Qui a des nouvelles de la CENI? Une interrogation qui a circulé toute la journée de ce mardi, jour+1 des législatives et régionales du 29 avril 2024.
C’est dire combien la Commission électorale nationale indépendante (CENI), seule structure habilitée à publier les résultats provisoires, après compilation des votes, tient les Togolais en haleine. Le double scrutin qui s’est déroulé dans le calme et commence à obtenir le quitus des observateurs, tant nationaux qu’internationaux, est suivi de très près, car étant les premières élections de la 5e république, mais surtout celles dont les élus devront désigner les premiers dirigeants du nouveau régime parlementaire qui remplace celui présidentiel selon la nouvelle constitution en attente de promulgation par le chef de l’Etat. En attendant, selon les premiers chiffres sortis des urnes, le parti au pouvoir, qui a mis le turbo durant la campagne électorale, boit son petit lait. Dans les huit circonscriptions dont les résultats ont été communiqués ce soir de mardi, l’UNIR a pris le large sur ses concurrents qui, jusqu’ici ne sont cités qu’avec des récoltes de voix insignifiantes.
Que ce soit dans les circonscriptions électorales de Tchaoudjo ou de Bassar où l’UNIR est en roue libre vers la victoire, où des Lacs, de Kéran, d’Assoli, de Haho, de Mô, de Kpélé, d’Anié et de Doufelgou, où il a déjà raflé tous les sièges des Législatives et des Régionales, le parti du «pigeon blanc dans un ciel bleu», qui semble être sur une autre planète, ne laisse pour l’instant aucune chance à ses adversaires. Sauf que c’est seulement une infime partie des résultats des 39 circonscriptions électorales, qui a été donné et ces chiffres ne sont que provisoires. La tendance peut, à tout moment être renversée ou tout au moins ralentir. Sinon au rythme actuel, c’est une véritable razzia de l’UNIR qui se profile. Tout porte à croire qu’au Togo, il y a l’UNIR et les autres. Ce qui est loin de faire la beauté de la démocratie qui a besoin de plusieurs voix pour être aboutie.
Certes, le travail en amont des élections, pour convaincre les populations, est essentiel, et l’UNIR semble s’en donner les moyens. Certes, le gouvernement a pris en charge tous les délégués de tous les partis politiques confondus, dans les bureaux de vote. Certes les montants de la caution par candidat, ont été revus à la baisse, ramenant par exemple la somme à payer au Trésor public, de 500 000 FCFA à 300 000 FCFA, en ce qui concerne, par exemple, les Législatives. Certes, les partis politiques perçoivent une subvention de l’Etat. Certes d’autres avantages sont servis aux partis, mais il n’en demeure pas moins que sous les tropiques, les moyens des partis au pouvoir sont souvent colossaux, toute chose qui déséquilibre les forces sur le terrain, confinant toujours l’opposition dans les seconds rôles.
Mais que font ces mêmes partis de l’opposition pour exister entre deux élections? Par leur pléthore, alors que les idéologies politiques ne sont pas mille, et allant toujours en rangs dispersés, chacun préférant être tête de rat que queue de lion, les partis d’opposition ne contribuent-ils pas à leur propre malheur? Sans oublier que bien des opposants qui ont pu venir aux affaires, sont devenus méconnaissables, tant leur pratique du pouvoir est aux antipodes des valeurs qu’ils défendaient quand ils étaient de l’autre côté du gué.
En attendant, il faut juste espérer que les dieux du discernement et de la tolérance, tout comme l’esprit de la paix, continuent de régner sur le Togo dont les populations et les leaders politiques font désormais la preuve que le fair-play n’est pas que sportif mais aussi politique. Ce qui change, énormément, ce pays coutumier des violences pré et postélectorales.
Par Wakat Séra