Ceci est une lettre ouverte de Seydou Gonde de l’Initiative pour la Paix et le Développement adressée à l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré.
« C’est avec une bonne dose de respect que nous nous adressons à vous. Loin de nous, toutes tentatives de vous offenser. Mais nous vous dirons notre part de vérité. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire dit-on. Mais nous allons vous parler. Excuser nous, si nous sommes allés assez loin.
Nous avons été surpris par votre brusque et ouverte apparition sur la scène politique burkinabè à travers votre déclaration. Vous avez tenu à répondre aux propos tendant à vous présenter comme le commanditaire des attaques terroristes contre notre pays depuis Janvier 2016. Nous avons entendu. Nous avons compris. Le peuple Burkinabè sait lire entre les lignes. Si des Burkinabè pensent que c’est vous et votre équipe à l’étranger, aidés par une autre équipe à l’intérieur du Faso, qui organisent et planifient ces attaques, ils n’ont pas totalement tord. Contrairement à ce que vous dites, ces propos ne sont pas légers non plus. Il ya des secrets d’état qui font que les gens se taisent .Sinon beaucoup de choses peuvent être dites.
Pour comprendre l’origine de ces attaques qui vous sont attribuées, il faut revenir sur votre passé récent. Le présent est d’abord la résultante du passé. Le présent est affecté par des actes nostalgiques du passé. Dans le processus de passage du présent vers l’avenir, deux forces antagonistes s’affrontent toujours. Ce sont ces affrontements qui ont court actuellement. Vous ne pouvez pas nous dire que vous n’êtes pas partie prenante dans ces luttes avec les moyens dont vous pouvez disposer .Personne ne vous croira car vous jouez votre avenir. Ces attaques sont aussi des moyens d’actions pour freiner le travail de votre remplaçant et probablement mettre fin à son règne, aider pour que ceux qui sont de votre côté triomphent. C’est ce qui vous garanti un bon avenir tranquille .Ça, c’est la logique.
Tout le monde sait que vous avez beaucoup de leviers pour agir dans ce sens. En vingt sept ans de règne, vous avez montré à l’Afrique ce que vous savez faire le plus : faire et défaire des régimes. Pour les populations de ces états, ce sont des actes terroristes.
Vous étiez le spécialiste de la libération des otages au Nord Mali. Loin de nous toute idée de négliger l’efficacité de nos services de renseignements. Mais pensez vous que si les services de renseignements des pays occidentaux, dotés de moyens colossaux ne peuvent pas retrouver un des leurs dans ce grand désert, nos hommes peuvent le faire ? Si vous avez réussi, c’est parce que vous étiez dans ce système d’enlèvements des otages. Vous aviez des hommes et des liens solides dans le système. Il vous suffisait de travailler sur les rançons.Et hop ! les libérations se font et on recommence à nouveau. Ce n’était compliqué pour vous. C’est dire que vous aviez des complicités avec des jihadistes et autres terroristes. Par exemple le MNLA, qui a été la première a attaqué le Mali avait bien un pied à terre au Faso. C’est connu de tous.
Voici ce que Nous écrivions le 31 Mai 2017 dans le journal le quotidien :
« Sur le plan de la sécurité, c’est l’option prise dans le cadre de la politique de défense et de sécurité qui nous a entrainé où nous sommes .A cause du déficit de justice, l’incivisme a pris corps dans notre société. Sa sortie mettra beaucoup de temps. C’est un phénomène de société. Même avec le retour du minimum de justice, il survivra encore longtemps.
Le Burkina Faso du Président COMPAORE a trois (3) plate formes au jihadistes:
1) une plate forme politique pilotée Par le Président COMPAORE lui même et le Général Djibril Bassolet.Les jihadistes avaient trouvé un circuit politique pour agir et être protéger d’une certaine façon. Rappelez-vous des cinq Algériens qui ont été déposé au Faso. Le MNLA était où?
2) une plate forme militaire pilotée par le Général DIENDERE.C’est là que se faisaient les achats et ventes d’armes. Les prises d’otages et libérations se programmaient là.
3) une plate forme économique et financière .C’est là que toutes les transactions financières et les blanchissements se faisaient.
Ce sont des questions d’état .Arrêtons nous là.
