Accueil A la une Liberia: l’histoire va-t-elle se répéter?

Liberia: l’histoire va-t-elle se répéter?

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Ils étaient autour de 2,4 millions à répondre à l’appel des urnes, pour départager deux challengers qui n’ont rien lâché dans un premier round au cours duquel la lutte fut âpre pour renverser son face-à-face. Ce mardi, pour le second tour de l’élection présidentielle, George Weah, le candidat sortant en course pour sa propre succession, avait, en face de lui, Joseph Boakai, l’ancien vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf. A l’issue du premier tour, le premier était arrivé légèrement en tête avec 43,83% des voix contre 43,44% pour le deuxième.

Et, comme en 2017 où les deux hommes s’étaient déjà affrontés pour la clé du palais présidentiel et que le scénario semblable s’était dessiné, il a fallu le match décisif de second tour pour que l’ancien et unique africain «Ballon d’or» du foot européen fasse mordre la poussière à son vis-à-vis. Ce mardi, dans un duel sans calcul mais avec une batterie de stratégies, les deux gladiateurs ont essayé de récupérer les 114 000 bulletins de vote annulés au premier tour. Ils ont tenté, pour Joseph Boakai, de combler les sept mille voix qui le séparaient du président sortant et pour Gorge Weah, de se sortir pour de bon, de ce marquage à la culotte.

L’histoire va-t-elle se répéter? Pour cela, il faut que George Weah, 57 ans, ait reconquis, en deux semaines d’entre- deux tours, la confiance d’une jeunesse dont il partage la classe d’âge mais pas les mêmes réalités. Désabusés par les promesses non tenues, pris en étau par le chômage et le manque d’emploi, poussés vers les abimes de la pauvreté endémique, les jeunes libériens ne savent plus s’il faut invoquer Saint George qui, pendant sept années, a fui leurs problèmes ou Saint Joseph, 78 ans, qui s’érige en «sauveur» du Liberia à l’économie exsangue détricotée par la corruption et la «mauvaise gestion» dont est accusé l’ancienne gloire du football africain.

Et c’était sur ce tableau sombre du quotidien des Libériens que se jouait cette présidentielle encore à l’issue incertaine. Les Libériens, vont-ils continuer la route avec leur ancien président, où dans le désespoir et pour un avenir meilleur, se résoudront-ils à suivre l’ex vice-président, comme le désespéré qui, pour se sauver de la noyade, s’agrippe à tout ce qui lui tombe sous la main?

Qui a réussi à convaincre les électeurs des 18 autres candidats qui sont restés à quai au premier tour, se contentant de scores anecdotiques mais dont les «petites» voix de leurs électeurs serviront maintenant à faire roi, George Weah ou Joseph Boakai? Ce n’est un secret pour personne que dans le jeu des promesses mirobolantes et de la démonstration de force financière, la victoire revient presque toujours à ceux qui ont déjà le pouvoir. Les politiciens préfèrent de loin la culotte d’aujourd’hui, aussi courte soit-elle, au pantalon de demain, quelle que soit sa longueur.

En tout cas, l’heure de vérité ne tardera pas à sonner. Il faut juste espérer que les chiffres qui sortiront du ventre des urnes soient l’expression véritable de la volonté des électeurs, afin que la transparence soit la grande victoire de ces élections dont le premier et le second tour se sont déroulés sans le chaos prédit par certains.

En Afrique, les démons de la guerre ne sont jamais loin des urnes! Et, le Liberia, longtemps coutumier des conflits qui ont fait couler trop de sang de protagonistes belliqueux mais surtout de populations, notamment de femmes et d’enfants innocents, doit résolument se tourner vers de nouveaux défis dont le premier est celui de la paix retrouvée, pour emprunter les voies si difficiles du développement.

Dans cette optique de quiétude à préserver, les litiges électoraux trouveraient meilleur endroit dans les tribunaux pour leur résolution, en lieu et place de la «rue» ouverte aux affrontements les plus violents et aux lendemains incertains!

Par Wakat Séra