Les compétitions sportives mobilisent des millions de personnes à travers le monde à telle enseigne que l’on est tenté de parler de « religion du sport ». Les enjeux économiques imbriqués dans le sport de compétition conduit à se demander quelle boussole éthique accompagne cette pratique.
On peut distinguer deux types de sports, à savoir le sport amateur et le sport professionnel. À la différence du sport amateur dont les vertus se résument au maintien de la santé physique et psychologique, le sport professionnel est de nature compétitive c’est-à-dire que l’enjeu est de vaincre l’adversaire, gagner.
Mais on peut légitimement se demander si l’univers du sport de compétition est adossé à une ligne éthique qui permet d’enrayer les effets pervers du marché du sport. La personne du sportif a aujourd’hui valeur de marchandise au sens économique du terme, et donc périssable. Le surentrainement, le dopage en vue de la victoire expose le sportif à un usage démesuré de son corps. Le maquillage, le surentrainement, sont autant de pratiques qui transforment le sportif professionnel en marchandise. Il s’agit là d’une pratique qui s’inscrit dans un ensemble plus vaste de techniques d’amélioration corporelle que l’on retrouve chez de nombreuses personnes aujourd’hui. En effet, à côté des pratiques sportives orientées vers la recherche de la performance se trouve aussi les chirurgies esthétiques. À côté de cela, il y a une sorte de marchandisation du sportif non maîtrisée par les instances internationales de régulation du sport professionnel. En effet, les transferts effectués lors du Mercato sont révélateurs d’un gigantesque business sur arrière-fond de chosification de la personne même du joueur. Les salaires exorbitants respectivement de Neymar et de Mbappé au Paris Saint Germain ont provoqué un vif étonnement au sein d’une opinion internationale partagée entre indignation et colère, non par mépris pour les joueurs concernés mais plutôt à cause de ces montant faramineux qui frisent l’indécence, au même moment où d’autres joueurs sont confrontés à la précarité. Dès lors, réfléchir à un plafonnement des coûts de transferts, des salaires et instaurer un salaire minium garantiraient à l’ensemble des footballeurs par exemple une vie décente. D’après l’INSEE, le salaire au poste d’éducateur sportif dans le domaine du sport, autrement dit « entraineur » n’est que de 1832 euros nets par mois. Très loin, trop loin des 800000 euros mensuels accordés à Emery au Paris Saint Germain ou au million de livres en faveur de José Mourinho à Manchester United. Du reste, sans un système de régulation conséquente, une éventuelle crise du ballon rond jetteraient des millions de joueurs sur le pavé, puisque le fossé creuse de plus en plus entre l’augmentation des dépenses et les recettes.
Mais les compétitions sportives ne sont pas seulement le lieu d’affrontement entre adversaires sportifs en vue de la victoire. Elles sont aussi le théâtre d’affrontement entre États. En d’autres termes, on peut dire que le sport permet aux États de se livrer à une sorte de guerre entre eux. L’attribution de l’organisation de la coupe du monde par le Qatar s’inscrit en ce sens où le pays livre une bataille diplomatique pour se voir attribuer l’organisation de ce grand évènement. Parce que les compétitions sportives donnent de la visibilité et nourrissent le sentiment patriotique, les pays candidats à l’organisation des grands évènements comme les jeux olympiques ou la coupe du monde de football, rivalisent d’ardeur et mettent en branle des stratégies de réseautage. Les critères d’attribution de l’organisation de ces grands évènements expriment à souhait l’existence des rapports de force entre les États. En effet, la plupart des pays organisateurs sont des pays riches dont les équipes ont un niveau de jeu très poussé et détiennent des palmarès. On comprend dès lors pourquoi l’Afrique a eu du mal à se faire attribuer l’organisation de la coupe du monde de football. La politique et le pouvoir de l’argent pèsent énormément sur les instances d’organisation et de régulation du sport de compétition. Du reste, l’environnement sportif est gangréné par la corruption et des rapports de pouvoir. En 1980 en pleine guerre froide, les États-Unis ont boycotté les jeux olympiques de Moscou. Les soviétiques ont usé des mesures de rétorsion en boycottant les jeux olympiques de Los Angeles en 1984.
La question du dopage quant à elle est particulièrement complexe, et les impératifs de contrôle s’accompagnent d’une violation grave de la vie privée des sportifs de haut niveau.
Dr SAMANDOULGOU W. Serge Dénis
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