Le Mouvement du 21 avril en abrégé M21, a rencontré, ce mercredi 20 février 2019 la presse, à Ouagadougou, pour demander «pardon» aux Burkinabè car «le bonheur et l’espoir d’une vie meilleure» pour lesquels il s’est battu et qui ont été tant suscités après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ayant conduit à la chute du régime de 27 ans de Blaise Compaoré, se font toujours attendre. Le mouvement a fait un diagnostic de la situation nationale marquée notamment par l’insécurité et un besoin de réconciliation des Burkinabè en vue d’amorcer le développement du pays. C’est pourquoi, le président du M21, Marcel Tankoano, a recommandé au chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, de «reprendre langue avec les leaders déchus du régime de Blaise Compaoré sans rancune ni haine».
Qu’est-ce qui a maintenu le M21 qui était très actif sous la Transition et au début du mandat du président Kaboré, dans un mutisme total? A cette question, le premier responsable du mouvement a indiqué que son organisation a observé ce «long silence» pour réfléchir et faire des consultations tous azimuts. Le M21 croit «fermement qu’il est grand temps que nous réinterrogions notre histoire pour amorcer le vrai grand tournant» pour le développement du Burkina, a affirmé Marcel Tankoano.
Pour aller rapidement, le M21 recommande au chef de l’Etat de «quitter» les sentiers battus de la justice classique «très lentes», pour un modèle de justice «plus» en phase avec nos traditions et implémenter un modèle de dialogue pour une vraie réconciliation nationale, quitte à s’inspirer des modèles rwandais ou sud-africain, a poursuivi M. Tankoano qui estime que «plus nous resterons longtemps dans ce ni guerre ni paix, plus la nation se met en danger absolu».
C’est pourquoi le M21 demande à «tous les leaders déchus de l’administration Compaoré de rentrer au pays». Le mouvement pense que les Burkinabè doivent «se parler sans animosité, se dire la vérité, rendre justice et se réconcilier par nos traditions». A cet effet, l’organisation de la société civile a appelé le président du Faso à ouvrir au «plus vite» un débat national pour recueillir les propositions au sein des composantes de la population».
Le M21 s’est fait sien la citation du pacifiste et ex-président sud-africain, feu Nelson Mandela qui dit que les « gens courageux ne craignent pas le pardon, au nom de la paix». In fine, le mouvement invite le chef de l’Etat à «tout faire pour éloigner les spectres de 2014».
Par Bernard BOUGOUM