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L’Extrême droite au pouvoir en France? à quelque chose malheur est bon pour l’Afrique!

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L'arrivée au pouvoir de l'Extrême droite en France changera-t-elle le cours de l'histoire? (Ph. d'illustration)

A travers cette opinion, le professeur titulaire d’Histoire des Relations Internationales, Moritié Camara, décortique la montée de l’Extrême droite en France, ascension qu’il attribue à l’ancien président français, Nicolas Sarkozy. Cependant, relève M. Camara, «s’il se trouve qu’à quelque chose malheur est bon, l’Afrique pourrait tirer profit de cette évolution pour se libérer totalement.»

«Le Président Macron qui n’a visiblement pas consulté grand monde en dehors des personnes requises par les dispositions constitutionnelles a cru bon de dissoudre l’Assemblée Nationale suite à l’élection européenne du 9 juin dernier qui a placé son parti deuxième avec 14,60% loin derrière le Rassemblement National (ancien Front National créé par un certain Jean Marie Le Pen et cédé de manière dynastique à sa fille Marine) qui a recueilli 31,37% des voix.

Si cette décision a surpris plus d’un en France et ailleurs dans le monde, c’est parce que rien ne la justifiait d’autant plus que ces résultats ne changent rien aux équilibres au sein du Parlement Européen.

Conséquence de cette décision, l’extrême droite incarnée désormais par le jeune Bardella (28 ans), qui se trouve sur la bonne vague suite à ses bons résultats à l’élection européenne et au délitement du camp d’Emmanuel Macron, est donné vainqueur des élections législatives prévues pour les 30 juin et 7 juillet prochain. Macron devrait donc cohabiter avec un gouvernement composé et dirigé par l’extrême droite. Rien que ça!

Ce parti qui a toujours fait de la préférence nationale, du rejet de l’autre et des autres, de la xénophobie et de l’antisémitisme primaire (Jean-Marie Le Pen ayant considéré les chambres à gaz comme «un détail de l’histoire» avant de moquer son contradicteur Monsieur Durafour en accolant à son nom l’adjectif, «Crématoire», une référence macabre aux chambres de crémation des camps de concentration nazis de la Seconde Guerre Mondiale), son fonds de commerce, s’apprête ainsi à prendre les rênes du pouvoir en France, pays de la Déclaration des droits de l’homme et dont la devise est justement «liberté, égalité, fraternité». Il est évident qu’avec le Rassemblement National au pouvoir les deux derniers mots de cette devise paraîtront de trop.

Même si Macron apparaît le 7 juillet au soir comme celui qui a oint, le Rassemblement National, on ne peut cependant pas négliger le parcours du Front National, d’un groupuscule d’extrémistes ultra minoritaires et considérés par la majorité des Français comme extrêmement dangereux à ce parti «respectable», fréquentable pour lequel même des Iuifs sont prêts à voter le 30 juin.

Sans remonter à Mathusalem, on peut avec raison et pertinence, situer l’acquisition de la respectabilité du parti fondé par Jean-Marie Le Pen, à Nicolas Sarkozy durant sa présidence entre 2007 et 2012.

En effet, c’est bien Nicolas Sarkozy qui, arrivé au pouvoir suite au paricide politique contre Jacques Chirac et par la traîtrise des éléphants de la gauche en général et du parti socialiste en particulier contre Ségolène Royal, a cru bon surfer sur un opportunisme éhonté pour s’assurer un second mandat en chassant allègrement avec bottes et chapeau sur les terres des Le Pen, brisant ainsi le cordon sanitaire que les partis de gouvernement depuis le début de la cinquième République avaient mis en place pour contenir l’extrême droite en France.

Il a non seulement repris à son compte et pour son compte, leurs thèses sur l’immigration et la préférence nationale en créant par exemple le très controversé Ministère de l’Identité Nationale (lui le fils d’immigrés hongrois), mais a systématiquement refusé le Front républicain qui consistait en des désistements des candidats les moins bien placés des partis de gouvernement en cas de triangulaire aux élections législatives et régionales afin de battre ceux de l’extrême droite.

Toujours dans le cadre de sa danse du ventre à l’égard de cette droite extrême, il n’hésitait pas à venir pleurer comme une veuve noire tout son amour pour l’Afrique au moment même où son gouvernement était à l’initiative et à la manœuvre pour criminaliser toujours un peu plus, l’immigration notamment celle des Africains en France et en Europe.

L’extrême droite a ainsi réalisé ses meilleurs scores électoraux et accru de façon considérable et historique le nombre de ses élus.

Tout cela alors même que les statistiques montrent que le taux d’immigration en France est de 6% contre 30% en Allemagne et 18% en Espagne.

Qu’à cela ne tienne! Les Français sensibilisés au rejet de l’autre et à qui des personnages comme Éric Zemmour font croire en la mort de leur civilisation et de leur mode de vie par le Grand Remplacement par ceux des Arabes et des Noirs, s’apprêtent à dérouler le tapis rouge sur lequel Bardella pourrait marcher dans deux semaines pour hanter l’Hôtel Matignon (le bureau du Premier ministre) et aussi que Marine Le Pen à son tour pourrait piétiner en 2027 pour déposer ses valises à l’Elysée.

S’il se trouve qu’à quelque chose malheur est bon, l’Afrique pourrait tirer profit de cette évolution pour se libérer totalement.

Car la France est la seule puissance coloniale à refuser jusqu’à présent, selon l’ancien Premier Ministre italien, Luigi Di Maio de laisser partir ses colonies africaines. Il avait même appelé l’Union Européenne à prendre des sanctions contre la France pour l’y obliger.

Mais en écoutant Éric Zemmour, les sanctions ne seraient peut-être pas nécessaires, car pour lui: «Mettons fin à l’hypocrisie. Cette fois c’est la bonne. La France-Afrique peut tirer sa révérence. Le côté pile on le connait. Les États africains vont pouvoir profiter d’une pleine et entière liberté. Et après tout s’ils ont envie de parler russe ou chinois, ainsi soit-il. Mais réjouissons-nous car il y a un côté face: Finis les milliards de dettes effacées en échange de rien pour se donner bonne conscience. Finies les opérations militaires de dernière minute où on verse le sang français pour venir en aide à des Etats ingrats qui ne voient qu’une preuve d’impérialisme.»

Si cela se passait ainsi, nous Africains devrions être reconnaissants également à Saint Nicolas Sarkozy pour son apport décisif à notre lutte pour l’émancipation.

À moins que cela se passe de façon plus amicale et apaisée en cas de victoire de la France Insoumise de Jean Louis Mélenchon et ses amis du Nouveau Front Populaire. Wait and see!

Cependant, il est connu que depuis le Général De Gaulle la politique intérieure et extérieure française change suivant les majorités qui la gouvernent à l’exception de sa politique africaine.

Moritié Camara

Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales