Accueil A la une Législatives anticipées sénégalaises: la deuxième mi-temps du match Ousmane Sonko-Macky Sall!

Législatives anticipées sénégalaises: la deuxième mi-temps du match Ousmane Sonko-Macky Sall!

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Des législatives anticipées qui pourraient bien réserver des surprises (Ph. d'illustration Monafrique)

Les législatives anticipées de ce dimanche 17 novembre, prennent l’allure d’un match, non pas des Lions de la Teranga déjà qualifiés pour la prochaine Coupe d’Afrique des nation, la 35e édition que le Maroc s’apprête à accueillir, mais un duel de loin, entre l’ex-président Macky Sall et son meilleur ennemi, le Premier ministre Ousmane Sonko, ce dernier étant la tête de liste des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, le Pastef, parti au pouvoir. Macky Sall, lui, a quitté sa retraite qui n’a duré que le temps pour lui, de démissionner de ses fonctions d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), pour prendre le lead de la liste de la coalition de l’opposition Takku Wallu Sénégal, une alliance politique entre son parti l’Alliance pour la République (APR) et le Parti démocratique sénégalais (PDS) de son prédécesseur à la tête de l’Etat, Me Abdoulaye Wade. Comme un retour aux sources pour Macky Sall!

41 listes seront en compétition pour désigner les 165 députés de la 15e législature. Cette élection, attendue par un Sénégal en pleine expérience de la «rupture» promise par le président Bassirou Diomaye Faye, il faut l’espérer, se déroulera dans un climat pacifique. Il y a lieu d’appeler les Sénégalais, notamment la jeunesse à ne pas continuer, aveuglément, à faire le jeu de politiciens qui se nourrissent toujours de la division et du chaos. Certes la fracture socio-politique semble bien profonde entre les Sénégalais, mais tous ont le devoir patriotique de faire de ces élections, des moments conviviaux et de fraternité, contrairement à une campagne électorale cousue de violences, de discours haineux, de propos véhéments, d’agressions physiques de militants de l’opposition comme du pouvoir, de sortie malheureuse du Premier ministre Ousmane Sonko, qui, avant de rétropédaler, avait appelé ses militants à l’application de la loi du Talion, etc.

Mais, à l’instar de la démocratie américaine qui a été confrontée à l’inattendue épreuve de l’assaut sur le Capitole, le 6 janvier 2017, à l’appel de Donald Trump qui contestait le verdict des urnes de l’élection présidentielle, la démocratie sénégalaise continue de montrer sa maturité, par la chute du mercure qui n’a que trop monté durant la campagne pour les prochaines législatives. Pourvu que les démons de la violence aient été éloignés pour de bon, pour le retour de la sérénité autour des urnes, le 17 novembre, et la crédibilité des résultats qui vont en sortir. Ce premier test grandeur nature pour le Pastef, est trop important pour le jeune, au propre comme au figuré, pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, qui, après avoir dissous l’Assemblée nationale, y espère, avec les législatives anticipées, une majorité qui devra lui permettre, de conduire, sans accroc, «Sénégal 2020», le nouveau référentiel de développement du pays.

Sauf que pour donner les couleurs de son choix au nouveau parlement, le Pastef devra passer sur le corps de l’ancien président Macky Sall, qui défend la nouvelle coalition de l’opposition Takku Wallu et compte donner la preuve qu’après le pouvoir, il y a encore le…pouvoir. Sans avoir quitté le Maroc où il a désormais déposé ses pénates, le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye, rassemble large autour de lui, pour faire garder à l’opposition, la propriété de l’Assemblée nationale. C’est ainsi que le Pastef risque de se retrouver seul contre tous, les opposants, en coalitions comme en partis, s’étant donné le mot d’ordre de l’union pour mettre en difficulté le pouvoir.

Réussiront-ils à faire mordre la poussière aux troupes d’Ousmane Sonko? Ça sera très difficile, le Pastef continuant de surfer sur le tsunami qui l’a porté au pouvoir en mars 2024. Même si à l’épreuve du pouvoir, l’édifice pourrait prendre de l’eau par les fissures qui ne manqueront pas de fragiliser l’édifice. Les experts en politique, et même des militants du Pastef, évoquent des soucis d’égo qui pourraient affleurer entre les deux dirigeants, qui, eux, écartent avec force, toute situation de genre conflictuel entre eux. A peine s’ils n’en rient pas d’ailleurs.

Entre Macky Sall et Ousmane Sonko, qui gagnera cette nouvelle confrontation, les deux capitaines et leurs équipes ayant, fait important, changé de camp, comme pour une deuxième partie, après la mi-temps de la présidentielle? S’ils ont gardé les mêmes maillots, l’opposition est devenu le pouvoir, et le pouvoir est devenu l’opposition. Seul l’arbitre, en l’occurrence le peuple, est resté le même. Quel que soit le gagnant ou le perdant de ce duel à distance des législatives anticipées, les deux protagonistes se retrouveront, sans doute, encore, sur cette scène politique sénégalaise toujours en effervescence.

Par Wakat Séra