Ceci est une note de Oxfam dans laquelle, l’organisation estime que « les dépenses de santé doivent immédiatement doubler dans les pays pauvres pour éviter des millions de décès « .
Oxfam a appelé aujourd’hui à une enveloppe de près de 160 milliards de dollars afin d’annuler immédiatement les dettes et de financer un plan mondial de santé publique et d’intervention d’urgence pour sauver des millions de vies face à la pandémie de coronavirus.
Ce plan en cinq points permettrait aux pays pauvres de prendre des mesures pour prévenir la propagation de la maladie et renforcer les capacités des systèmes de santé à prendre en charge les personnes touchées.
La pandémie a causé de grandes souffrances dans les pays riches, submergeant certains des meilleurs systèmes de santé du monde. Or, compte tenu que la maladie a désormais atteint de nombreux pays en développement marqués par un taux élevé de pauvreté et de fortes inégalités, la propagation va s’accélérer et les défis de santé publique seront d’autant plus importants. Près de 3 milliards de personnes dans les pays en développement n’ont pas accès à de l’eau potable, et des millions d’autres n’ont pas de soins de santé adéquats et vivent dans des bidonvilles surpeuplés ou des camps de réfugié-e-s où les mesures d’isolement social sont impossibles à mettre en œuvre. Les femmes seront le plus durement touchées, car elles représentent 70 % des travailleurs et travailleuses de la santé et assument la plupart du fardeau de soins non rémunérés dans le monde.
Jose Maria Vera, directeur général intérimaire d’Oxfam International, a fait la déclaration suivante : « Au Mali, il n’y a que trois respirateurs pour un million de personnes. En Zambie, il n’y a qu’un médecin pour 10 000 personnes. Forte de son expérience dans la lutte contre le virus Ebola, Oxfam sait qu’une action rapide permettrait de ralentir la propagation de cette maladie et d’enrayer son impact catastrophique. Cependant, il faut agir dès maintenant, et à une échelle jamais vue auparavant. Sans une action urgente, ambitieuse et historique, nous pourrions facilement assister à la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. »
L’Imperial College de Londres estime que jusqu’à 40 millions de personnes dans le monde pourraient perdre la vie si nous ne prenons pas des mesures urgentes. Oxfam a calculé qu’il faudrait 159,5 milliards de dollars pour doubler les dépenses de santé des 85 pays les plus pauvres, où vit près de la moitié de la population mondiale. Ce montant représente moins de 10 % du plan de relance économique proposé aux États-Unis en réaction au coronavirus. Si certains bailleurs institutionnels ont commencé à augmenter leur financement, ces fonds restent largement insuffisants pour répondre à ce défi colossal.
Oxfam travaille avec des partenaires locaux, des ministères de la Santé et les principales agences des Nations Unies dans 65 pays pour répondre à la crise et aider à sauver des vies. À Cox’s Bazar, au Bangladesh, où plus de 855 000 Rohingyas vivent dans des camps de fortune, Oxfam a déjà renforcé les mesures préventives telles que la distribution de savon et la mise en place de stations pour se laver les mains dans les installations communes pour aider quelque 70 000 réfugié-e-s. Dans le camp de Zaatari, en Jordanie, qui est le plus grand camp de réfugié-e-s syrien-ne-s au monde, Oxfam a déjà commencé à sensibiliser 2 000 enfants à l’hygiène et à l’importance de se laver les mains. L’objectif serait de desservir 78 000 personnes en eau, hygiène et assainissement. Enfin, au Burkina Faso, où 780 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, Oxfam travaille actuellement dans certaines des plus grandes zones de déplacé-e-s internes pour s’assurer que les communautés d’accueil et les personnes déplacées ont accès à de l’eau potable. Tous les gouvernements doivent appuyer et financer intégralement le plan mondial de réponse humanitaire des Nations Unies afin de répondre aux besoins humanitaires criants qui se présentent.
Oxfam exhorte le G20 et les autres gouvernements du monde à s’attaquer de front au virus en adoptant un ambitieux plan mondial de santé publique et de réponse d’urgence. Dans ce plan en cinq points, nous demandons :
- Un énorme investissement dans la prévention. Promotion de la santé publique, mobilisation communautaire, accès des intervenant-e-s humanitaires aux pays dans le besoin, approvisionnement en eau potable et mise en place d’installations sanitaires, en particulier pour que les gens puissent se laver les mains.
- La mobilisation de 10 millions de nouveaux travailleurs et travailleuses de la santé rémunéré-e-s et protégé-e-s. Conjointement avec l’acheminement en toute urgence de fonds et d’équipement pour les intervenant-e-s locaux et les humanitaires sur le terrain.
- La gratuité des soins de santé. Tous les soins de santé, les tests et les traitements doivent être gratuits.
- La réquisition par les gouvernements de tous les établissements de santé privés. Les gouvernements doivent réquisitionner l’ensemble des capacités de soins de santé de leur pays, en veillant à ce que tous les établissements, tant privés que publics, se consacrent à lutter contre ce virus et à répondre aux autres besoins de santé essentiels.
- La disponibilité des vaccins et des traitements en tant que bien public mondial. Nous devons parvenir à un accord mondial pour veiller à ce que les vaccins et les traitements, lorsque prêts, soient rapidement et gratuitement mis à la disposition de ceux et celles qui en ont besoin. Les profits des entreprises pharmaceutiques ne peuvent avoir préséance sur le bien et l’avenir de l’humanité.
« Il est compréhensible que les dirigeant-e-s du monde s’emploient à aider leurs propres citoyen-ne-s, mais le G20 doit également se pencher sur la situation des pays pauvres et leur venir en aide. Nous ne vaincrons cette pandémie que si nous agissons en solidarité avec chaque pays, en aidant chaque personne. Personne ne sera en sécurité tant que nous ne le sommes pas tou-te-s. », ajoute M. Vera.
Notes aux rédactions
- 24 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence au Sahel et 4,3 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays. 2,6 millions ont besoin d’une aide humanitaire en RCA et plus de 600 000 sont déplacées à l’intérieur du pays. (OCHA)
- La couverture santé universelle de l’Afrique de l’Ouest est la plus faible de toutes les sous-régions de l’Afrique. La couverture santé universelle moyenne dans la région de la CEDEAO est de 38%. (Oxfam WAF CRII)
- Le nombre de personnels médicaux et infirmiers et d’équipements est très insuffisant moins d’un médecin pour 10 000 habitants au Sahel, au Libéria ou en Sierra Leone, quinze fois en dessous de la moyenne mondiale, et 32 fois en dessous de la moyenne française – où le système de santé est à peine déjà confronté.
5 infirmières pour 10 000 habitants au Sahel, 1 pour 10 000 au Mali, alors que la moyenne mondiale est de 35 infirmières pour 10 000 habitants.
Seulement 3 respirateurs pour 1 million de personnes au Mali(OMS) - La population de l’Afrique de l’Ouest souffre du plus grand manque d’accès à l’eau et à une éducation décente en Afrique. Le Nigeria a le pire score sur les dépenses sociales, non seulement en Afrique mais dans le monde (Oxfam WAF CRII)
- Le secteur informel est la principale source d’emploi. Les travailleurs informels, principalement des femmes, vivent dans des conditions précaires, sont mal payés, parfois bien en dessous du seuil de pauvreté. L’impact sera plus dur encore pour ceux qui ne sont pas conséquent pas en mesure de faire face à une perte de revenus et à la hausse des prix des aliments et autres produits essentiels. Par exemple, au Sénégal, 3,8% seulement des emplois sont dans le secteur formel. (Oxfam WAF CRII)