Deuil et désolation! Après le passage du cyclone Chido, le Mozambique continue de compter ses morts et de chercher gîte et nourriture pour les survivants. Tout est urgence, malgré l’arrivée, en doses homéopathiques, car en deçà des besoins réels des populations sinistrées de Nampula, Niassa, et Cabo Delgado, les trois provinces du nord les plus touchées par le cyclone qui a fait autant de dégâts matériels et humains à Mayotte.
Des habitations pour loger les sans-abris, aux médicaments pour les soigner, en passant par la nourriture et l’eau pour la consommation quotidienne, les besoins évalués par l’ONU et les services locaux habilités en matière de réponse aux catastrophes naturelles, sont énormes, mais sans perspectives optimistes de réunir, les fonds et les équipements nécessaires pour soulager les populations piégées par la catastrophe naturelle. Les regards de la communauté internationale sont, d’abord, braqués sur Gaza, le Liban, l’Ukraine et désormais la Syrie. Le Mozambique peut attendre, lui qui ne pèse pas grand-chose, dans la balance des priorités des mobilisations d’aides qui sont déversées sur des pays affectés par des guerres causées, planifiées et nourries par les hommes et ceux frappés par le déchaînement inopiné des éléments de la nature qui sèment le chaos. Un nord mozambicain qui subit son deuxième cyclone, après le passage de Kenneth en 2019.
Malheureusement, les mêmes cyclones produisent les mêmes conséquences, peu ou prou étant fait pour soustraire les populations des affres de ces catastrophes naturelles qui ne laissent aucune chance à leurs innombrables victimes. Pire, comme actuellement au Mozambique, en plus d’avoir perdu les leurs, les populations sont incapables de les pleurer et de faire le deuil de leurs morts. Simplement parce que les chiffres officiels des personnes décédées sont loin d’être en adéquation avec les bilans réels. En perpétuelle évolution, la comptabilité macabre est également sous-évaluée, si l’on en croit le gap hallucinant entre les chiffres annoncés par les sources humanitaires et ceux publiés par les autorités qui s’abstiennent de donner les bilans vrais. Actuellement, le Mozambique serait, au jour 4 du passage dévastateur de Chido, le 15 décembre, selon l’Institut national de gestion des risques et catastrophes naturelles, à 73 morts, 550 blessés et 180 000 sinistrés. Chiffres qui seraient bien plus importants dans la réalité.
Question: pourquoi cette tendance des autorités, dans bien des cas malheureux, à minorer l’ampleur des personnes tuées? Les réponses peuvent être multiples, mais celle qui s’impose est le manque de responsabilité de ces pouvoirs en place qui espèrent, ainsi, éviter d’étaler leur incapacité à assurer aux populations la sécurité et la protection idoines. C’est la plupart du temps, ainsi, en cas d’attaques terroristes, de famine, et d’autres accidents particulièrement meurtriers.
En tout cas, les familles et régions sinistrées par Chido, alors qu’elles font face déjà à des crises politiques, à l’insécurité, au terrorisme, à la vie chère, ne savent plus où donner de la tête et ne peuvent que crier leur sentiment d’avoir été abandonnées de tous. A défaut d’avoir mis l’accent sur la prévention, les autorités mozambicaines ont le devoir de porter assistance aux populations en détresse, en commençant par leur permettre de faire décemment, le deuil de leurs morts, de tous leurs morts!
Par Wakat Séra