Le départ du Président COMPAORE a détruit ces trois plates formes .Voilà pourquoi les jihadistes attaquent le pouvoir actuel pour se venger et venger l’ancien régime. C’est trivial.
Les problèmes économiques et sécuritaires résultent de cela. Voulez vous que le Président KABORE continue dans cette voie, suicidaire à long terme?
Le président du Faso a mis fin à ce système mafieux, inutilement belliqueux. Il fallait mettre sur pied un système économique basé sur les réalités du Burkina et appuyé par l’aide extérieur. N’est ce pas nouveau? Sortir d’une économie mafieuse et tenter de tendre vers une politique économique réelle et pragmatique est douloureux. Il faut beaucoup plus de temps et beaucoup plus d’éffort.il faut le concours ardent d’un peuple rassemblé. L’action continue et l’autorité concentrée de l’était est nécessaire. Il faut un sacrifice imposé à tout le monde, une forte discipline nationale »
Poursuivons !
« Lorsque le Lieutenant Colonel ZIDA, par un coup d’état interne et des arrangements politiques est devenu premier Ministre………….Malheureusement tout s’est arrêté avec la fuite de ZIDA. Il semble que depuis le Canada il continue à vous téléguider. »
Cette thèse est encore actuelle. Il suffit de remplacer le mot jihadistes par le mot terroristes car en dernière analyse il n’ya pas de jihadistes au Faso mais des terroristes, des putschistes et des rebelles.
Mon Président, après l’attaque du restaurant Aziz Istanbul, nous avons constaté que tous ceux qui sont cités dans cet écrit ont rédigé des lettres de compassion à la nation. C’est intrigant car ce n’était pas la première attaque. Et pourtant c’est la première fois qu’il ya un tir groupé de messages venant de nos généraux et même de vous. Vous nous donnez l’impression d’avoir un même et seul conseiller. Nous nous demandons si vous n’êtes pas dans le même réseau. Ce qui tend à confirmer notre thèse.
Pour ceux qui ont la paresse de penser, réfléchir et d’analyser, ils diront que ce sont des patriotes .ça c’est pour les analphabètes politiques.
Nous ne sommes pas contents de ces généraux et de vous car vous n’avez rien dit, suite aux différentes attaques précédentes, aux enlèvements, aux actes de terreurs perpétrés dans le nord, aux coups d’états manqués ou éventrés.
A notre humble avis, c’est parce que tous les soupçons pesaient sur vous que vous avez réagi .A l’intérieur comme à l’extérieur du pays, des voix s’élèvent pour vous indexer. Dans nos restaurants, bars et rues de nos villes et campagnes les langues se délient pour dire qu’il n’ya d’attaques jiadistes au Burkina Faso, mais un règlement de compte politique. Pour vous dire la vérité, le peuple burkinabè accuse la CODER (CDP, NAFA, ADF-RDA, UNNDD, Le FASO AUTREMENT, etc.) et Vous -même, Mon Président d’être les premiers responsables de tous ces malheurs.
Mon Président, que cela soit vrai ou faux c’est ce qui se dit au Faso, même dans les villages les plus reculés. Nous savons aussi qu’il n’ya pas de fumées sans feu.
Les Autorités actuelles, exaspérées, ont fini par dire publiquement ce que notre peuple pense tout bas. Il semble qu’elles ont utilisé des voies diplomatiques et des canaux spéciaux pour vous convaincre de lever les pieds sur votre soutien à tous ceux qui agissent pour freiner l’action gouvernementale et endeuillent le pays, en vain. Hélas!
La situation dans lequel se trouve notre pays, actuellement, est la résultante de la gestion antérieure par le régime précédent, donc de vous Mon Président. Le pouvoir en place n’a que deux ans de gestion. Nous ne pouvons lui attribuer la responsabilité de la situation difficile, pour l’instant. Ok !
Selon le mode de succession à la tête de l’état, le précédent Président peut chercher à nuire ou aider le nouveau président. Vous avez été chassé du pouvoir par la rue un vendredi à 12h45.Pendant que les musulmans partaient à la prière ce vendredi, vous quittiez votre Faso natal. Cela ne peut être accepté facilement ni par vos partisans, ni par vous-même, Mon Président. Le pire pour vous, c’est que le scenario concocté pour que vos hommes restent au pouvoir et soient toujours maitre de ce pays n’a pas fonctionné. Nous savons ce que vous savez.
