Qui va succéder à la première femme chef d’Etat en Afrique? Le verdict sortira des urnes dans quelques jours. Ce qui ne fait plus l’ombre du moindre doute, c’est que l’heureux successeur du prix Nobel de la paix, Ellen Johnson Sirleaf, sera inévitablement une ancienne gloire du football africain, George Weah, ou un ancien vice-président, Joseph Boakai, les deux candidats en lice pour ce second tour longtemps attendu d’une présidentielle aux grands enjeux. Le dépouillement qui fait suite à une journée d’élection sans grand couac, à en croire les observateurs de structures sérieuses et fiables dont l’Union européenne, est en cours. Si l’inconnue du taux de participation se pose plus que jamais, la masse électorale de plus deux millions de Libériens ayant connu des défections pour diverses raisons au titre desquelles la date de l’élection qui est tombée un 26 décembre, soit le lendemain de la fête de Noël, une commémoration religieuse très arrosée en alcool. Ce qui laisse forcément des séquelles que nombre d’observateurs citent en défaveur de Geoge Weah, l’idole de la jeunesse, couche constituant un électorat important mais aussi cible facile pour les dieux de la beuverie. En tout cas, la faible affluence dans les bureaux de vote, dont certains ont été jugés déserts, par rapport aux chiffres du premier tour, sans être préjudiciable au déroulement de la joute électorale entre le sénateur et le vice-président, n’en n’est pas moins inquiétante, augurant d’une chute notable du taux de participation.
Quoiqu’il arrive, le Libéria aura son président dans les prochains jours et de plus en plus, le portrait-robot prend la forte silhouette du seul ballon d’or africain du football européen. La majorité des Libériens voient en lui le triple changement politique, sociale et surtout économique qu’ils désirent pour un pays dont l’économie peine à décoller, malgré les richesses naturelles immenses dont regorge son sous-sol et son sol. George Weah présenté comme le favori de cette présidentielle et qui a bénéficié des soutiens importants de Charles Brumskine et de Prince Johnson, arrivés respectivement en troisième et quatrième position au premier tour, sera-t-il à même de porter les aspirations de tout un peuple fatigué par les guerres et des épidémies meurtrières comme Ebola? Sans oublier que la corruption endémique, le sport national le mieux pratiqué a ruiné ce petit pays qui pourtant est la première république du continent. De fait, Mister George, brillant sur les terrains de football, à qui ses détracteurs reprochent un programme de gouvernance peu étoffé et un cursus scolaire plus que faible, saura-t-il trouver le remède adéquat à ce mal qui gangrène l’économie libérienne et rend hypothétique tout développement véritable? L’espoir existe bel et bien mais ne se trouve que dans le camp des nombreux partisans du sénateur.
Le bémol qui pourrait doucher l’enthousiasme et le grand optimisme suscités par ce deuxième tour jugé plus transparent et mieux organisé, c’est l’empressement de l’un et l’autre candidat à revendiquer la victoire. Si le vote s’est déroulé dans la discipline et un calme relatifs, sonnant comme la preuve d’une large propension des Libériens pour la stabilité et la paix, la proclamation des résultats pourrait bien être plus houleuse, à moins que chaque candidat en gentleman, adopte un comportement de bon perdant ou de gagnant humble au triomphe modeste. C’est selon! De toute façon, c’est sur le terrain de la gouvernance que les Libériens jugeront le nouveau président. Et là, c’est une autre paire de manches, car la tâche est annoncée immense.
Par Wakat Séra