58,27%. Sans prendre les allures d’une victoire stalinienne, le score est sans appel et confirmé par le conseil constitutionnel ce mardi 5 mars, ouvre pour Macky Sall, la voie d’un nouveau bail de cinq ans à la tête du Sénégal. Certes, dès la proclamation des résultats provisoires, l’opposition qui était certaine d’un second round dans la course à la présidentielle du 24 février 2019, a rejeté les chiffres de la Commission nationale de recensement des votes (CNRV). Une posture bien classique dans les élections, notamment sur le continent noir où le vainqueur est presque toujours connu à l’avance, surtout quand le président sortant, candidat à sa propre succession est en même temps arbitre et joueur. Le Sénégal, malgré son statut de garçon aîné de la démocratie africaine, n’a pas échappé à ce schéma. Les doutes autour du triomphe «du lion de Fatick» se sont exacerbés avec l’annonce précipitée de son Premier ministre, au soir du scrutin, d’une victoire par 57% de son champion. Comme s’il connaissait l’issue de la course. Du reste, les suspicions de fraude persistent car le chiffre du Premier ministre n’est pas du tout loin de celui de la CNRV, confirmé par le conseil constitutionnel. Comme quoi le chef de l’exécutif sénégalais, s’il n’était pas dans le secret des urnes est un excellent pronostiqueur.
En tout cas, malgré son coup KO dès le premier round, Macky Sall et la coalition Benno Bokk Yaakaar qui le porte doivent faire preuve de modestie dans la célébration de ce succès électoral qui est loin d’être sans tache. En effet, l’histoire retiendra que pour parvenir à ses fins, l’«ancien nouveau» président a dû, par justice interposée, évincer de la course, ces principaux adversaires qu’étaient Karim Wade, le fils de l’autre et surtout le très populaire ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Mais qu’à cela ne tienne, le Sénégal postélectoral doit pouvoir passer à autre chose. Et ce sera un énorme défi pour le président Macky Sall de commencer par recoller les morceaux d’un pays très divisé à cause des querelles de politiciens aux intérêts égoïstes et très personnels. La grande difficulté pour le chef de l’Etat sera donc de renouer les fils du dialogue avec son opposition, ses organisations syndicales et une bonne partie de sa société civile qui sont souvent en désaccord avec le pouvoir en place. Dans le même temps, la croissance économique gagnerait à être mieux partagée et de façon équitable entre tous les Sénégalais. Et toujours au titre de ses 12 travaux, l’Hercule sénégalais devra s’atteler à la création d’emplois, pour une jeunesse fortement confrontée au chômage. Il urge pour Macky Sall de se mettre à l’ouvrage pour retrouver la confiance des siens, car malgré leur gigantisme, les infrastructures qu’il a réalisées sous son premier mandat ne peuvent renflouer le panier de la ménagère.
Tout est donc accompli au Sénégal. Malgré les derniers soubresauts d’opposants qui contestent sa victoire mais ne veulent pas déposer de recours auprès d’un conseil constitutionnel qu’ils pensent acquis à la cause du prince, Macky Sall tient son deuxième mandat, un quinquennat qui, pourtant, risque de ne pas être un fleuve tranquille pour lui.
Par Wakat Séra