Allons pas à pas !
Vous êtes responsables de l’état dans lequel se trouvent le Burkina Faso et les Burkinabè. C’est difficile à admettre. Mais, c’est révolutionnaire de l’accepter car cela changera bien de choses.
Vous êtes arrivés au pouvoir en versant le sang au Faso. C’était une première dans ce pays. Pour la première fois un Président est tué au Faso, feu le Président Thomas SANKARA (paix à son âme). C’est une première au Burkina .Vous aviez rompu l’équilibre spirituel de cette terre. Malheureusement les anciens, les religieux, les chefs coutumiers vous ont suivi pour ce qu’on sait, le dieu argent. La suite est connue. Le Burkina est devenu un pays de crimes de sang, politique, économique, belliqueux et déstabilisateur. Croyez vous que cela n’allait pas avoir des conséquences fâcheuses un jour. Dieu pardonne, mais la nature, l’univers ne pardonne pas. On paie cash. On ne récolte que ce qu’on sème. Vous avez semé, vous avez récolté en vous refugiant dans un autre pays avec de gros dossiers de justice en cours. Le Burkina Faso et les Burkinabè sont aussi entrain de subir cette même loi naturelle pour avoir laisser faire pendant 27 ans. Quand on s’est associé de façon consciente ou inconsciente, on paie ensemble. Ça c’est une lecture autrement.
Par votre politique, vous avez crée un type de société. Vous aviez promu un nouveau de société dont nous nous garderons de qualifier.
Avant, le Voltaïque était travailleur, respectueux de la chose publique et de la hiérarchie sociale et des institutions de l’état, intègre, aimant le travail bien fait, fier de ce qu’il gagne selon son travail.
Votre long règne a dénaturé notre société et crée un Burkinabè nouveau, affairiste, aimant les intrigues et la facilité. Mon Président, écoutez la chronique du journaliste Alain Alain sur la radio Omega tous les samedis de 10h à 11h40, vous serez édifier sur ce qu’est devenu le Burkinbè, suite à votre long passage à le tète de notre nation. Regardez !
- Notre chefferie, dans son ensemble, a perdu les pédales en se jetant corps et âme dans la politique politicienne
- La jeunesse a perdu le nord faisant de l’incivisme et de la tricherie son jeu favori. Regardez comment les étudiants nés et ayant étudiés sous votre règne ont honni notre pays devant le Présidant MACRON. Ces mêmes étudiants ont franchi le Rubicon en introduisant des luttes en coups de poing, gourdins et machettes sur le campus à la place des débats d’idées. Triste !
- La femme est au marché et dans la rue pour survivre
- Les intellectuels sont devenus paresseux et avides de l’argent faciles.
- Les syndicalistes mentent aux travailleurs et vivent sur leur dos.
- Les politiciens sont des tubes digestifs,pires que le mal du siècle.
Dans une telle société, tout est possible. D’ailleurs, sous votre règne tout était possible dans notre pays, sauf toucher à votre fauteuil de président. Vous avez légué cette société au Président KABORE.
Mon Président, nous ne sommes pas des ingrats. Votre très long règne de 27 ans, a été positif en bien des endroits. Vous avez apportez votre pierre à la construction de la nation. C’est normal. Nous reviendrons sur ces aspects plus tard. Voyons-en un peu !
- L’indépendance tournante, même si certaines langues critiques la façon de faire, a permis de doter certaines régions en infrastructures modernes
- Beaucoup d’infrastructures ont été réalisés : routes, écoles, hôpitaux, ponts échangeurs, barrages hydroélectriques, forages, etc., etc. etc.
- Des emplois ont été crées çà et là
- Les grandes famines ont reculé
- L’agriculture connait un certains progrès, même si elle reste encore arriérée.
En 27 ans, vous avez fait beaucoup pour notre pays. Certains des projets que vous avez commencés sont en cours de finition ou d’exécution (échangeur du nord, aéroport de Doncin, etc.). Nous ne ferons pas comme l’autre qui veut jeter l’eau et le bébé. Cela ne sera pas honnête de notre part. Laissons à César ce qui est à César. Le seul hic est que le fruit de tout ce travail a bénéficié beaucoup plus à un cercle restreint, à savoir votre famille et vos proches. Mon Président, notre peuple est resté pauvre pendant qu’une minorité s’est enrichie. C’est une réalité vivante. Ceci est un tableau très sommaire de votre legs.
