria d’où Boko Haram fait des incursions en territoire nigérien, s’inscrit dans la vision, non seulement de rassurer son peuple, mais de ramener, dans des villes et villages sécurisés, les Nigériens qui ont dû les abandonner sous la pression terroriste. En tout cas, «la guerre est en passe d’être gagnée», foi de Mohamed Bazoum, l’épouvantail des terroristes.
Par Wakat Séra