51 civils tués. C’est le lourd et triste bilan que les terroristes ont laissé derrière eux, ce samedi 8 août, suite à leurs incursions dans le nord-est du Mali. Karou, Ouatagouna, Dirga et Déoutéguef ont été la cible de ces groupes armés, qui ont fait une fois de plus, des victimes, au titre desquelles des femmes et des enfants en grand nombre. Le seul crime de ces populations, dont les survivants sont encore sous le choc et inconsolables, malgré les trois jours de deuil, décrétés par les autorités, en mémoire des morts, aurait été d’avoir donné des informations importantes sur les positions de ces hommes pour qui la vie humaine n’a plus aucune valeur. Ecumant sans répit des villages abandonnés à eux-mêmes, l’Etat y brillant par son absence, ces terroristes opèrent en toute impunité, maintenant les habitants sous la peur constante de tout perdre, y compris la vie.
Dans cette zone dite des «trois frontières» où elles se sont enkystées, les forces du mal bien qu’ayant perdu plusieurs de leurs cadres, le plus souvent neutralisés par la Force Barkhane, sèment la terreur. Des massacres qui risquent de s’intensifier si les militaires continuent d’arriver en retard, comme l’a affirmé un témoin des tueries dans cette partie du Mali qui fait frontière avec le Niger, les militaires, ils n’ont été vus sur les lieux du drame, que le lendemain. Si les attaques n’ont pas encore été revendiquées, le modus operandi fait pointer du doigt, l’Etat islamique dans le grand Sahel, l’EIGS.
Mais que peuvent réellement les Forces armées maliennes, dont les troupes au front sont, pour la plupart sous équipées, alors que les officiers supérieurs se battent dans la capitale pour le pouvoir politique? Les soldats, des jeunes, pères de famille, qui laissent derrière eux femmes et enfants, avec pour seules armes, leur courage et les bénédictions des anciens qui invoquent sur eux Allah et l’esprit des ancêtres, peuvent peu. Vite dépassées par la puissance de feu de l’ennemie qui les frappent lâchement, utilisant à souhait des mines artisanales, les troupes loyales n’ont de salut que le repli pudiquement qualifié de «tactique». Sinon, c’est la mort assurée, les décorations posthumes et les deuils nationaux avec. Que deviennent leurs veuves et orphelins? Ils pleurent toutes les larmes de leur corps et s’en remettent à la volonté de Dieu.
Comme on le dit trivialement, «ça craint» au Mali, surtout avec le départ annoncé de Barkhane du Sahel. Nonobstant les critiques qu’elle essuie, à tort ou à raison, mais assurément à cause du sentiment anti-français qui s’est installé dans ce pays et d’autres, la force française a fait ses preuves, souvent au prix du sacrifice de ses hommes, dans cette lutte contre l’hydre terroriste. Un monstre dont les têtes coupées, repoussent presqu’immédiatement. A quand la fin? Une interrogation qui ne connaîtra peut-être réponse qu’avec le retour de la cohésion nationale, de la bonne gouvernance, du retour à l’Etat de droit, et de la réforme des armées pour en faire de véritables instruments de défense de l’intégrité territoriale et des populations et de leurs biens.
En attendant de mettre fin au cycle de violences meurtrières que lui imposent les «hommes armés non identifiés» qui endeuillent, sans distinction, civils et militaires, le Burkina Faso, qui lui aussi gère cette guerre asymétrique avec moins d’heurs que de malheurs, s’est engagé dans le jugement des terroristes. C’est ainsi que ce mardi, deux assaillants ont été jugés. La Chambre correctionnelle spécialisée du pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme, les a condamnés, à 20 ans de prison assorti d’une peine de sureté de 15 ans, pour des faits d’association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme, détention illégale d’armes à feu, vol et dégradation aggravée de biens. Les deux membres de Ansarul islam, groupe du prédicateur Malam Dicko, qui prône la charia, ont soutenu devant le juge qu’ils ne commettent pas ces actes, qualifiés de terroristes, pour de l’argent mais pour Dieu, affirmant que les lois du Burkina Faso ne sont pas en conformité avec celles de leur religion. Et c’est pour éviter que Dieu leur demande des comptes dans l’au-delà, selon eux, qu’ils tuent. De la radicalisation à l’état pur!
Par Wakat Séra