Mon Président, pour l’instant, ne détruisez pas ce peu que vous avez construit. Ce n’est pas bien devant les Hommes et devant notre créateur, Dieu, le Maitre de l’univers.
Mon Président, vous disiez que vous aimez ce pays et que vous voulez qu’il se développe dans la paix. C’est le vœu de tout Burkimbila. Nous avons des suggestions à vous faire :
- Travailler à mettre fin aux attaques contre le Burkina Faso et les Burkinabè. Vous avez les ressources pour le faire .Vous avez un bon carnet d’adresse pour le faire. Vous aviez vos canaux et connexions multiples au nord Mali. Dites à votre ex-conseiller M.Chafick, Mauritanien, actuellement conseiller d’un Chef d’état d’un pays voisin de prendre son bâton de pèlerin pour aller dire aux islamistes et autres terroristes au Mali de ne pas soutenir les aventuriers et autres groupuscules terroristes et rebelles qui agissent au Burkina Faso.
- Dites aux personnalités politiques et militaires de certains pays voisins de ne pas soutenir, former et entrainer les jeunes désœuvrés pour déstabiliser le Burkina Faso, votre pays, en commençant par le Nord.
- Refuser de recevoir et de donner de l’argent à tous ceux qui font la navette entre Ouagadougou, Lomé, Cotonou et paris pour rencontrer vous et vos proches collaborateurs. Ils ont toujours échoué .A part des conférences de presse, quelques meetings, ils n’ont rien réussi jusque là. Les services de l’état les regardent sans rien dire pour l’instant.
- Demander aux organisations membres de la CODER (CDP, NAFA, ADF-RDA, UNNDD, Le FASO AUTREMENT, etc.) et certaines OSC, comme Bori Bana, de s’inscrire dans la reconquête du pouvoir par la voie démocratique et légale. Toute autre voie est suicidaire.2020 n’est pas loin.
- Négocier votre retour avec les Autorités actuelles. Vous savez que le Président KABORE est un homme de consensus qui veut réunir tout le monde pour faire avancer le pays. Vous le connaissez bien.Vous aviez fait l’erreur de prendre hâtivement la nationalité Ivoirienne. Mon Président après avoir été militaire jusqu’au grade de Capitaine, Ministre de la justice, et Président du Faso pendant 27 ans, vous avez renié votre nationalité. C’est une première en Afrique. Cela complique un peu votre situation, mais le peuple vous comprend bien. Tout est possible dans le dialogue et la négociation. C’est l’arme des forts. Son Excellence Monsieur Adolphe TIAO, votre dernier premier Ministre est rentré. Il a fait confiance aux Autorités et à la justice de son pays. Il vit tranquillement à Ouagadougou et dans son village.
- Annoncer au peuple Burkinabè que vous êtes prêt à rapatrier les milliards que vous avez mis à l’étranger et que vous êtes disposé à construire des hôpitaux modernes équipés dans les 45 provinces. Vous serez applaudi et pardonné.
Mon Président, Il n’est pas bien que les Burkinabè pensent que vous êtes responsables des multiples attaques qui endeuillent les Burkinabès, civils et militaires. Une simple déclaration ne peut pas convaincre notre peuple. Ce sont des innocents Burkinabè et étrangers qui sont affectés par ces attaques d’un autre âge.
Il n’est pas évident que ces méthodes peuvent rendre le pays ingouvernable. Semer la terreur, saper l’économie du pays ne peuvent pas être des conditions suffisantes pour terrasser le pouvoir du Président KABORE. Aujourd’hui nous constatons que son pouvoir se consolide, en dépit de toutes les adversités .Le peuple a compris le pourquoi et le comment de ce qui se passe au Faso.
Mon Président, si vous aimez vraiment votre pays, agissez maintenant dans le sens positif, alors nous vous aimerons.
BONNE FETE DE L’INDEPENDANCE
JOYEUX NOEL
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2018″
Ouagadougou, 11 Décembre 2017
GONDE SEYDOU
70 03 22 72
Email : seyd.gond@gmail.com