«J’adresse à la France, pays hôte, et au mouvement olympique, mes meilleurs vœux de succès pour ce rendez-vous de l’excellence sportive mondiale et de la fraternité humaine. En nous réunissant ici, sous la bannière de l’Olympisme, nous faisons vivre la tradition antique de la Trêve olympique, célébrant les idéaux de paix, de sécurité et de compréhension mutuelle entre les peuples.» Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a certes bien loué les vertus des Jeux olympiques, XXXIIIe du genre, que la France accueille du 26 juillet au 11 août. Mais en dehors des formules diplomatiques et des paroles obséquieuses, qui seront de mise à l’ouverture des Jeux ce vendredi, tout se jouera sur le terrain de la compétition. Car, après tout, ce sont les meilleurs qui monteront sur les podiums, les couleurs nationales sur les épaules et feront retentir dans le ciel parisien, les hymnes nationaux de leurs pays respectifs. En un mot, ils feront la fierté de toute une nation, grâce à leurs performances individuelles ou collectives.
Du coup, il faudra mouiller le maillot durant ces jeux qui, depuis les bords de la Seine, tiendront en haleine, durant près d’un mois, le monde entier, grâce à la magie de la radio, de la télévision et de l’internet. Les Africains, de plus en plus déterminés à jouer dans la cour des grands, joueront crânement leurs chances, sur tous les terrains. Que ce soit en aviron, en football, en natation, en cyclisme, en boxe, en athlétisme, en basket-ball, en sauts en longueur, en natation, etc., les représentants du continent noir promettent de rugir comme les Lions de l’Atlas qui ont déjà terrassé les Argentins, par 2 buts à 1, pour leur entrée en lice. Mais, le sport, bien que faisant appel à un minimum de facteur chance, n’étant point le domaine des miracles, les Africains auront-ils réellement l’opportunité de briller de mille feux? Rien n’est moins sûr pour les athlètes qui vivent et s’entraînent sur un continent noir, où, en dehors de pays comme le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du sud et l’Algérie, les infrastructures et les techniciens de qualité sont une espèce rare, voire inexistante.
Le pari de Paris 2024, à l’instar des rendez-vous olympiques précédents, ne sera pas des plus faciles à relever pour de nombreux Africains. Les Africains courent bien, mais, souvent, juste pour échapper aux balles des terroristes qui infestent le Sahel. Les Africains courent bien, mais derrière le pain quotidien qui n’est pas facile à attraper en ces temps de crise économique mondiale. Les Africains courent bien, mais pour échapper aux forces de l’ordre, lors des manifestations de rue contre la vie chère et pour exiger, des pouvoirs de fer, des espaces de liberté et de respect des droits humains. Les Africains courent bien, mais poursuivent, généralement, le salaire des fins de mois difficiles, dans le public comme dans le privé. Les Africains courent vite, mais c’est pour essayer de trouver une place dans les amphithéâtres d’universités où, seuls les étudiants qui y passent la nuit, ont la chance de suivre les cours aux premières loges. Les Africains courent bien, mais derrière des victoires d’élections qui leur ont été volées. Les Africains courent vite, mais c’est pour fuir les guerres comme au Soudan et République démocratique du Congo. Les Africains courent bien, et quand ils n’en peuvent plus, et tombent malades, ils savent qu’ils se retrouveront dans des centres de santé dont la plupart, qui manquent du tout au tout, ne sont que l’ultime étape vers le cimetière le plus proche. En somme, la XXXIIIe olympiade sera, une fois de plus de la figuration pour bien des athlètes africains.
Cependant, comme à l’accoutumée, l’Afrique pourra compter, en athlétisme, sur des guépards et des gazelles, venus du Kenya et d’Ethiopie, tout comme les rugbymans sud-africains et les footballeurs marocains, constituent des atouts pour des victoires du continent noir. Au Burkina Faso, tous les regards seront tournés vers celui qui est devenu un monstre du triple saut, «l’Etalon volant», Hugues Fabice Zango qui s’entraîne en France, mais sait faire résonner le Ditanyè, l’hymne de la victoire, à travers le monde. En tout cas, les athlètes africains auront à cœur de marcher dans les roues du cycliste érythréen, Biniam Girmay Hallu, le premier cycliste Noir Africain qui a remporté une étape du Tour de France et qui, c’était le 21 juillet à Nice, a franchi, le maillot vert sur les épaules, la ligne d’arrivée de la prestigieuse compétition.
Pour les Africains, contrairement au bel idéal des Jeux olympiques, prôné par leur père fondateur, le baron Pierre de Coubertin, l’essentiel ne sera pas de participer, mais de gagner!
Et que vive Paris 2024!
Par Wakat Séra
