Marrakech, le 16 avril 2019 (CEA) – L’accès des femmes africaines aux financements est essentiel pour que le continent puisse atteindre les Objectifs de développement durable, déclare ce mardi, la Secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Giovanie Biha.
S’exprimant lors d’un évènement pour discuter du African Women Leadership Fund (AWLF) à Marrakech, au Maroc, en prévision du cinquième Forum régional africain pour le développement durable (FRADD), Mme Biha dit que l’adoption de mesures appropriées pour intégrer la problématique hommes-femmes dans les économies africaines entrainera l’inclusion financière, garantira l’autonomisation économique des femmes et la réalisation des ODD, contribuant ainsi à changer le visage du continent.
Selon le rapport de la CEA sur les femmes africaines (AWR 2013), l’incapacité à intégrer l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes dans les économies nationales a coûté aux pays africains une perte de productivité combinée de 95 milliards de dollars par an.
« Ceci est un indicateur du fait que l’exclusion financière des femmes n’est pas une option pour notre continent », indique Mme Biha, ajoutant que le Fonds en question est un fonds d’impact visant à renforcer l’autonomisation économique des femmes et à accélérer l’émergence de gestionnaires du fonds pour les femmes africaines qui à leur tour investiront et développeront des entreprises et des micro-entreprises dirigées par des femmes africaines.
Au cours de la prochaine décennie, le fonds aura investi jusqu’à 500 millions de dollars dans des entreprises appartenant à des Africaines et dirigées par celles-ci.
Le fonds repose sur six piliers :
- Fournir aux femmes entrepreneurs africaines l’accès à un capital durable ;
- Donner aux coopératives africaines l’accès à un capital durable ;
- Réduire les obstacles à l’entrée des gestionnaires d’actifs compétents axés sur les femmes dans des entreprises détenues par des femmes et dirigées par des femmes ;
- Fournir une assistance technique pour accélérer la courbe d’apprentissage de la gestion de fonds et soutenir la croissance et l’expansion ;
- Fournir un capital de départ pour développer un bilan et accélérer la collecte de fonds et d’envergure ;
- Mettre l’accent sur la durabilité et l’évolutivité de la plate-forme.
La CEA soutient la mise en place du fonds innovant, une idée originale de la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Amina J. Mohammed, du Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat et de AWLN.
Les uns après les autres, les orateurs ont fait l’éloge de la création du fonds, affirmant qu’il s’attaquera à la lacune fondamentale de l’accès des femmes à la finance.
La Ministre de la femme et de la famille de Djibouti, Moumina Houmed, indique que l’histoire des femmes et de la finance est semblable à celle de tous les autres pays africains. Elle partage les efforts entrepris par son pays, notamment en matière de renforcement des capacités des associations et des coopératives ; de partenariats avec le secteur privé pour former les femmes entrepreneurs et amener les banques à donner aux femmes un meilleur accès au financement.
« Nous savons que même dans les entreprises familiales, les femmes représentent une part beaucoup plus faible. Nous avons très peu de femmes entrepreneurs sur le continent en raison des difficultés d’accès au financement. En tant que tel, le fonds cherche à réduire les obstacles rencontrés par les entreprises détenues par des femmes, à promouvoir les investissements dans les micro-entreprises et à amener les coopératives de femmes au niveau supérieur », informe Nabila Freidji, une entrepreneure marocaine et membre du Comité AWLF.
Thoko Ruzvidzo, Directrice de la Division du genre, de la pauvreté et de la politique sociale à la CEA, aborde le sujet AWLF et de ses objectifs. « L’échec n’est pas une option », dit-elle0, ajoutant que l’inclusion financière des femmes dans les économies africaines est indispensable.
Elle précise que des fonds seront attribués à chacune des cinq régions du continent à savoir, l’Afrique du Nord, de l’Est, de l’Ouest et l’Afrique centrale et australe, avec la mise en place d’une stratégie pour chaque région afin de traiter des éléments uniques des marchés ou de refléter les priorités de chacune des régions.
La priorité sera donnée aux entreprises dirigées par des femmes. Au moins 65% du capital sera investi dans des entreprises dirigées par des femmes.
Mme Leila Rhiwi, Représentante d’ONU Femmes au Maroc, souligne l’importance pour les femmes d’accéder au financement pour renforcer leurs entreprises, affirmant qu’elles ont déjà fait leurs preuves en tant qu’entrepreneurs et moteurs de l’économie.
Des représentants de l’écosystème économique et financier marocain, des responsables gouvernementaux, des femmes cadres et des femmes chefs d’entreprise, entre autres, ont pris part à la réunion de haut niveau.