Dans le cadre des élections législatives et régionales du 29 avril 2024, la République togolaise a invité la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) dont elle est membre, à participer à l’observation de ces consultations électorales. Si la mission de sept membres qui a séjourné à Lomé du 27 avril au 1er mai, et conduite par l’Ambassadeur Youssouf Sangaré, ancien ambassadeur du Burkina Faso auprès de l’organisation, a considéré le double scrutin «comme libre, équitable et transparent», c’est après avoir mis dans la balance des résultats de son travail sur le terrain, les avancées, mais aussi les insuffisances du processus.
Comment les observateurs de la CEN-SAD ont-ils travaillé du début à la fin du vote? Explications du chef de mission: «Le 29 avril 2024, à partir de 6 heures, les équipes des observateurs de la CEN-SAD se sont déployées sur le terrain notamment, dans les régions maritimes, des lacs, des golfes et des plateaux.
Les équipes des observateurs de la CEN-SAD ont constaté que la majorité des bureaux de vote ont ouvert à temps.
Les bons points
Au cours de leurs missions, les observateurs ont noté que:
- Le matériel électoral était de qualité satisfaisante;
- L’emplacement des urnes et celui des isoloirs dans les bureaux de vote garantissait respectivement la transparence et la discrétion des élections;
- Les agents électoraux maitrisaient de façon générale les opérations de vote;
- La présence des «Force Sécurité Elections Législatives et Régionales» (FOSELR) dont la mission salue le professionnalisme, étaient effectives et discrètes;
- La disponibilité des agents des bureaux de vote vis-à-vis des observateurs;
- Les observateurs de la CEN-SAD ont remarqué une bonne ambiance dans les centres de vote.
Le chef de mission a également souligné, au titre des améliorations apportées par le pouvoir, la prise en charge des délégués des partis dans les bureaux de vote, que ces partis soient de l’opposition ou de la majorité. Il a aussi donné un bon point à l’Etat togolais qui a revu à la baisse les cautions de candidature, passant par exemple, pour les législatives, de 500 000 FCFA à 300 000 FCFA, par candidat.
Des insuffisances
A côté des mérites, les équipes de la mission de la CEN-SAD n’ont pas manqué de souligner certaines insuffisances, même si celles-ci, selon la formule consacrée, elles «ne sont pas de nature à entacher la transparence et la régularité du double scrutin du 29 avril 2024».
- L’on note la présence plus ou moins effective des délégués des partis politiques;
- Peu de présence des observateurs internationaux dans certaines circonscriptions électorales;
- Il est à signaler quelques contestations relatives à la détermination des bulletins nuls;
- Il y avait encore des files d’attentes des électeurs dans certains bureaux de vote à la clôture du scrutin.
Toutefois, il est dit que l’observateur est comme l’étranger qui a de gros yeux mais ne voit rien. C’est ainsi que les journalistes avec qui la mission de la CEN-SAD a partagé ses constats ont ouvert le bal des questions, considérant qu’une élection ne se limite pas au jour dit. Reconnaissant qu’avec son équipe ils sont arrivés au Togo avec du retard, l’ambassadeur Youssouf Sangaré a tout de même relevé qu’à travers «son point focal ici, ils avaient une vue de la situation», parce qu’une élection «s’observe en amont, pendant et en aval». Que pense-t-il alors de l’interdiction à l’Eglise catholique de prendre part à l’observation des élections? La CEN-SAD était informée de cette question, mais n’avait pas de marge de manœuvre pour interagir sur le sujet, a affirmé le chef de mission qui a également justifié le choix des régions où ses équipes ont séjournées, par le temps relativement court de leur déploiement.
En tout cas, une fois de plus, la mission de la CEN-SAD a mis son expérience à la disposition de l’ancrage de la démocratie en Afrique, malgré les aspects à peaufiner dans l’observation, afin de la rendre plus efficace, en attendant qu’elle disparaisse quand les acteurs des élections seront suffisamment aguerris et surtout de bonne foi pour organiser des élections libres et transparentes sur toute la ligne.
Par Wakat Séra à Lomé