Ainsi donc, la mi-temps sera un peu plus longue dans le match qui oppose l’ancienne gloire du football africain, George Weah au vice-président Joseph Boakai. Ainsi en ont décidé les juges de la Cour suprême du Liberia, qui viennent de siffler, ce lundi 6 novembre, non pas la fin de la course électorale vers les buts encore gardés par Ellen Johnson Sirleaf, mais juste un arrêt de jeu. Cette pause qui ne doit certainement pas être du goût de l’ex excellent attaquant de pointe en plein élan, devrait permettre à la Cour de se pencher sur la requête d’un des joueurs sorti du jeu en première mi-temps. Celui-ci accusant cette première phase d’avoir été émaillée de trop d’irrégularités demande simplement que tout le match soit rejoué. Le Kenya où l’élection présidentielle a été annulée et reprise parce jugée entachée de fraudes fera-t-il jurisprudence au Liberia? Le Liberia où par respect strict de la Constitution et donc du jeu démocratique, la Prix Nobel de la paix et première femme élue au suffrage universel à la tête d’un Etat africain, a décidé de se retirer après ces deux mandats autorisés par la loi fondamentale, mérite en tout cas des élections plus crédibles.
S’il n’est pas certain que la cour suprême aille jusqu’à l’annulation du premier tour selon le vœu de Charles Brumskine, le champion du Parti de la liberté, il n’en demeure pas moins que les cartes seront rebattues. Bien qu’étant arrivé largement en tête du premier tour, George Weah, pourrait perdre des plumes si les défaillances mises à l’index par le troisième venaient à bouleverser les résultats. Sans oublier que le jeu des alliances sur fond de consignes de vote pèseront lourd dans ce second tour qui pourtant s’annonçait pas trop compliqué pour Mister George. On n’en n’est pas encore à ce stade, mais l’optimisme est peut-être en train de changer de camp, pour le plus grand plaisir des détracteurs de George Weah pour qui, son passé glorieux du seul Africain à remporter le prestigieux Ballon d’or récompensant le meilleur joueur évoluant en Europe, n’en fait pas un président naturel. Son rapprochement avec le clan de l’ancien président Charles Taylor, dont il a fait de l’épouse une colistière pour le poste de vice-présidente, ne plaît pas non plus à une certaine classe. Les puristes de la chose vont jusqu’à reprocher au sénateur de Monrovia, la légèreté de son programme politique, alors que celui-ci peut désormais se targuer d’un bon background dans le domaine, après son double essai manqué aux présidentielles de 2005 et 2011. En plus de s’être aguerri politiquement, Geoge Weah jouit d’une popularité certaine grâce à ses actions à l’endroit des couches démunies, des malades et de l’éducation dans son pays.
Le Liberia, quoiqu’il arrive doit éviter de replonger dans les pages sombres et sanglantes de son histoire de pays malmené par les guerres civiles. A ce titre, le cas kényan qui n’a pas fini de faire parler de lui, avec les menaces de violences qui pèsent sur le pays après sa deuxième élection présidentielle en moins de trois mois et dans la même année, n’est pas forcément l’exemple à suivre. La seule voie de mise et heureuse pour le Liberia, sera celle de la paix et de la cohésion, dans la recherche de l’intérêt général au détriment des desseins égoïstes et très personnels. En tout cas, la balle n’est pas dans les pieds du footeux George mais bien dans le camp de la Commission électorale qui a jusqu’au 22 novembre pour décider du sort de ce scrutin qui pourrait devenir celui de tous les dangers.
Par Wakat Séra