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Le Mozambique va-t-il entrer dans une année de feu?

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Qui pour éteindre le feu des manifestations post-électorales au Mozambique?

Le Mozambique en feu, suite à la validation, par le Conseil constitutionnel, des résultats de l’élection présidentielle du 9 octobre, qui ont confirmé la victoire de Daniel Chapo, le candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo). En réalité, c’est ce qui devait arriver qui arrive! Avant même la publication des résultats provisoires qui ont annoncé vainqueur, le champion du parti qui domine la vie politique mozambicaine depuis un demi siècle, Venancio Mondlane, le candidat du Podemos, avait dit haut et fort qu’il ne reconnaîtrait pas le verdict de ce scrutin général qui, soutient l’opposant, et certains observateurs, est entaché d’irrégularités et de fraudes. C’est ainsi que depuis maintenant plus de deux mois, de violentes manifestations, réprimées d’une main lourde par les forces de l’ordre, secouent le Mozambique, avant que Chido, le cyclone meurtrier qui s’est abattu sur le pays, le 15 décembre, n’en rajoute à une situation, politiquement, bien électrisée. Les morts du passage dévastateur de la catastrophe naturelle se sont, alors, empilés sur ceux de la catastrophe humaine, conséquence de la répression sans commune mesure et disproportionnée de la contestation des élections.

Malheureusement, l’embrasement du Mozambique, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, compte tenu de la détermination des populations, assoiffées de changement, ne semble pas trouver de sapeur-pompier à sa mesure. Ni sur le plan national, encore moins dans les pays voisins, dont la plupart observent un silence de mort face aux…morts des différentes manifestations de protestation. Certains pouvoirs, notamment ceux qui ont connu des mouvements et guerres de libération, comme l’Afrique du sud et le Zimbabwe, n’ont pas hésité à reconnaître, comme dans un élan de solidarité entre «libérateurs», la victoire du Frelimo qui, selon Venancio Mondlane, a pris en otage la gestion du pouvoir par la «force» et le «terrorisme d’Etat». Avec son assise politique qui s’est renforcée sur 50 ans de règne sans partage, depuis l’indépendance du Mozambique en 1975, et l’appui de l’armée, ce parti et ses politiciens s’offrent toujours les moyens de se maintenir aux affaires. Mais en face, fort de sa détermination et de l’envie de la majorité du peuple, notamment une jeunesse qui n’a connu que le Frelimo, le chômage, la vie chère et l’absence de perspectives pour l’amélioration du quotidien, l’opposant Venancio Mondlane, fer de lance de la contestation, ne veut rien lâcher.

Mais de son exil, parce que ayant peur, dit-il, pour sa sécurité, le candidat déclaré «vaincu», sera-t-il en mesure de «libérer» le peuple, comme il le promet? Le président proclamé, qui attend d’être investi le 15 janvier 2025, respectera-t-il son slogan d’être «le président de tous les Mozambicains»? Les voisins du Mozambique, se décideront-ils, enfin, à mettre de côté les intérêts du syndicat des «libérateurs», pour éteindre, pour le bonheur du peuple, le feu qui ravage ce pays et provoque la fuite des populations et met en péril l’économie sous-régionale? Autant d’interrogations qui demeurent et font planer des inquiétudes légitimes sur le brasier mozambicain.

Le Mozambique va-t-il entrer dans une année de feu?

Par Wakat Séra